Les Colonnes Infernales

au début de l’année 1794

 

Si vous savez peu de choses sur la Guerre de Vendée voici un petit aperçu des préliminaires.

 

Le mois de janvier 1794 est encore un mois où la guillotine ajoute son oeuvre à celle des fusillades et noyades, mais ici ou là quelques lueurs d'espoir percent cependant.
Joseph Léopold Sigismond Hugo, le père de l'écrivain Victor, préside une sous-commission assez humaine pour épargner la vie de 22 jeunes filles...
La “Vendée militaire” semble morte et pourtant on continue à s'acharner sur elle.
Le député Fayau écrivit au conseil du département de Vendée :
 « Vous savez comme moi, citoyen, que les brigands appelés de la Vendée, existent encore, quoique on les aye tués plusieurs fois à la tribune de la Convention. Ils ont même remporté quelques avantages sur nos troupes près de Dôle, et je viens d'apprendre qu'ils dirigeaient leurs pas sur votre territoire... Je vous engage, citoyens administrateurs, à prendre les mesures les plus promptes, et les plus énergiques, pour que les armées catholiques et royales, dans le cas où elles rentreraient dans la Vendée, n'y trouvent plus qu'un désert. Aux grands maux, de grands remèdes. Il faut purger la patrie, point de commisération, point d'égoïsme.»

Le 23 décembre 1793, la "Virée de Galerne" se termine en carnage dans les bois et les marais de Savenay sur la rive droite de la Loire.
Turreau, nouveau Général en Chef de l'Armée de l'Ouest (nommé le 22 novembre, il prend effectivement le commandement le 26 décembre) arrive le 7 janvier à Nantes après avoir assisté à la prise de Noirmoutier.
Kléber lui présente 2 plans de pacification :
- 1ère proposition présentée par Kléber, le 7 janvier 1794
- 2ème proposition présentée par Kléber, le 7 janvier 1794

Dans sa 2ème proposition il affirme :
”Il est impossible d'embrasser avec nos forces la vaste enceinte de ce territoire : il n'en résulterait qu'une perte de temps considérable et des marches inutiles. Il en résulterait peut-être encore que l'on forcerait tous les paysans de l'intérieur qui ne demandent plus que la paix à se réunir en masse et l'on verrait une nouvelle armée se former dans la Vendée”

La suite lui donnera raison.

 

L’espoir subsistait-il dans les rangs dispersés de cette troupe de fantômes vivants ?
Les chefs rescapés tentent de réorganiser un minimum leurs bataillons. La Rochejaquelein, "Monsieur Henri», combat une petite troupe de cavaliers bleus ; vers la fin du combat il fait grâce à un bleu qui, à peine libéré dégaine un pistolet de ses fontes et abat Monsieur Henri. Il meurt sur le coup, le long d’un chemin, à Nuaillé.
Nous sommes le 15 janvier 1794, les combats pourraient s’arrêter...


Kleber connaissait bien la situation de la Vendée à cette époque ; il devait cet avantage à la confiance qu'il avait inspirée dans le pays. Ce qu'il craignait, ce qu'il avait annoncé, arriva ; on peut en juger par ce passage du mémoire justificatif de l'adjudant-genéral Hector Legros :

Turreau, dit Legros, a apporté dans la Vendée le brandon qui a allumé la seconde guerre vendéenne. A son arrivée dans la Vendée, tout commençait à jouir d'une paix profonde.

Je partis moi-même de Nantes pour Chollet, vers la fin de novembre 1793, avec quatre ordonnances seulement ; tout était peuplé d'allans et de venans sur ma route. Les chemins de Chollet à Saumur, Clisson, Saint-Florent, Mortagne et Montaigu, étaient également sûrs. L'ordre de marche de douze colonnes, le fer et la flamme à la main, a excité une commotion générale dans toute la Vendée, et forcé à la révolte ceux-mêmes qui n'avaient pris aucune part à la première guerre.”

 

Le 25 décembre 1793, Turreau demande une première fois au Comité de Salut Public « s’il approuve le plan qu’il a conçu de traverser la Vendée sur douze colonnes pour assurer l’anéantissement total des rebelles. »

Pas de réponse mais Lazare Carnot le recadre le 13 janvier 1794 et lui rappelle en bas d’une note «Hate toi du moins d’exterminer le dernier des brigands ».

 

Le 9 janvier 1794, à l'heure même où d'Elbée mourait à Noirmoutier, Charette, poursuivi par le général Dulruy, arrive aux Herbiers, où trois mille hommes l'attendent. Avec ce renfort il marche sur Saint-Fulgcnt. La garnison se retire à Mouchamp, sur le Petit-Lay, où le colonel Joba bivouaquait avec son régiment et deux escadrons de cavalerie. On se battit avec acharnement, et la victoire fut si incertaine que les deux partis se retirèrent avec des pertes égales.

Tous ces mouvements, dont la voix publique grossit l'importance, tous ces succès que les chefs républicains sont les premiers a constater, rappellent dans les rangs un grand nombre de volontaires qui, échappés aux massacres du Mans et de Savenay , n'attendaient dans les landes ou dans les bois que l'instant favorable pour recommencer la guerre.
La Convention crut que la Vendée renaissait de ses cendres ; elle s'empressa donc de mettre a exécution le projet des colonnes infernales que le 21 décembre elle avait décrétées sous l'inspiration du Comité de Salut Public.

 

 

Mais les deux armées républicaines sont préalablement constituées, et ce, dès le 2 janvier 1794. Le commandement en est confié à Turreau de Garambouville, ancien officier des troupes royales, ayant caché sa particule et une partie de son nom à la révolution. Nommé général en chef de l’Armée de l’Ouest, il construit l’opération et met au point l’organisation des troupes, les itinéraires, les méthodes à employer...
Le plan prévoit que l’une des armées marchera d’est en ouest, alors que la seconde viendra face à elle, comme une sorte de mâchoire se refermant sur le pays, en partant de l’ouest. Chacune de ces armées sera constituée de six divisions… Ainsi douze colonnes marchant en même temps et dans chaque sens, devront lorsqu’elles se rencontreront, avoir fait de la Vendée «un désert de terres brûlées, de chaumières détruites, de châteaux en ruines, de corps mutilés que survoleront des corbeaux et que dévoreront les loups» indiquera encore Fayau

Les colonnes sont regroupées en 6 divisions : 

- la première division est dirigée par François-Xavier Coudert de Prevignaud ; il prendra toutes les troupes qui se trouvent auour de Niort. Elle ne sera pas divisée en demi-colonnes, alors que c'était prévu initialement.
Traversant un pays presque exclusivement dévoué à la République, Prévignaud constatera par lui-même qu’il est censé dévaster un secteur où les habitants sont tous patriotes. Il aura donc tout le loisir de constater l'incompétence de Turreau et de ses donneurs d'ordre, qui, évidemment, ne connaissent rien à la géographie politique de la région. Il arrivera à Mazières-en-Gâtine le 22 janvier 1794.

- la deuxième division est dirigée par Grignon ; il réunira les forces d'Àrgenton-le-Peuple et de Bressuire, ses colonnes sont commandées par lui-même et Lachenay :
La 1ère ira de de Bressuire à Montigny, St-Memain, le Vieux Pouzauge.
La 2ème ira de Bressuire à Cirière, la Pommeraie, La Flocellière.

- la troisième division est dirigée par Boucret, dont la brigade doit être réunie à Chollet ; ses colonnes sont commandées par lui-même et Caffin :
La 1ère ira de Chollet à Châtillon, les Epesses.
La 2ème ira de Chollet à Maulevrier, St-Laurent.

- la quatrième division est dirigée par Turreau, commandant la division du Nord, marchera avec le général en chef, sur la direction de Doué à Chollet: arrivé à Concourson, il détachera des troupes à droite et à gauche de la route, pour exécuter l’ordre général.
La 1ère ira de Doué à Cholet par Concourson, les Cerqueux, St-Hilaire-du-Bois,Vezins
La 2ème ira de Doué à Cholet par Concourson, Le Voide, La Salle-de-Vihiers, Cossé-d'Anjou, La Tourlandry et Nuaillé

- la cinquième division est dirigée par Cordellier ; il divisera les troupes qui se trouvent à Brissac, en deux colonnes, et les fera partir toutes deux à la même heure. Ses colonnes sont commandées par lui-même et Crouzat :
La 1ère ira de Brîssac à Thouarcé, Gonnord , Chemillé, Le May.

La 2ème ira de Brissac à Beaulieu, la Jumelière, Nevi, Jallais

- la sixième division est dirigée par Jean-Baptiste Moulin, elle ne comporte d’abord qu'une colonne forte de 650 hommes qui se réunira aux troupes venant de St-Florent.
Elle ira de Chalonnes à Saint-Florent puis Ste-Christine.

Il fut enjoint aux généraux de faire chaque jour un compte-rendu détaillé de la marche et des opérations de chaque colonne.


Ci-dessous le parcours des colonnes qui ont ravagé les Mauges, entre le 20 janvier et le 15 février 1794 ; les seules vraies routes sont en blanc, le reste des voies consiste souvent en chemins plus ou moins creux.

 

Hiver 1794, le contexte
Pour bien apréhender ce conflit il faut prendre en compte la géographie physique des lieux. Les colonnes ont dû faire face à un réseau routier quasi-inexistant.
Pour ce qui concerne notre région, les seules routes dignes de ce nom (une mauvaise départementale actuelle) vont :
- d’Angers à la Roche sur Yon, en passant par Chemillé et Cholet 
- de Cholet à Doué par Vezins, Coron, et Vihiers
- de Chemillé à Nantes, par Beaupreau , Gesté et Vallet

Toutes les autres voies ne sont souvent que de mauvais chemins, très creux et cassants en été, et noyés pendant l’hiver, d’après un usager de l’époque :
 « C'est un précipice presque continuel, les chevaux ne peuvent plus s'en arracher, il ne se passe pour ainsi dire pas de jour sans qu'on entende parler de quelques voyageurs qui s'y soient embourbés. »
Et l’hiver 1794 fut très pluvieux ; les chemins sont inondés, les souliers des soldats sont ruinés en quelques jours, l’approvisionnement est bloqué loin des cantonnements.


En dehors de ces grands axes on est en
terra incognita, seuls les tracés de Cassini donnent la route à suivre mais rien ne dit l’état ni la largeur de cette route.
Les troupes républicaines sont effrayées à l’idée de quitter la grande route et ne se risquent que très rarement dans le
maquis ; on est bien dans une situation de guerilla où l’ennemi peut surgir de n’importe où et disparaitre aussi vite. Ceci explique en partie la haine nourrie envers ces ombres imprenables et l’envie de vengeance envers leur famille qui conduira aux pires exactions.
 

Le 22 février 1794, le Général Duquesnoy, écrit à Turreau, depuis St Fulgent,

« Je te rends compte qu'après avoir donné une escorte à mon ambulance, partant de Mortagne pour les Herbiers, une voiture s'est brisée en route. Le commandant de cette ambulance ne m'envoya aucune ordonnance pour m'en faire part, et l'escorte quitta aussitôt l'ambulance pour suivre tes deux premières voitures, de sorte que le conducteur, deux charretiers des voitures embourbées et quelques traînards, tout a été égorgé et pris par les rassemblements qui s'étaient repliés sur la Gaubretière, la Verrie, Beaurepai re et Bazoge.

Je te préviens de plus, citoyen général, que le poste que tu as à Mortagne, si tu ne donnes d'autres ordres, sera égorgé au premier jour, vu que l'ennemi occupe deux ou trois points qui l'avoisinent.
Le commandant de ce poste m'a même rendu compte que, dans une découverte qu'il fit faire la veille ou l'avant-veille, il eut quatre hommes égorgés, dont un officier.
J'attends tes ordres pour renvoyer les voitures d'ambulance, les chemins que je vais parcourir étant impraticables pour elles »


On voit bien la détresse du général Duquesnoy, devant les attaques spontanées des Vendéens et l’impossibilité où il est de faire cheminer ses voitures notamment celles chargées de munitions.
Toute la « promenade » des colonnes se fera dans ces conditions… Napoléon a affronté la Moscova, Hitler, l’hiver à Stalingrad, et Turreau, le bourbier Maugeois.

 

Comme dans toute guerilla la grande force des Vendéens a été de perturber les communivcations entre les généraux républicains et leur troupe, pas de vivres, pas de munitions, pas d’ordres entrainent le désordre et une baisse de moral irréparables ; une colonne mise en difficulté à Gesté est partie au pas de course jusqu’aux abords de Nantes.

Dès août 1793, Barère avait souligné à la Convention que le “
pain et la poudre étaient essentiels à la guerre” ; en Vendée il manquera les deux aux Républicains.

 

Habiter près des grandes routes prédisposait aux tueries, rafles et fusillades.
Dès les premiers mouvements des colonnes, les soldats brulent les campagnes avoisinant les routes.

RJS :
Les administrateurs du directoire du district de Chollet, réjugiés à Angers, déclarent à la Convention nationale à Angers :

”Toutes les villes, bourgs et villages sur les grandes routes devinrent les premiers autant de monceaux de ruines et de cendres ; les communes situées près et au milieu des bois furent les dernières conservées. »


AR / Beaudesson, le commissaire aux vivres, suit les soldats. Il témoigne de visions d'« horreurs »,
« le long de la route de Cholet à Vihiers, qui était jonchée de cadavres, les uns morts depuis trois à quatre jours, et les autres venant d'expirer. Les yeux ne se portaient partout que sur des images sanglantes ; partout les champs voisins du grand chemin étaient couverts de victimes égorgées ».

AR
/ Le massacre perpétré par Huché et sa colonne en juillet 1794 confirme cette macabre pratique des troupes républicaines. En se portant du côté de Vieillevigne, ils raflent
 « une vingtaine d'individus des deux sexes pris à leur ouvrage et tués sur le chemin, sans compter ceux que les tirailleurs tuaient à droite et à gauche ». « Des hommes ramenés sur le bord du chemin, on les tuait à coups de fusils et de sabres. »
Les ordres de Huché à sa troupe étaient précis, il fallait « tuer le long de la route, hommes, femmes et enfans, ce qui a été exécuté », alors que ceux-ci ne se méfient plus des colonnes en ces temps de première pacification et de moissons.
Le général Huché l'a voulu ainsi, parce que les routes permettent un rassemblement plus rapide des futures victimes et des exécuteurs. Laissés là, les fusillés sont autant d'avertissements pour l'ensemble de la population vendéenne.

 

 

C’est seulement en 1848 que fut réalisée la route du Fief vers Beaupréau, en 1873 celle du Fief à la Chapelle du Genêt et en 1870 du Fief vers Villedieu la Blouère.

 


Ci-dessous les rapports quotidiens effectués au général
Turreau par les généraux des colonnes à partir du 21 janvier 1794, début des colonnes infernales.
Lorsque ces rapports sont extraits du recueil de Jean Savary ils sont précédés de la mention
RJS.
Je me suis surtout intéressé aux colonnes qui ravagèrent les Mauges, mon pays natal, d’abord celles de
Boucret et Caffin, puis à la suite celles des autres généraux ayant dévasté ce pays.
J’ai mis en
rouge les exactions contre les biens et en rouge+gras les crimes contre les personnes.

Le 16 janvier 1794, Turreau écrit aux représentants en mission auprès de l'Armée de l'Ouest :

Mon intention est bien de tout incendier, de ne réserver que les points nécessaires à établir les cantonnements propres à l'anéantissement des rebelles... Mais cette grande mesure doît être prescrite par vous, je ne suis que l'agent passif des volontés du corps législatif que vous pouvez représenter dans cette partie.
Vous devez également prononcer d'avance sur le sort des femmes et enfants que je rencontrerai dans ce pays révolté. S'il faut les passer tous au fil de l'épée, je ne puis exécuter une pareille mesure sans un arrêté qui mette à couvert ma responsabilité.

Daignez citoyens Représentants me répondre d'une manière précise sans quoi je serai forcé d'attendre pour agir les ordres du Comité de Salut Public.”

Il fit deux nouvelles demandes de confirmation mais n’obtint une réponse timide que le 8 février, alors que la plus grande partie des Mauges était rayée de la carte.

 

Le 17 Janvier 1794, la Convention ordonne la destruction définitive de la Vendée

"afin que pendant un an, nul homme, nul animal ne trouve sa subsistance sur ce sol" rapporte le député Fayau.
Le général Rossignol s’écrit « il faut faire de ce pays un désert, et le peupler de bons Républicains ».

"Le comité, dit Barrère, dans un rapport, a préparé des mesures qui tendent à exterminer cette race rebelle des Vendéens, à faire disparaître leurs repaires, à incendier leurs forêts, à couper leurs récoltes. C'est dans les plaies gangreneuses que le médecin porte le fer. C'est à Mortagne, à Cholet, à Chemillé, que la médecine politique doit employer les mêmes moyens et les mêmes remèdes. Détruisez la Vendée, et vous sauvez la patrie.”

 

Les colonnes infernales commenceront leur œuvre le 21 janvier 1794, jour du premier anniversaire de la décapitation de Louis XVI.

Turreau déclare au Comité de Salut Public :

RJS : "... Chaque chef de colonne a son instruction particulière ; tous ont l'ordre d'incendier les villages, métairies, forêts, etc., mesure que j'ai cru indispensable... J'ai excepté cependant de l'incendie général ces quelques villes ou bourgs dont l'existence est absolument nécessaire pour y placer des garnison : Clisson, Machecoul , Bressuire, St-Florent, Chalonnes, Argenton-le-Peuple, Montaigu et Chantonnay, Fontenay-le-Peuple, La Châtaigneraie, St-Vincent, Ste-Hermine, Chollet,
Cette
promenade militaire sera finie le 3 ou 4 février 1794.”

Il poursuit :

RJS : "Je le répète, citoyens représentant, je regarde comme indispensable la mesure de brûler villes, villages et métairies, si l'on veut entièrement finir l'exécrable guerre de la Vendée ; sans quoi, je ne pourrais répondre d'anéantir cette horde de brigands, qui semblent trouver chaque jour de nouvelles ressources. J'ai donc lieu d'espérer que vous l'approuverez. Je vous demande la grâce de me répondre par le même courrier. J'ai d'autant plus besoin de votre réponse que je me trouve dans ce moment-ci abandonné de vos collègues, les représentans du peuple, près cette armée, malgré mes sollicitations ?

Cette dépêche resta sans réponse, mais la machine infernales était lancée...

 

Déroulement des opérations dans les Mauges et autour.

Le 19 janvier 1794, Turreau envoie à ses généraux les instructions suivantes :
« Instruction relative à l'exécution des ordres donnés par le général en chef de l'armée de l'Ouest, contre les brigands de la Vendée :

Il sera commandé journellement et à tour de rôle un piquet de 50 hommes pourvu de ses officiers et sous-officiers, lequel sera destiné à escorter les pionniers, et leur fera faire leur devoir. L'officier commandant ce piquet prendra tous les jours l'ordre du général avant le départ, et sera responsable envers lui de son exécution; à cet effet il agira militairement avec ceux des pionniers qui feindraient de ne point exécuter ce qu'il leur commanderait, et les passera au fil de la baïonnette.
Tous les brigands qui seront trouvés les armes à la main, ou convaincus de les avoir prises pour se révolter contre leur patrie, seront passés au fil de la baïonnette. On en agira de même avec les filles, femmes et enfants qui seront dans ce cas. Les personnes seulement suspectes ne seront pas plus épargnées, mais aucune exécution ne pourra se faire sans que le général l'ait préalablement ordonnée.
Tous les villages, métairies, bois, genêts et généralement, tout ce qui peut être brûlé sera livré aux flammes, après cependant que l'on aura distrait des lieux qui en seront susceptibles, toutes les denrées qui y existeront ; mais, on le répète, ces exécutions ne pourront avoir leur effet que quand le général l'aura ordonné. Le général désignera ceux des objets qui doivent être préservés de l'incendie.
Il ne sera fait aucun mal aux hommes, femmes et enfants en qui le général reconnaîtra des sentiments civiques, et qui n'auront pas participé aux révoltes des brigands de la Vendée ; il leur sera libre d'aller sur les derrière de l'armée, pour y chercher un asile, ou de résider dans les lieux préservés de l'incendie. Toute espèce d'arme leur sera cependant ôtée, pour être déposée dans l'endroit qui sera indiqué par le général.
 »

Dans son décret du 1er août 1793 de la loi sur l’anéantissement de la Vendée, la Convention précisait :
L'humanité ne se plaindra point : les vieillards, les femmes, les enfants seront traités avec les égards exigés par la nature et la société. »

Chaque général écrira le 20 janvier son ordre à ses troupes qui se lanceront le lendemain sur le pays.
Le général Grignon mentionne par écrit à ses adjoints :

«Je vous donne l’ordre de livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d’être brûlé, et de passer au fil de la baïonnette tout ce que vous rencontrerez d’habitants sur votre passage. Je sais qu'il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays ; c'est égal, nous devons tout immoler. »

 

 

On va suivre d’abord, plus particulièrement, la 3ème division, confiée au général Boucret ; cette division sera coupée en deux colonnes qui partent de Cholet,
l’une par Chatillon vers les Epesses, commandée par Boucret lui-même
l’autre par Maulévrier vers St Laurent, commandée par le général Caffin.
  

 


La 3ème demi-colonne de Caffin, adjoint de Boucret :

Le 26 décembre 1793, Commaire écrit depuis Saumur à François-Xavier Audouin, adjoint du ministre de la guerre pour lui parler de diverses affaires de la guerre.
Vers la fin de sa missive, il annonce :
"J’ai fait filler par Chollet environ 1500 hommes commandés par le général Caffin... qui feront tous ce qui dépendra deux pour exterminer le reste de cette race impure. "J’ai donné des ordres pour empêcher qu’ils trouvent aucune subsistance. Les ordres les plus formels sont aussy donnés pour qu’on épargne rien et qu’on ne laisse rien au pouvoir des brigands fuyards sous peine d’être regardés comme traitres à la patrie ; tu peux être sûre que je ne négligeray rien pour accélérer leur perte, nous serons purgés de cette horde détestable. »



Le 21 janvier 1794, le général Caffin qui commandait la 2ème colonne de la 3ème division, , pouvait écrire à son chef, depuis Maulévrier :

RJS : "Point de métairies, bourgs et villages sur la gauche, et sur la droite, à une lieue de Maulévrier où je suis, qui n'aient élé visités. Partout on y rencontre des grains et fourrages en quantité. Ne trouvant pas suffisamment de charrettes pour en faire l'enlèvement, je n'ai pu incendier. Je fais charger ici tous les grains, foins el subsistances qui, je crois, seront évacués demain. Je n'attends que ce moment pour incendier tout. En attendant je purge le pays de tout ce qu'iI peut y avoir de gens suspects, sans en ménager aucun. J'ai envoyé au village de Chambreville (Echaubrognes) sur la gauche de Maulévrier, un détachement de cent hommes, afin d'incendier tout ce qui pouvait l'être, selon tes ordres... ce que l'on n'a pu mettre à exécution rapport à la grande quantité de grains et de fourrages qui s'y trouvent, ne pouvant les faire enlever par défaut de charrettes. Ainsi, j'attends tes ordres pour savoir si je marcherai demain, avant que toutes ces subsistances ne soient enlevées et que le pays ne soit purgé.
Je t'observe que ma destination n'est que pour St-Laurent et que je n'en suis éloigné que de trois lieues »


On lit dans les mémoires de Madame de Sapinaud qui, travestie en vieille mendiante, était alors à St-Laurent :

"Nous restâmes pendant deux jours sans aucune alerte, mais nous apprîmes de bien mauvaises nouvelles : les bleus avaient fusillé vingt-cinq hommes de Maulévrier qui furent dénoncés par les patriotes de l'endroit... Cette boucherie m'affecta beaucoup, je ne pus pas dormir de la nuit. »

Le 23 janvier 1794, le général Caffin est toujours à Maulévrier qu'il a pillé ainsi que les villages des alentours. Il écrit à son “collègue” Boucret :

RJS : “ Depuis deux jours il est parti environ 200 charretées de grains, sans compter les fourrages. Personne ne pourrait croire la quantité de grains qui se trouvent dans les environs ; on en découvre partout et j'ose t'assurer que six cents charrettes ne serviraient qu'à éclaircir le pays.
“ Tu ne penses peut-être pas que Maulévrier, Les Chambrolles (Les Echaubrognes) et Yzernay
, distantes d'un quart de lieue l'un de l'autre, composent plus de quinze cents maisons, sans compter les métairies.

Lorsque incendieray, je ne veux pas qu'il reste vestiges, et je commence ce matin par les églises et chapelles et les maisons évacuées. 
Ce matin, je fais fusiller
14 femmes et filles.."

“J'ai demandé, au Commissaire chargé de l'enlèvement des subsistances, 400 chartes pour accélérer mon opération...”

Le 24 janvier, Caffin est bloqué à Maulévrier par manque de charrettes pour enlever les subsistances.

RJS : "J'ai perdu hier une journée entière faute de charrettes. Aujourd'hui j'en fais charger soixante-cinq au bourg des Echaubrognes, je doute encore si elles suffiront pour enlever toutes les subsistances , et si je pourrai allumer... S'il ne me restait que les brigands, je partirais de suite, car je les ai bien éclaircis, et si je n'en avais pas besoin pour conduire les charrettes, je ferais tuer le reste.

"Donne tes ordres , je t'en prie, général, pour faire filer des charrettes de ce coté-ci. Je crains d'être forcé de partir avant que toutes les subsistances ne soient enlevées, et par conséquent de ne pouvoir incendier, voulant suivre tes ordres strictement."

 

Le 25 janvier, Caffin détruit le bourg des Echaubrognes et écrit à Turreau :

RJS : “Aujourd'hui je vais commencer à évacuer Yzernay. J'y envoie toutes les charrettes, elles ne suffiront pas; mais on peut faire deux tours à Maulévrier où j'établis un dépôt, d'après l'approbation que tu as donnée à la proposition de Beaudesson. Le magasin de grains est établi dans l'église et celui des fourrages sous les halles, cela ne m'empêche pas d'incendier, vu qu'il n'y a pas de grandes communications.

"Pour le bien de la République, les Echaubrognes ne sont plus, il n'y reste pas une seule maison. On y a trouvé six volontaires assassinés et des fusils de munition. Rien n'a échappé à la vengeance nationale. Au moment où je t'écris, je fais fusiller quatorze femmes qui m'ont été dénoncées.

"Je te préviens que je n'ai ni meuniers ni boulangers pour les subsistances de la troupe ; ils sont tous en fuite. Le pain sera dur demain, et il n'y en a pas ici."

 

Le 26 janvier, Caffin détruit les métairies entre La Tessoualle et St Laurent sur Sèvre. Il commence à incendier Maulévrier.

RJS : "Un détachement de cent cinquante hommes, qui est resté à la Tessouale, a fait évacuer et incendier toutes les métairies qui sont sur la route de St-Laurent, où je dois me rendre demain, et où j'attendrai de nouveaux ordres. Pour ne pas perdre de temps, en attendant le détachement que tu m'annonces, je fais évacuer sept à huit métairies à l'entour de la ville , afin de les incendier. Je ne fais brûler, comme tu me l'as ordonné, que lorsque je suis assuré qu'il n'y a plus de subsistances. J'espère avoir ce soir plus de deux cents bœufs et vaches. Tous les bestiaux sont épars dans les champs.

"Hier, j'ai fait brûler tous les moulins que j'ai vus, puisque tous les meuniers et boulangers m'ont abandonné ; mais aucun de ceux que je rencontrerai n'échappera à ma vengeance.

Aujourd'hui je peux faire brûler, sans courir de risque, les trois quarts de la ville, il ne faut pas tant de place pour un détachement de deux cents hommes.      

"Malgré tous les soins que je me suis donnés, je n'ai pu faire évacuer encore toutes les métairies qui sont entre Maulévrier et les Échaubrognes. II reste encore le bourg d'Yzernay et les métairies auxquels on n'a pas touché, encore plus riches, dit-on, que les Échaubrognes. En conséquence, je donnerai au détachement des renseîgnemens et des ordres à ce sujet, comme tu me le marques. »

 

Le 27 janvier Caffin se dirige vers St Laurent sur Sèvre puis apprenant que les "brigands" ne sont pas loin, il revient à Maulévrier, patrouille dans les landes Genty et fouille l'entrée de la forêt de Vezins. Il fait incendier le bourg de Toutlemonde.

RJS : "La tête de ma colonne était déjà sur la route de St-Laurent, lorsque ta lettre, qui m'annonçait la position de l'ennemi, m'a été remise. Le détachement que tu m'as envoyé pour garder les magasins, n'étant que de 200 hommes, dont la moitié sans armes, j'ai jugé que j'étais obligé de faire rétrograder ma troupe. J'ai été prendre une position sur les routes de Vezins et de Chemillé. J'ai de suite envoyé un piquet de cavalerie à la découverte. À peine arrivé dans les landes Genty, il a aperçu l'ennemi et l'a débusqué. Voyant l'ennemi rentré dans le bois et ne connaissant pas sa force, il y s'est replié sur la colonne que j'ai fait avancer jusqu'à la lande où j'ai pris position. Un détachement du 77ème, envoyé en avant, a reconnu le bivouac des brigands dans le bois à côté de la lande ; il a pris 18 chevaux que tu recevras demain matin. Le bois a été fouillé, les brigands n'ont pas paru, leur corps-de-garde a été brûlée ; mais je ne puis te dire leur direction."

“Voici une preuve de leur scélératesse : on a trouvé dans leur bivouac un père et son fils massacrés, attachés l'un à l'autre."
Ceci ne m'a pas empêché de faire l'enlèvement des grains, quoique tous les coquins de préposés soient partis. J'ose assurer que si j'avais quitté Maulévrier, l'ennemi aurait égorgé le détachement de 200 hommes, car il est instruit de tous nos mouvements, aussi je fais tuer tout ce que je rencontre."

 

Le 28 janvier, Caffin fait éclairer par des patrouilles les routes de Vezins et d'Argenton.

RJS : "Je te préviens que j'ai fait éclairer ce matin les routes de Vezins et d'Argenton. Mes patrouilles n'étant pas encore rentrées, je ne puis te donner aucune nouvelle sur la marche des brigands. Je t'annonce que je n'ai plus que pour un jour de pain et de farine."

 

Le 29 janvier, Caffin termine l'incendie de Maulévrier et d'Yzernay et part pour St Laurent sur Sèvre. 

RJS : "Hier, vers une heure après midi, mes postes avancés sur les routes d'Argenton et de Vezins ont entendu battre la charge ; j'en ai été instruit aussitôt, et je suis allé prendre position sur la route de Vezins, mais on n'a rien découvert (1).

"Ce matin, à la réception de ta lettre, j'ai fait battre la générale, et je me mets en marche à sept heures pour fouiller la forêt de Vezins, conformément à tes ordres.

"Je n'ai reçu de pain que pour la distribution d'aujourd'hui, il sera dû demain ; je t'en préviens, afin que tu donnes des ordres en conséquence."

(1)   C'est dans ce moment, le 28, que la Rochejaquelein fut tué par un volontaire qu'il poursuivait.

 

Le 31 janvier, Caffin termine l'incendie de Maulévrier et d'Yzernay et écrit à Turreau qui devait quitter Cholet le lendemain 1er février :

RJS : "Je te préviens que tout le village d'Izernay a été incendié hier (le 30) sans y avoir trouvé ni homme ni femme. Il restait quatre moulins a vent que j'envoie incendier ce matin, n'en voulant pas laisser un seul.

"Pour seconder tes désirs, je pars aujourd'hui pour St-Laurent que j'espère brûler demain, pour me rendre après-demain à la Verrie, où je dois rester jusqu'à nouvel ordre.

"J'ai fait brûler ce matin toutes les maisons qui restaient à Maulévrier, sans en excepter une seule, si ce n'est l'église où il y a encore beaucoup d'effets qu'il serait à propos d'envoyer chercher de suite."

Le bourg de Toutlemonde a été incendié avant-hier.”

"Tu observeras au citoyen Beaudesson que je laisse encore quantité de grains et de fourrages dans les métairies que je n'ai pas fait brûler."

 

Le 31 janvier Turreau écrit au Comité de Salut Public:

RJS : “ Elles (les colonnes ont passé au fil de la baïonnette tous les rebelles épars qui n'attendaient qu'un nouveau signal de rébellion...
 On a incendié métairies, villages, bourgs... On ne peut concevoir l'immensité de grain et fourrages qu'on a trouvés dans les métairies et cachés dans les bois.

« J'aî donné les ordres les plus précis pour que tout soit enlevé de ce maudit pays et porté dans les magasins de la République.
Il est parti ce malin pour Saumur un convoi tenant près de deux lieues de long... »

Le 1er février, à 5 heures, Caffin est à St Laurent sur Sèvre. Il fait sabrer et empaler deux religieuses de la Sagesse, trois frères coadjuteurs de la Compagnie de Marie,  puis fait fusiller quinze hommes du village. Enfin le feu est mis  à tout le village.

RJS : "Je suis arrivé ici à cinq heures. St-Laurent étant assez considérable, il me faudrait au moins deux jours pour purger ce pays ;

"II reste encore beaucoup de monde à St-Laurent ; mais, comme je sens que je serai beaucoup plus utile à la Verrie qu'ici, je m'y rendrai demain le plus promptement possible, et je ferai comme à Maulevrier, je brûlerai avant de partir."

Toujours à St Laurent qu'il fait fouiller entièrement, il écrit le même jour
:

RJS :  A midi je t'écris encore de St-Laurent... Depuis ce matin, je suis occupé à faire faire toutes les fouilles et les recherches qu'il m'est possible. Il vient de m'être apporté par des républicains un tas d'argenterie que je t'envoie sur-le-champ par le commandant de la Haute-Saône qui te donnera la liste des républicains qui me l'ont remis.
Comme je veux absolument me rendre a la Verrie, ce soir, je crains de ne pouvoir incendier tout comme je désirerais...
 J'ai fait conduire à Cholet 32 femmes qui étaient dans le couvent ; je les ai adressées aux administrateurs du district qui en feront ce qu'ils voudront...
J'ai trouvé une vingtaine d'hommes de reste que j'ai fait fusiller avant de partir. Si j'en trouve d'autres dans ma route, ils essuieront le même sort... »


Caffin part pour La Verrie où il arrive à 7 heures et qu’il fouille le 02 février.

Le 2.février en arrivant à la Verrie

RJS : “ Pour me rendre plus promptement à ma destination, je me suis dépêché le plus que j'ai pu de brûler tout St-Laurent. Je suis arrivé hier au soir, sur les sept heures, à la Verrie. Ce matin je m'occupe à faire faire les recherches les plus scrupuleuses. On trouve dans tous les jardins et maisons des gargousses et des balles, aussi j'arrangerai en conséquence ceux qui restent. Je resterai ici jusqu'à nouvel ordre. »

Le 3 février il annonce la présence de 4.000 "brigands" à La Gaubretière
RJS :  ".... Je te préviens que j'irai demain matin avec ma colonne brûler ce bourg, tuer tout ce que j'y rencontrerai sans distinction, comme le repaire de tous les brigands. Je n'avais pas encore occupé un pays où je pusse rencontrer autant de mauvaises gens, tant hommes que femmes; aussi tout y passera par le fer et par le feu...."

Le 4 février, Turreau lui donne l'ordre de rejoindre Cholet. C'est Boucret qui "fera le travail" à La Gaubretière,

 

Le 8 février, Caffin est grièvement blessé lors de la bataille de Cholet.

 

La 3ème demi-colonne de Boucret :

 

Le 21 janvier, le général Boucret écrit :”J’ai bivouaqué à la Tessouale, demain je bivouaquerai à Moulins

Le 22 janvier, le général Boucret ravage la Tessoualle, et massacre la population qu’il rencontre, comme nous le raconte Louise Barbier dans ses mémoires.

RJS : “ Le général Boucret était à la Tessoualle, à dix kilomètres et brûlait tout le bourg et l'église. Il fit mettre le feu dans un grand champ de genêts, dans le bas des Juchellières (Gingelières), où tous les habitants étaient réfugiés et il faisait tirer sur ceux qui voulaient s'échapper. Mon frère Louis, qui y travaillait à tisser de la toile, se sauva en traversant la rivière et arriva nous raconter ce massacre où périrent plus de soixante personnes. »

 

Le même jour, Moulins est en partie brûlé par Boucret mettant le feu partout et égorgeant tout sur son passage.

Il écrit :
RJS :”Je n'ai rien de nouveau sur la position de l'ennemi. Le pays que je parcours est suffisamment fourni de vivre pour la troupe.
Je trouve dans toutes les métairies quantité de pain cuit. Je n'ai besoin que de voitures pour faire charger les grains.
Sois tranquille sur ma marche, et sois persuadé que je ne me laisserai pas surprendre : je serai demain à
St-Jouin ou Châtillon. »

 

Le 23 janvier, Boucret est arrivé à Chatillon
RJS : “J’ai étendu ma chaîne depuis Moulins jusqu'à ChâtilIon ; j'ai laissé à la Tessoualle 200 hommes, jusqu'à l'arrivée du général Caffin je ne partirai de Châtillon que le 25.
Je me diviserai en deux colonnes, l'une partant de
Châtillon pour se rendre au Temple, l'autre de Châtillon à la Boissière, qui correspondra avec celle de *** qui devra se trouver à la Pommeraie.”

“Je serai le 27 aux Épesses ou j'attendrai de nouveaux ordres. Toute la partie que j'ai parcourue a été exactement fouillée ; il ne reste rien à désirer. J'ai deux fois fait en petit ce que nous faisons en grand ; rien n'a échappé à ma surveillance. Je ne sais pas ce que c'est que d'écrire laconiquement (1). Sois sur, général, que je ferai toujours mon possible pour mériter ta confiance.”

(1) Turreau lui reprochait le peu de détails dans ses actions 


Le 24 janvier, de Chatillon, Boucret écrit :

RJS : “Je t'envoie 32 pièces d'église, dont 7 trouvées par deux volontaires, et 25 trouvées par moi dans un caveau. Il me manque des voitures, je laisse quantité de grains sur mes derrières. J'ai fait pousser des patrouilles de cavalerie sur toutes les routes et issues : on n'a rien trouvé.”
”Je n'ai point de nouvelles sur la position des brigands. Je partirai de
Châtillon demain 25”

 

Le 25 janvier, de St Amand, il poursuit :
RJS :”J'ai donné des ordres pour qu'il soit chargé deux voitures de linge trouvé dans une cave. J'ai laissé sur mes derrières quantité de grains mais j'ai pris le nom de toutes les métairies, et j'espère que tu m'enverras des voitures pour les faire enlever. Je n'ai rien de nouveau sur la position des brigands.”


Le 26 janvier depuis les Epesses
RJS :Je suis arrivé aux Épesses à cinq heures du soir. J'ai fait assembler les officiers municipaux pour me faire donner des renseignemens sur la position des brigands ; ils ne la savent pas positivement, mais ils ont dit qu'ils les croyaient aux Herbiers. J'ai requis la municipalité de me faire cuire du pain ; nous avons quantité de farine et point de voitures. Je n'ai besoin de rien pour la nourriture mais les soldats sont nus et sans souliers.”

 

Le 28 janvier, toujours aux Epesses
RJS :”Je suis instruit par des préposés que les soldats sortent de Chollet et pillent les voitures avant qu'elles n'arrivent.”

“ Deux soldats ont trouvé dans le tronc d'un arbre un prêtre non assermenté ; je l'ai fait fusiller. Il avait sur lui 15 louis, tant en or qu'en assignats et une montre d'or. J'ai donne aux deux volontaires pour récompense, 100 livres ; je suis porteur du reste.”

“Je te fais passer deux voitures, dans l’une, 22 fusils et du grain ; dans l'autre un coffre renfermant 63 pièces, tant d'église que linge, plus une croix d'argent doré. Je fais escorter le tout par quatre gendarmes.”

 

Le 28 janvier, toujours aux Epesses
RJS : « Les boulangers ne peuvent pas me fournir le pain nécessaire pour ma troupe. Je te prie de m'en faire passer 2 000 rations pour me mettre en avance. Je n'ai rien de nouveau sur la position de l'ennemi..”.


Le 31 janvier, depuis Chambretaud

RJS : “ Je suis arrivé à Chambretaud à trois heures et demi ; les brigands occupaient ce poste qu'ils ont quitté hier à neuf heures du matin. D'après tous les rapports, ils sont à la Gaubrelière.
Je te prie de me faîre passer des voitures ; j'ai beaucoup de grains à envoyer.”

 

Le 4 février 80 hommes et femmes se réfugient dans le clocher de l’église de La Gaubretière. Boucret ordonne d’y mettre le feu. Au bout de huit heures de siège et de feu, une cinquantaine de rescapés se livrent et sont fusillés. …

 

En dehors du contexte exact des colones infernales, le 5 avril, la colonne de Boucret  se signale de nouveau par des ravages à Vihiers, Gonnord, Joué, Montilliers, Cernusson, Tigné, Faveraye-Mâchelles et Aubigné-sur-Layon.
15 femmes et enfants sont tués dans les bois de la Frappinière.
22  femmes et enfants sont capturés puis massacrés au Moulin de la Reine, près de Montilliers, et seuls deux enfants s’échapperont, Marie Clemot et son petit frère.

Marie Clemot est l’arr-gd-mère de Joseph Gelineau, prêtre et donateur du vitrail de l’église de Montilliers.

 

Ci-dessous la progression des autres colonnes et les exactions commises par celles-ci. (liste naturellement non exhaustive)

 

La 4ème colonne de Turreau et Bonnaire   


Ces deux colonnes se dirigent presque parallelement de Doué à Cholet.
 

 

Le 21 janvier, la 8ème demi-colonne, commandée par le général de brigade Louis Bonnaire, part de Doué-La-Fontaine et arrive à Concourson-sur-Layon, qui est incendié.
Elle est ensuite divisée en deux demi-colonnes.
La première passe par Bitaud et Vaillé pour arriver aux
Cerqueux-sous-Passavant qui est incendié et dont les habitants sont massacrés.
La seconde passe par Cernusson,
où le maire et environ 40 habitants sont fusillés, pour arriver à Montilliers où environ 30 femmes et enfants sont passés par les armes également.

 

 

Le 21 janvier au soir, Bonnaire écrit à Turreau, depuis Vihiers
RJS : J'ai employé tous les moyens en mon pouvoir pour exécuter les ordres que tu m'as donnés. Je n'aurai point à me reprocher les circonstances qui pouvaient en assurer l'exécution.

La colonne étant arrivée entière à Concourson, j'ai détaché sur ma gauche, d'après ton instruction, le général *** , et sur ma droite, trois bâtaillons chargés d'incendier les villages désignés.
Malgré la célérité qu'ils ont mise dans leur marche pour leurs opérations, deux de ces bataillons ne sont rentrés qu'à dix neures du soir, et le troisième ne l'est pas encore à minuit.

Le général *** a laissé aussi un bataillon aux Cerqueux, parce qu'il y a trouvé quelques denrées. On en a trouvé aussi dans un autre village où un bataillon a été forcé de rester. On a arrêté dans ce même village 25 hommes soupçonnés d'avoir porté les armes» chez les brigands : je les ai fait incarcérer dans la prison de Vihiers, afin que l'on pût distinguer et punir les coupables.

« Je n'ai pu avoir aucun renseignement sur la position que l'ennemi occupe en ce moment. Demain j'arriverai, je pense très tard à Chollet, vu les détours que les troupes sont forcées de faire pour l'exécution de tes ordres.»

 

Le 22 janvier depuis Cholet, Turreau peut lire :
RJS : A Concourson, sa colonne se sépara de celle du général Bonnaire, et se porta sur la gauche au bois de Bitaud pour l'incendier, ce qui fut de toute impossibilité.
Le feu fut mis au tournebride du château de Bitaud et à plusieurs petites maisons dans les environs.
La colonne se rendit au village de
Valier où le général prit avec la municipalité les moyens d'emmagasiner les grains qui étaient dans le château; il en fit porter une partie chez un officier municipal, étant obligé de faire mettre le feu au château. Le village fut brûlé.

“La colonne se porta ensuite sur les Cerqueux, en brûlant sur la route toutes les maisons qu'elle trouva. Arrivé aux Cerqueux a 8 heures du soir, le général y laissa un bataillon avec ordre au commandant de faire le recensement des grains et fourrages ; de déposer les grains dans les maisons les plus patriotes, de mettre le feu aux autres et de rejoindre ensuite la colonne, en rapportant des certificats des officiers municipaux.

» Le 22, après avoir fait emmagasiner les blés, qui se trouvaient à St-Hilaire du Bois, dans quelques maisons sous la responsabilité des officiers municipaux, le feu fut mis au reste du village.
Durant cette opération , la colonne marchait sur
Coron, brûlant de droite et de gauche tout ce qui se trouvait sur sa route sans grains. La municipalité vint au-devant du général offrir de rassembler avec le plus de célérité possible les grains et fourrages que cette commune possédait, ce qui fut accepté.

» Le général se porta ensuite sur Vezins où il laissa 4 compagnies, et rendit la municipalité responsable de tout retard dans le rassemblement des différens comestibles de la commune.
. » Le général, ayant jugé qu'il serait trop tard pour sa colonne de passer par la forêt de
Vezins, détacha deux bataillons pour brûler cette forêt et le village de la Poterie, comme repaire dé brigands  et pendant ce temps-là sa colonne s'est portée à Chollet, brûlant de droite et de gauche châteaux maisons, etc. , où il n'y avait pas de grains. »


La « 1ère Promenade de Turreau » s’arrêtera dans un premier temps à Cholet d’où il put observer tous les ravages de ses colonnes ; il pense alors que cette opération “militaire” metra fin aux combats en Vendée dès les premiers jours de février 1794.
Pourtant ses exactions continueront bien après le 8 février, date de fin officielle des “colonnes infernales”.

 

La 5ème demi-colonne de Cordellier.



Le 22 janvier au soir, Cordellier écrit à Turreau, depuis Beaulieu sur Layon :

RJS : « Je suis arrivé aujourd'hui à Beaulieu, citoyen général, et (Crouzat) à Thouarcé. Nous avons tous deux exécuté tes ordres ; mais il nous a été impossible, malgré les abattis que nous avons fait faire, de propager l'incendie dans les bois. La fouille en a été infructueuse.

Je le dirai qu'en arrivant à Beaulieu nous y avons trouvé la garde nationale sous les armes, drapeau déployé ; cela ne m'empêchera pas, en me conformant à ta lettre du 20, de me faire remettre ces mêmes armes que j'emploîrai d'abord à armer ceux de mes soldais qui ne le sont pas, avant de les envoyer sur les derrières.

» Je suis particulièrement logé chez un ex-constituant, maintenant président d'un district, que l’on nomme Desmazières, qui n’est pas présentement chez lui, qui a déjà été pillé, et que je ne puis cependant pas épargner, d'après les ordres.que j’ai reçus.

» Je sors à l'instant de sommer la municipalité de me déclarer s'il existait des contre-révolutionnaires dans la commune ; elle m'a déclaré qu'il n'existait que des femmes dont les maris s'étaient réunis aux brigands ; comme elles me paraissent suspectes, je leur ferai donner demain leur déjeuner.

» Les armes vont m'être remises ce soir.. »

 

Le 23 janvier à la Jumellière

RJS : « Je suis arrivé aujourd'hui, mon cher camarade, à la Jumellière et (Crouzat) à Gonnord. Je me suis chauffé très amplement ce matin, avant de partir de Beaulieu, de même qu'en passant à St-Lambert où je n'ai pas trouvé de subsistances ; je pense que (Crouzat) en aura fait de même. Il est six heures du soir, et je n'ai pas encore reçu de ses nouvelles; je vais lui écrire en conséquence”

» Je t'informe que je séjournerai demain ici, pour n'en partir qu'après-demain, attendu, que je suis informé qu'il existe encore des brigands dans les bois qui se trouvent entre Chemillé et la Jumellière, et que j'ai des opérations à faire dans les environs, particulièrement dans le village de Chanzeaux infesté de rebelles ou de gens suspects.”
» Je dois aussi te dire que ceux qui m'ont instruit qu'il existait des rebelles dans les bois sont deux particuliers du bourg de
Chemillé, qui sont venus me parler aujourd'hui, en se couvrant du voile du patriotisme. Ces deux hommes qui étaient montés ne m'informèrent pas d'abord de ce dont il s'agissait, et ce n'est que lorsqu'ils furent partis pour retourner à Chemillé, qu'un d'eux, nommé Thubert, vint me dire que son camarade venait d'être arrêté par environ 25 hommes armés, dans les bois qui se trouvent sur la route sans qu'il ait été tiré un coup de fusil. J'ai envoyé sur-le-champ des patrouilles de ce côté pour s'assurer du fait, et j'ai en même temps mis de côté ledit Thubert que j'ai interrogé et qui m'a paru infiniment suspect, avec d'autant plus de raison que c'est un prêtre.
J'attends qu'il me soit rendu compte de ce qu'auront vu les patrouilles pour prononcer sur son sort ; mais je crois que son compte est bon..”

» Je ferai séjourner (Crouzat) à Chemillé où il sera demain pour n'en partir que le 26, et se rendre en deux jours au May.
A mon égard, je compte aussi n'être à
Jallais que le 27. Tu penses bien que, pendant nos différents séjours, nous ne nous tiendrons pas à rien faire.

» L'adjudant général Flavigny que tu m'as adjoint se comporte en bon militaire. ”


Le 23 janvier, Cordellier arrive à la Jumellière,
« brûlant toutes les habitations et massacrant toutes les personnes qu'il rencontra. »
Il arrêta aussi Thubert, l'intrus de Melay, qui, malgré les renseignements qu'il venait de lui donner sur un rassemblement de paysans, lui paraissait, en sa qualité
''de prêtre'' infiniment suspect.
Cordellier quitta la Jumellière le 25.... vers St-Lezin. »

*Nous ne connaissons pas les noms, ni le nombre exact des victimes, trente deux ou une centaine, suivant les auteurs... ?? Sauf deux : Marie-Anne Blanvilain et sa grand-mère maternelle, Jeanne Noyer.
Marie-Anne, agée de 6 ans,
reçut plusieurs coups de sabre et de fusil, survécut mais resta très handicapée ; elle mourut en 1844, à 56 ans.


Cordellier annonce ainsi les faits à Turreau :
J'ai brûlé toutes les maisons et tous les bois et égorgé tous les habitants que j'ai trouvés. Je préfère égorger pour économiser mes munitions.
J'ai
détruit ce matin 350 hommes et femmes, la plupart sans armes. Tous les bestiaux ont été détruits.
Mon adjoint Crouzat, hier (en fait il s’agit du 23) au seul bourg de Gonnord, a tué 310 brigands, vieillards, femmes et enfants, mis vivants dans le fossé. Dans ce moment 40 métairies éclairent la campagne. »

 

Le 25 janvier Cordellier écrit de la Jumellière

RJS : « Je viens de donner l'ordre à (Crouzat) d'aller incendier le village de Chanzeaux, de même que de faire scrupuleusement la fouille des bois qui sont de ce côté. Je vais aussi faire la même opération dans tout ce qui a voisine mon quartier-général, et j'aurai soin de te rendre ce soir un bon et fidèle compte de ce qui se sera passé dans la journée.

» Je ne sais s'il y a encore des brigands dans les bois mais les mesures que j'ai prises ne me laisseront rien ignorer.

» J'ai reçu des nouvelles de (Crouzat) qui a brûlé dans sa journée cinq châteaux. Je l'ai autorisé à respecter les propriétés de la citoyenne Beaurepaire dont le mari s'est immortalisé à Verdun. Jé crois avoir bien fait, car il n'est jamais entré dans les intentions de la république que cette bonne citoyenne soit victime des iniquités qui se sont commises dans le village de Joué où elle fait sa résidence. ».

 

RJS : « J'ai fait aujourd'hui, mon cher camarade, beaucoup de besogne. (Crouzat) arrivé de sa mission, vient de me rendre compte qu'il avait incendié le village de Chanzeaux et tous les hameaux et métairies qui l'environnent. Il a aussi fait fouiller les bois et n'y a rien trouvé: ainsi le prêtre dont je t'ai parlé dans ma lettre d'hier, sera exécuté demain (1).

»(Crouzat) a encore fait passer au fil de la baïonnette environ 30 personnes suspectes des deux sexes. II a, dans sa marche, été obligé de faire un exemple. Un dragon du 2ème régiment, qui s'est permis d'assassiner un vieillard patriote, parce qu'il n'avait pas d'argent à lui donner, a été fusille sur-le-champ, sur la demande de toute la troupe qui a applaudi à cet acte de vigueur.

Je n'ai pas désapprouvé sa conduite, car il est constant que les troupes légères se permettent des atrocités, et qu'elles contribuent beaucoup à mettre de l'indiscipline dans les armées, et de tels exemples ne peuvent qu'être d'une grande utilité.

» En même temps que (Crouzat) opérait sur ma gauche, deux détachemens de cent hommes chacun, à la téte desquels étaient mes aides-de-camp, opéraient aussi sur ma droite.
Tout a été ponctuellement exécuté ;
les châteaux , au nombre de cinq, éclairent maintenant la campagne.

II existe dans toutes les maisons de cette contrée une grande quantité de fourrages mais les moyens de transport nous sont ôtés. L'état déplorable des chemins ne permet pas qu'ils soient pratiqués par beaucoup de voitures, et c'est ce qui m'a déterminé à m'attacher plus particulièrement à faire effectuer l'enlèvement du froment et de l'avoine.

(1). Ce pretre était le fils d'un notaire de Chemillé, citoyen estimable et estimé, administrateur du département de Maine-et-Loire

 

RJS : » J'ai fait amener aujourd'hui au quartier-général environ 150 boeufs pris dans les maisons livrées aux flammes. Comme il y en a prodigieusement partout, j'ai donné l'ordre de le faire filer sur les derrières,afin qu'ils n'entravent pas la marche des colonnes.
(
Crouzat).de qui je viens de recevoir des nouvelles, a brûlé les villages de Gonnord, Joué, Etiau, et les hameaux et châteaux environnans; il a fait l'exception dont je t'ai parlé dans ma dernière.

 

le 25 janvier, Cordellier écrit de la Jumellière :
RJS :  Je suis arrivé aujourd'hui au village de Neuvy que j'ai trouvé incendié. Je n'ai point été inquiété dans ma route mais j'ai appris par des femmes qui sont restées dans les maisons échappées aux flammes , qu'environ cinq cents brigands, partis armés de fusils, et d'autres de bâtons, étaieut passés à Neuvy deux heures avant mon arrivée. Il paraît qu'ils venaient d'un endroit nommé le Moulin des Landes des Mauges, ou s'est fait ce rassemblement.
Je ne dois pas te laisser ignorer qu'un bataillon de Maine-et-Loire, stationné à Ste-Christine, distant d'une demi-lieue de Neuvy, informé qu'il existait un rassemblement de brigands de ce côté, vint les attaquer le matin ; mais, malheureusement, il fut mis en déroute et obligé de se replier sur Chalonnes et St-Florent. Je ne sais ce qui a pu occasioner cette déroute, les apparences seules me portent à croire que le commandant de ce bataillon s'est maladroitement engagé dans un défilé que lui présentait le ruisseau du Jeu, où j'ai trouvé 4 à 5 volontaires tués à peu de distance.»
Avant de partir ce matin de la Jumellière, j'ai fait passer au
fil de la baïonnette environ vingt individus tant hommes que femmes, convaincus d'avoir participé aux troubles qui ont eu lieu dans ce département. De tous ceux qui composaient la municipalité, le maire seul est conservé, ayant été reconnu citoyen.
En partant de la Jumelière, j'ai dirigé une colonne sur le village de St-Lezin , à laquelle j'ai attaché Crouzat. Je lui avais donné l’ordre de le
livrer aux flammes et de passer au fil de la baïonnette tous les habitants, ce qu'il m'a dit avoir ponctuellement exécuté.”


le 25 janvier, Cordellier écrit depuis Chemillé :
RJS :  “Il est de mon devoir, citoyen général, de t'informer de toutes mes découvertes."
” Tu trouveras ci-joint copie d’une lettre de la municipalité des Gardes, qui vient de m'étre remise à l'instant ; dans ta sagesse tu ordonneras ce qui te paraîtra convenable. Dans le moment où je t'écris,
je fais incendier deux villages et quatre châteaux ; je donne le même avis au général (Crouzat)"

Louis Monnier, chef de la division de Montfaucon, témoigne sur le massacre de la Jumellière, du 25 janvier 1794 par Cordellier :
 “A un quart de lieue de la Jumellière, j'aperçois, dans un coin du chemin, un monceau de victimes, amoncelées comme une corde de bois, entre un chêne et un grand piquet. Il y en avait à la hauteur d'un homme et plus de quinze pas de long, tète à pied. Ce spectacle m’effraya, mais c’était comme rien. A cinquante pas plus loin, j'aperçois un homme, dans le coin d'un champ de genêts, qui baissait la tête et la relevait ; je crus que c'était l'ennemi qui était dans le champ de genêts... Ce malheureux m'aperçut et se sauva.
Je lui criait : « Arrête ! ou tu es mort ». Il vint à moi ; je lui dis « Que fais-tu là ? »
Il avait sa pelle sur son épaule ; il me dit « Ah ! j'ai eu grand'peur ». Il se mit à pleurer. « Voyez, me dit-il, dans le milieu du chemin,
ma femme égorgée, mes cinq enfants avec, et je suis à faire une fosse pour les mettre. » Je fis dix pas ; j'aperçus une femme étendue dans la boue, un enfant sur le bras gauche, un sur le bras droit, un autre sur la jambe gauche, un autre sur la droite, et le cinquième au sein de sa mère ; tous avaient la tête ouverte, le cerveau ôté et mis dans la poche de tablier de la mère. Jamais aucun homme ne pourra croire une barbarie pareille. Cependant, le fait est constant, je l'ai vu de mes yeux et j'en ai pris note.”

Le 26, il écrit depuis Jallais
RJS :  ”Je ne suis pas plus tôt arrivé Jallais, citoyen général, que je m'occupe de te rendre compte de ce qui m'est arrivé en route, de même qu'au général (Crouzat).
C’est avec regret que je t'apprends que nous n'ayons rien vu ni rencontré, malgré que nous ayons l'un et l'autre traqué tout ce qui en était susceptible.”

 

Le 27 janvier, Cordellier, déclare depuis Jallais

RJS :  “ Dans le cours de la journée, je me suis occupé de fouiller, ainsi que tu me l'as ordonné, les environs de Jallais. Quatre détachemens de cinquante homme chacun, auxquels j'avais attaché des officiers de mon état-major, ont tout parcouru.

J'avais ordonné de passer au fil de la baïonnette tous les scélérats qu'on aurait pu rencontrer, et de brûler les hameaux et métairies qui avoisinent Jallais; mes ordres ont été ponctuellement exécutés, et dans ce moment quarante métairies éclairent la campagne.”

“D'après le compte qui m'a été rendu, il paraît qu'il n'existe aucun rassemblement autour de moi, et même peu d'habitans, car il n'y en a eu qu'une dixaine de tués. Il n'en est pas de même des bestiaux, car cette battue m'en a procuré au moins 200 que je vais faire filer sur les derrières.

» Je ne dois pas te laisser ignorer qu'un de mes détachements a été jusqu'au village de Beaupreau que j'avais désigné pour être incendié ; mais l'officier chargé de cette expédition m'a rendu compte qu'un bataillon de volontaires de la première réquisition y tenait garnison. Ce bataillon fait partie de la garnison de St-Florent.
Mes 50 hommes, ayant été pris pour des rebelles, ont mis les avant-postes en fuite et la garnison en déroute ; ainsi, juge comme mon front serait bien gardé, si je ne commandais pas d'excellentes troupes.

“J’apprends que le général Jacob est arrivé à Angers, je lui donne l'ordre de me rejoindre, attendu qu'il peut m'être d'une grande utilité.”

 

 

Le 29 janvier, Cordellier est toujours à Jallais

RJS :   “Ce matin, à sept heures, j'ai été à la découverte à une demi-heure de Jallais sur la route de Chemillé et autres adjacentes. Je n'ai rien trouvé. J'ignore où ces scélérats-là se retirent. On vient de m'amener deux brigands; ils n'ont voulu rien me déclarer, alors j'ai prononcé.... la mort.

“Je te préviens que bientôt notre troupe va manquer de pain, s'il n'en arrive pas.»

 

Le 30 janvier, toujours à Jallais

RJS :  “Je n'ai pu m'empêcher, mon cher camarade, de témoigner à Crouzat mon mécontentement de ce qu'il avait envoyé cent hommes cantonner à deux lieues de lui, lesquels ont éprouvé un échec ; mais cela sert à nous faire croire que l'ennemi est maintenant en avant de nous (1).
Je partirai demain pour me rendre à Montrevault, en suivant littéralement ton instruction. Je viens d'envoyer l'ordre au général Jacob de me rejoindre sur-le-champ avec la troupe qu'il commande. Cette troupe , au nombre de 400 à 500 hommes, me sera d'une très-grande utilité pour couvrir ma droite. »

(1) On voit que le général Cordellier n'avait pas la moindre idée de la guerre de Vendée. L'ennemi n'avait aucune position déterminée.

 

Le 31 janvier, à Montrevault
RJS :  “Conformément à ton ordre, citoyen général, je me suis rendu ici avec ma troupe, accompagné de mon camarade Jacob.
J'ai trouvé à Montrevault le premier bataillon de Maine--et-Loire, dit des pères de famille.
D'après les renseignemens que j'ai pris, l'ennemi a passé bier dans les communes de Montigné , Montfaucon, Tillieres et Gesté où il a couché et où il parait qu'il est encore.
Je viens de donner l'ordre à Crouzat, qui se trouvait à St-Philbert, plus près de Geste que moi, de s'y porter et d'attaquer sur deux colonnes.   

J'ai cru devoir ordonner au commandant du bataillon des pères de famille de rester stationnée à Montrevault jusqu'à nouvel ordre, parce que ce point m'a paru important à conserver. Quant à l'esprit public, il ne me parait point mauvais dans cette commune. Les officiers municipaux paraissent patriotes et vouloir le bien de la chose, ainsi je n'ai pas cru devoir me résoudre à incendier ce bourg. Crouzat se rendra au Fief-Sauvin ainsi que le porte ton ordre. ».

 

 

Le 31 janvier, une branche d’une  colonne de Cordellier se rendant de Beaupreau à la Chapelle-Aubry massacre 20 à 30 personnes ramassées entre autres à la ferme voisine de la Ragonnière, à  la « Croix de l’Aigrasseau » à la sortie des bois du château de Barot.


Le 1er février, Cordellier au Doré

RJS :   “Je n'ai rien de plus pressé, en arrivant au Doré, que de te rendre un fidèle compte de ce qui s'est passé aujourd'hui, tant dans la colonne de Crouzat que dans la mienne.
Les chemins difficiles et des obstacles innombrables n'ont pas permis à Crouzat d'arriver à Gesté avant huit heures du matin. L'ennemi, fort bien servi en espions, s'attendait tellement à l'attaque, qu'il a attaqué lui-même la colonne de droite de Crouzat dont partie n'a pas encore rejoint sa colonne, et qu'il présume être allée au Fief-Sauvin sa seule retraité.

“Quant à sa colonne de gauche, à laquelle il était attaché, elle a fait son attaque, ainsi qu'il lui était ordonné, à l'ouest de Gesté ; mais ayant trouvé une vigoureuse résistance, et après avoir vu la victoire chanceler et s'être battu pendant trois ou quatre heures, Crouzat s'est déterminé à faire sa retraite sur le Doré où je l'ai trouvé. Il m'a rendu compte qu'elle s'etait faite en très-bon ordre, malgré que beaucoup de soldats, qu'il présume n'être qu'égarés, ne soient pas encore rentrés à leurs bataillons.”

“Quant à la colonne que je commande, elle n'est pas non plus restée dans l’inaction. Arrivé dans les Landes qui avoisinent la forêt de Leppo, j'ai mis ma troupe en bataille, afin d'observer les mouvemens de l'ennemi, et d'être à portée de donner des secours à Crouzat en cas de besoin.

Ce ne fut qu'environ une heure après m'étre formé en bataille et avoir entendu les feux de file et de peloton très-suivis qui se faisaient entendre sur ma gauche, que je më déterminai à marcher directement sur Geste, afin d'inquiéter l'ennemi, même de le prendre à revers en cas qu'il fût poursuivi par Crouzat.

» En conséquence, j'ai fait partir mon avant-garde sons les ordres de l'adjudant-général Flavigny, et l'ai dirigée sur Geste, en lui recommandant de ne point s'aventurer dans Geste sans avoir parfaitement éclairé sa marche. Mes ordres ont été ponctuellement exécutés.
Flavigny, n'ayant trouvé qu'une faible résistance, est entré dans le bourg avec son avant-garde ; il a poursuivi et mis en déroute, sur la route de Nantes, environ deux cents brigands.

» M'étant assuré qu'il n'y avait aucun risque à traverser Geste pour gagner le Doré, j'ai pris le parti de faire exécuter ce mouvement à ma troupe. J'ai traversé ce bourg à mon aise ; mais à peine avais-je eu le temps de la former en bataille, que j'ai été informé que l'ennemi entrait dans Geste du côté de Beaupreau et de St-Philbert.

« Un bataillon de la Marne, qui formait mon arrière-garde, fut bientôt aux prises. J'envoyai le 74ème pour le soutenir, je fis mettre un bataillon en tirailleurs à droite
et à gauche de ma troupe, et m'étant aperçu que l'ennemi qui se trouvait en force, avait le projet de me cerner, je ne balançai pas à ordonner la retraite, avec d'autant plus de raison que mes tirailleurs et les bataillons de première ligne avaient été forcés de se replier sur moi.

» Mon avant-garde me joignit alors, et je donnai de nouveaux ordres à Flavigny pour protéger, de concert avec la cavalerie, la retraite de la colonne.
J'attachai à cette avant- garde, devenue par la force des circonstances notre arrière-garde, le général Jacob  mais malheureusement ce général fut contraint de venir me retrouver, après avoir reçu une balle à la cuisse droite.

» Je n'en exécutai pas moins ma retraite sur le Doré, où je suis arrivé à huit heures du soir. Je n'ai encore eu jusqu'ici aucune nouvelle ni du bataillon de la Marne, ni du 74ème régiment que j'avais envoyé à son secours, non plus que de Flavigny et de sa troupe (1),
Les hurlemens affreux de l'ennemi ont porté l'épouvante dans l'âme des soldats , et je crains bien que beaucoup d'entre eux né soient tombés sous les coups de ces scélérats qui avaient un avantage inappréciable, celui de connaître parfaitement le terrain.

» Je présume que le bataillon de la Marne et le 74ème régiment ont fait leur retraite sur Montrevault.
Quant à Flavigni, il ne peut que s'être trompé de route, à cause de la nuit, et je compte qu'il me rejoindra demain à la pointe du jour.

» Tu vois, mon cher camarade , que malgré la fatigue et un combat très-vif, je n’ai pas moins exécuté ton ordre de me rendre au Doré ; quant à Crouzat que j'y ai trouvé aussi la force des circonstances ne lui a point permis de se rendre au Fief-Sauvin.

» Je juge l'ennemi au nombre d'environ 3 000 hommes dont moitié armés de fusils, et le reste de piques ou de bâtons. Il serait de la plus grande importance de réunir une
partie de tes forces de ce côté-ci, afin de détruire ce repaire de brigands.

» Ma colonne, ainsi que celle de Crouzat, ont presque épuisé toutes leurs munitions ; je vais en faire la demande à Nantes et à St-Florent à la fois, et si.demain je suis attaqué par une force supérieure, je te préviens que je me rapprocherai le plus possible de la Loire, même de Nantes, où je compte faire ma retraite en cas de nécessité. »

(1) Tout cela avait bien l'air d'une déroute ; mais Turreau ne conviendra pas même de cet échec.

 

Le même jour à Montrevault

RJS :   Je me suis déterminé à faire partir ma troupe à trois heures du matin pour Montrevault où je suis arrivée la pointe du jour. J'y ai trouvé le 74ème ; quant au bataillon de la Marne je ne sais encore ce qu'il est devenu, non plus que mon adjudant-général qui a sous ses ordres près de 1 200 hommes.
J'attends Flavigny et mon bataillon de la Marne, pour être tranquille. J'oubliais de te dire que la voiture de mon état-major, chargée de mes effets et papiers , ainsi que de l'argenterie qui m'avait été déposée, est tombée au pouvoir des brigands ; ce qui me console, c'est qu'ils n'ont pas ma correspondance que j'ai toujours soin de faire porter par mon domestique. »

 

Le 2 février,  le représentant Carrier, à Nantes, au général en chef.

RJS :   Je te préviens, général, qu'une brigade de la division du général Cordellicr, sous les ordres d'un adjudant-général, nommé Flavigny, a trouvé dans sa route un rassemblement de brigands ; qu'à la première vue de ces scélérats notre brigade s'est mise en déroute, sans brûler une amorce, s'est repliée jusqu'à Nantes, et voulait absolument y entrer hier soir.
L'entrée lui a été refusée, et Vimeux lui a donné l'ordre de se rendre ce soir au Lorouz. L'adjudant-général se plaint des soldats, ceux-ci se plaignent de l'adjurant-général.,Trop malade pour prendre connaissance de cette déroute vraiment inconcevable, je t'en laisse le soin.
Punis, punis, je t'y invite les traîtres et les lâches !!! 
Il est étonnant, il est humiliant que des républicains aient lâchement fui devant un rassemblement de brigands sans artillerie et dont la plupart n'avaient point
de fusils. Justice, justice sévère...!

 

Le 2 février, Vimeux, de Nantes.

RJS :   Cette nuit à une heure, j'ai été prévenu qu'une colonne se présentait à la barrière St-Jacques arrivant de Valet et demandait à entrer dans lé ville.
Je l'ai laissée hors de cette barrière jusqu'au jour. J'ai fait venir chez moi l'officier qui la commandait ; il m'a dit se nommer Flavigny, adjudant-général de la colonne Cordellier.
Voici à peu près ce que j'ai pu tirer de lui : “Hier, m'a-t-il dit, nous nous rendions au Doré ; nous avons été attaqués près de Geste par des forces très-supérieures. Je n'avais pas de guide, j'ai trouvé une grande route, je l'ai suivie et je suis arrivé devant Nantes. “
» D'après la note qui m'a été fournie par le commissaire ordonnateur sur l'article des subsistances j'ai ordonné à Flavigny de conduire sa troupe au Leroux et d'y attendre de nouveaux ordres. »

 

Le 4 février, Cordellier. à Montrevault.

RJS :   Par la lettre que je t'ai écrite pour te rendre compte des affaires de la journée du premier de ce mois, tu as dû t'apercevoir que j'ai eu assez de délicatesse pour ne compromettre personne, malgré que quelqu'un l'ait véritablement mérité; mais aujourd'hui que toutes mes troupes sont rassemblées, aujourd'hui que j'ai éclairci ce qui ne m'avait encore paru que ténébreux, aujourd'hui enfin que j'ai appris à connaître les véritables qualités des personnes qui m'entourent, mon républicanisme m'impose le devoir de te dénoncer l'adjudant-général Flavigny, pour n'avoir pas, ponctuellement exécuté l'ordre que je lui avais donné, et qui, par cette faute impardonnable, a compromis la chose publique et fait perdre à la patrie beaucoup de ses zélés défenseurs.

» J'avais ordonné à Flavigny de ne point passer dans le bourg de Geste, mais de le laisser sur sa gauche en se dirigeant sur le Doré où tu m'avais ordonné de me rendre.

Ce n'est qu^après lui avoir répété plusieurs fois la marche qu'il devait tenir, que je le fis partir avec des guides du pays auxquels j’expliquerai aussi mes intentions.
Loin d'exécuter mes volontés, Flavigny continua toujours de faire à sa tête et parvint à s'engager dans une affaire qui ne pouvait manquer de devenir funeste.

» Indépendamment de cette faute, Flavigny en commit une seconde, en se portant jusqu'aux portes de Nantes, au lieu de se rendre au Doré, ainsi que je lui en avais donné l'ordre.

» Si Flavigny, en arrivant hier soir, n'eût pas nié formellement les ordres verbaux que je lui ai donnés, et s'il n'eût pas cherché par-là à me compromettre, j'aurais passé sous silence sa désobéissance ; mais, comme il a eu l'impudence de les nier, et que ma responsabilité serait compromise, si je cachais plus long-temps la vérité, je t'informe qu'une pareille conduite m'a déterminé à lui ordonner de se rendre dans les prisons de St-Florent.

Malgré que la faute qu'il a commise soit impardonnable, surtout pour un ancien militaire, je compte ne l'en punir que par la voie de la discipline seulement, à moins que tu
n'en ordonnes autrement (1). »

(i) Il serait difficile d'ajouter foi à cette nouvelle version de Cordellier, lorsqu'on se rappelle qu'il avait donné l'ordre à Crouzat d’attaquer l'ennemi à Gesté, et que son intention était de soutenir cette
attaque... Le supérieur ne veut jamais avoir tort.


Le 5 février, Cordellier est à Gesté et massacre 300 habitants.


Le 6 février, le général Moulin, au général en chef Turreau à Cholet.

RJS :  Je viens de recevoir ta lettre qui m'annonce que tu n'es pas sans inquiétude sur le compte des généraux Cordellier et Crouzat. Je t'avoue que j'en suis très-inquiet aussi ; car enfin non-seulement ils ne paraissent point au poste de Tiffauge, mais encore je ne puis, par aucune patrouille ni découverte, apprendre où ils sont retirés.

» Le détachement de 500 hommes que, tu m'as ordonné de placer a Tiffauge ne peut y tenir. Les brigands entourent ce poste journellement. Tu connais l'esprit du soldat
sur la manière dont les brigands nous cernent; tous tremblent, et je crains qu'à la plus petite attaque, ce poste ne nous soit enlevé avec beaucoup de perte.

» Le commandant de Mortagne m'annonce que les brigands sont en force de l'autre côté du Longeron, ils viennent tous les jours l'insulter. Je ne puis renforcer ce poste pour le mettre à l'abri de toute attaque. Boucret avec sa brigade est à découvert à Chambretaud ; si tu voulais lui donner l'ordre de se rendre à Mortagne, nous pourrions nous secourir l'un l'autre.

» Il ne faut pas se le dissimuler, les brigands sont plus forts qu'on ne se le persuade. Ils occupent La SalIe-de-Vihiers, les Gardes, Chemillé, Vezins, Jallais, Tout-le-Monde, etc.
Le poste de Coron a été obligé de se replier sur Vihiers. Tu vois qu'ils sont autour de moi sur tous les points.

» La position de Cholet étant difficile, la moitié de ma troupe bivouaque toutes les nuits, et l'autre est habillée et prête à marcher, mais le soldat se fatigue (1).

» Depuis que je suis à Cholet, je n'ai cessé de demander des cartouches à Saumur, je n'en reçois point et la moitié de ma garnison n'en a que sept à huit.

Je suis vraiment inquiet de Cordellier. Une fusillade assez vigoureuse s'est fait entendre ce soir du côté de Geste. Je désire que ma lettre te parvienne. »

 (1) La garnison de Chollet était alors composée de 23 détachements de différents corps, formant environ 3 000 hommes, parmi lesquels il ne se trouvait que 1 200 hommes de troupes de ligne.

 

Le 6 février, le général Cordellier, au général en chef, à Tiffauges

RJS :  En arrivant à Tiffauges, je m'empresse de te rendre compte de ce qui s'est passé dans ma division depuis le 1er de ce mois.

» J'attendais toujours ta réponse à ma dernière, avant de commencer mon mouvement; mais ton silence, joint au peu de renseignemens que j'avais sur la position actuelle de l'ennemi, m'a déterminé à partir de Montrevault pour me rendre â Tiffauges, en passant par Geste et Montfaucon où j'ai couché.

» J'ai ponctuellement exécuté ton ordre de purger, par le fer et le feu, tous les endroits que j'ai rencontrés sur ma route ; car indépendamment que tout brûle encore, j'ai fait passer derrière la haie environ 600 particuliers des deux sexes.

» Je n'ai point été inquiété dans ma marche d'aujourd'hui, mais hier, à environ une demie-lieue de Montfaucon où je ne suis arrivé qu'à minuit, quelques brigands voulurent s'opposer au passage de mon avant-garde. Quelques coups de fusil les mirent à la raison et ils nous échappèrent à la faveur de la nuit.

» En arrivant ici, j'y ai trouvé 600 hommes faisant partie des troupes aux ordres du général Crouzat.
Ils formaient toute ma sollicitude; ainsi, maintenant toute ma division se trouve rassemblée et portée à environ 2 400 hommes non compris 600 hommes qui m'arrivent ce soir et que j'ai tirés de la garnison de St-Florent.

» Je viens d'écrire à Moulin pour le prier, de me donner les renseignemens qu'il peut avoir sur la position de l'ennemi.
Je te prie également de me faire connaître ceux que tu peux avojr de ton côté. »

 

Le mercredi 5 février le général Cordellier et sa troupe reconstituée, quitta Montrevault, après avoir laissé 41 morts, pour rejoindre à Tiffauges le général en chef Turreau. Sa colonne infernale pris la route de Gesté où ils arrivèrent à l’improviste dans le bourg. Là, ils firent main basse sur les malheureux habitants qui avaient crus pouvoir entrer dans leurs demeures incendiées, 4 jours avant, pour commencer à en réparer les dégâts. Ces infortunées victimes, jointes à celles prises dans les fermes le long de la route de Montrevault, formaient un total de plus de trois cents.
La division conduite par Cordellier se chargea d’emmener avec elle les prisonniers qui, n’ignorant pas le sort qui les attendait, marchaient en silence égrenant leur chapelet. Un témoin oculaire, une domestique de l’Ecorcheloire occupée à laver du linge dans le ruisseau entre le bourg et le Petit-Moulin, put nous raconter la suite. Elle vit qu’en deçà du Petit-Moulin
une pauvre femme ne pouvant suivre fut assommée ainsi que l’enfant qu’elle portait dans ses bras. Les deux cadavres furent jetés dans un pré voisin. Il s’agissait de Renée Godin demeurant au bourg, agée alors de 28 ans, fille de Pierre Godin journalier et de Marie Rousselot, épouse de Jean Ravejeau, journalier. Sa fille Perrine Ravejeau massacrée avec elle n’était agée que de cinq ans. 
Lorsque la colonne fut rendue au Plessis, les victimes furent placées dans l’allée de la Bourie où les bourreaux après
avoir mis le feu au château du Plessis et à ses dépendances les fusillèrent à la lueur de l’incendie.


Louis Monnier, chef de la division de Montfaucon, nous raconte Gesté après le passage de Cordellier, du 5 février 1794 :

« je devais ramener promptement les hommes qu’il me fallait pour attaquer Beaupréau où étaient 5 000 hommes qui n’avaient pas osé nous attaquer.
Je pris donc deux cavaliers qui connaissaient la route. Il fallait passer le bourg de
Gesté qui était en feu. Il faisait noir ; nous nous arrêtâmes un instant à l’entrée du bourg pour voir s’il n’était point resté de bleus (les républicains). Comment passer ? Les maisons en feu tombaient dans les rues. Heureusement que nos chevaux n’étaient pas peureux. Nous passions sur ces chevrons qui brûlaient. Nous voyions dans les portes des femmes égorgées que le feu brûlait et des enfants massacrés que l’on avait jetés dans les rues. Tel fut le spectacle que nous eûmes en traversant le bourg à dix heures du soir. Ce qui m’effraya le plus, fut une maison qui était tout en feu. Nous aperçûmes dans les chambres du bas une quantité de victimes qui brûlaient, et dont l’odeur, qui sortait par les croisées, nous infectait. A peine étions-nous passés de quinze pas, que la maison s’écroula. La charpente tomba dans la rue, ce qui fit un feu épouvantable. »

Le 5 février, Cordellier passa à St Germain sur Moine, où furent massacrées au moins 13 personnes.

Le 6 février, Cordellier était à Tiffauges, d'où iI écrivait au général Turreau, commandant en chef les douze colonnes infernales, un rapport dont voici un extrait :

"-Je me suis déterminé à partir de Montrevault pour Tiffauges, en passant par Geste et Montfaucon où j'ai couché ; j'ai ponctuellement exécuté ton ordre de
purger par le fer et le feu les endroits que j'ai rencontrés sur ma route, car indépendamment que tout brûle encore, j'ai fait passer derrière la haie environ 600 particuliers des deux sexes. "

Le 19 avril 1824, René Piou, mari de Louise Barré, déclarait devant le juge de paix en vue de l'attribution d'une pension que : "la dite Louise Barre, étant agée de 4 ans, reçut plusieurs coups de sabre, tant sur la tête que sur d'autres parties du corps, dans un massacre qui eut lieu à Gesté, le 5 février 1794 ; que par suite de ces blessures elle se trouve infirme et sujette à de grandes incommodités..."

Le même jour, Joseph Guérin, 48 ans, maréchal à Gesté, attesta que : "dans un massacre qui eut lieu à Gesté, le 5 février 1794, où périrent quatre à cinq cents femmes, enfants et vieillards, la dite Louise Barre fut laissée pour morte, couverte de blessures et baignée dans son sang et celui de sa famille ; qu'ayant été secourue, on est parvenu , presque contre toute espérance, à lui sauver la vie, mais qu'elle est encore infirme du doigt annulaire gauche, affaiblie de la main droite et qu'elle a depuis ce massacre la respiration râleuse et gênée."

Trois autres témoins attestent des mêmes faits.

 

Le 8 février, Cordellier à Tiffauge

RJS :  Je ne sais, citoyen général, si Moulin t'a informé qu'il avait été trompé dans son attente, et que sa troupe était restée hier en position depuis quatre heures du matin, sans que l'ennemi ait osé venir se mesurer avec elle, malgré qu'il ne fût distant de Cholet que d'une lieue sur la route de Vezin.

De mon côté, j'ai été inquiété hier par environ 200 brigands ; j'ai envoyé contre eux un bataillon d'infanterie et 20 chasseurs qui en ont tué une partie et fait fuir l'autre jusqu'à Bazoges.

» Ce bataillon s'est fort bien acquitté de sa mission ; il a incendié le bourg des Landes Genusson et ses dépendances, sans oublier le château , et a fusillé tous les hommes, femmes et enfants qui y étaient restés.

» Comme je n'ai point de nouvelles du général Duquesnoy, que je soupçonne être du côté de Maulevrier, et que je suis certain de trouver l'ennemi sur la route de Cholet â Vezin, je pars à l'instant à sa rencontre, afin de le forcer au combat et de ne le plus quitter que quand il sera totalement détruit.

» Je ferai bivouaquer ma troupe de l'autre côté de Cholet aujourd'hui, pour en partir demain à la pointe du jour.

» Je laisse ici, pour la garde du château, deux bataillons, forts de 600 hommes, que j'ai tirés de la garnison de St-Florent. »

 


Vers le 13 février 1794, Cordellier se rend à Saint Crespin et y
massacre « dans le Champ de la Vigne » les domestiques de Boisame, la mère du général Monnier et emmènent sa femme à Clisson avec beaucoup d'autres personnes qu'il saisit chemin faisant ; rendu dans cette ville, il fusille prisonniers et prisonnières.

En passant à Tillières,
il massacre la famille Brin, de l’Etardière, 6 enfants de 11 à 3 ans, et 3 adultes.

 

Les colonnes y repasseront encore 3 fois les 22 mars, 5 avril et 8 juin de cette année 1794.(voir ici la liste complète des 59 morts de cette période) 



Le  22 Mars 1794 , fut massacrée toute la famille CHAUVEAU, âgées de 60 à 3 ans à Foye à St Germain sur Moine.

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En  Juin 1794 ,furent massacrées aussi 8 personnes de la famille MARY, âgées de 40 à 4 ans à St Germain sur Moine.

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le lendemain, Cordellier écrivit à  Turreau : 
J’ai ponctuellement exécuté ton ordre de purger par le fer et le feu les endroits que j’ai rencontrés sur ma route, car indépendamment que tout brûle encore, j’ai fait passer derrière la haie, environ 600 particuliers des deux sexes. » 


le 7 février, la colonne infernale de Cordellier passe le pont de Chambrette aux Landes-Genusson, et tombe sur 200 vendéens qui leur tirent dessus avant de prendre la fuite. Le lendemain, Cordellier fait son rapport à Turreau :

" ... De mon côté j'ai été inquiété hier par deux cents brigands ; j'ai envoyé contre eux un bataillon d'infanterie et vingt chasseurs qui en ont tué une partie et fait fuir l'autre jusqu'à Bazoges.

Ce bataillon s'est fort bien acquitté de sa mission ; il a incendié le bourg des Landes Génusson et ses dépendances, sans oublier le château, et a fusillé tous les hommes, femmes et enfans qui y étaient restés..." (Savary, t. III, p. 165).

Cordellier va donc ramasser une centaine d'habitants, essentiellement des femmes et des enfants, dans le bourg et les pousser à coup de crosse jusqu'à l'entrée d'un champ le long de ce qui était à l'époque la route de Tiffauges.
Douze personnes parviendront à s'échapper, les
quatre-vingt-huit autres seront massacrées. Le bourg des Landes-Génusson sera bien entendu incendié comme on l'a vu avec le rapport de Cordellier.

Entre le 11 et le 14 février 1794, la Colonne Infernale de Cordellier est dans le secteur de la Chaussaire, où il fait au moins 30 victimes (voir ici le détail).

Le 14 février, Cordellier à Beaupreau, pour le général Huché, à Cholet.

RJS : “Je n'ai point rencontré l'ennemi qui est suivant toutes les apparences à Neuvy et à Ste-Christine.
J'ai fait incendier Chemille en le quittant.”
 

 

Le 14 février, Turreau, à Nantes écrit au Ministre

RJS :  C'est un vrai plaisir pour moi de t'annoncer les nouveaux succès qu'ont obtenus les armes de la république.
Le général de division Cordellier m'annonce deux victoires remportées aux environs de Beaupreau et de Montrevault,
1 500 brigands ont mordu la poussière, 200 se sont noyés dans l'Êvre.
Cordellier les poursuit sans cesse, c'est mon ordre ; les deux colonnes agissantes devant poursuivre sans cesse les rassemblement de l'ennemi, tandis que des postes d'observation le tiennent en échec et l'empêchent de sortir d'un cercle que chaque victoire rétrécit de plus en plus (1).

(1 Les deux colonnes n'en formaient qu'une, celle de Cordellier réunie à celle de Crouzat. Il n'existait plus, dans l'intérieur de la haute Vendée, que le poste de Cholet. Le cercle étroit était toute la

Vendée.

 

 

La 5ème demi-colonne de Crouzat, adjoint de Cordellier.

Elle ira de Brîssac à Thouarcé, Gonnord , Chemillé, Le May, la Romagne, St Philbert, Montfaucon.
 

 

Le 23 janvier, Crouzat arrive à Gonnord. L’armée entoure le village ; les soldats surprennent 200 de ses habitants, dont une trentaine d’enfants, les conduisent à l'extrémité du bourg, sur la route de La Salle-de-Vihiers, et les massacrent sur place, avant de reprendre leur marche sur Joué-Etiau.

Le 23 janvier, à Gonnord, il surprend 200 personnes, femmes, enfants, vieillards et les massacre sans pitié, en enterrant même quelques uns vivant !
Sur le chemin de Joué, il stoppe
une horde de paysans tentant de s'échapper, il les massacre également, brûlant le bourg parla même occasion.
Partout où il passe, à Chemillé, Chanzeaux, Melay, c'est le même rituel qui se passe avec un plaisir immonde à l'exécuter.
-

 

 

le 24 janvier. Lors du passage de la 5ème colonne infernale de Crouzat à la Sorinière de Chemillé, la ferme est pillée puis livrée aux flammes. Les fermiers et leurs familles sont massacrés.

À leur arrivée, les soldats républicains massacrent François Rochard, âgé de 69 ans, et ses deux belles-filles : Jeanne Dailleux et sa sœur Marie. Les deux maris, Jean et René Rochard, sont absents. Depuis le début de la guerre, ils combattent auprès de l'Armée vendéenne. René a été réquisitionné pour transporter le ravitaillement aux troupes. Jean a dû rejoindre l'armée de Stofflet.
La folie meurtrière de la colonne infernale de Crouzat
n'épargne pas non plus les cinq jeunes enfants nés de l'union de René et Marie : Henriette, âgée de 5 ans et demi, René, 4 ans, et Joseph, 5 mois et ceux nés du mariage de Jean et Jeanne : Jeanne, 4 ans et Pierre, 2 ans.
Jean Rochard et Jeanne Dailleux avaient aussi donné naissance à des jumeaux en 1788. Jean-Louis a été grièvement blessé à la tête et laissé pour mort mais a survécu 82 ans. François-Jean a traversé cette épisode sanglant et a vécu 87 ans.

Le 24 janvier, toutes les femmes du bourg de Melay et des villages répondent à l'injonction qui leur a été faite de comparaître devant ce Comité des Gardes pour y recevoir un brevet de civisme.
Une fois les femmes réunies dans la salle d'audience, le président veut savoir celles dont les maris ou enfants auraient été dans l'armée des brigands. Saisies d'épouvante, elles répondent néanmoins avec franchise, préférant mourir que de trahir leur conscience par un mensonge.
Le lendemain 25 janvier, la paroisse est enveloppée par un détachement de la colonne infernale commandée par Crouzat. Une compagnie d'infanterie arrive. Les soldats envahissent les maisons. Ils en tirent brutalement leurs habitants et les conduisent dans la cour du presbytère, dont la salle est transformée en tribunal révolutionnaire. Le jugement est vite mené. Toutes celles dont le mari ou un proche ont combattu sont condamnées à mort avec leurs enfants. Avant de procéder à l'inique sentence,
on met le feu aux maisons des victimes puis à la cure et à l'église.
Les victimes marchent entre une double haie de soldats, traversent le pré de la cure et arrive près du fossé du champ désigné pour l'exécution.
Les victimes sont poussées avec brutalité dans la haie d'épines. Un roulement de tambour se fait entendre.
L'officier commande le feu
. Les soldats achèvent les blessés.
52 personnes dont 23 enfants sont massacrés dans ce champ. 

 

Le 25 janvier, Cordellier écrit :
RJS :  ”Mon adjoint Crouzat, hier (en fait il s’agit du 23) au seul bourg de Gonnord, a
tué 310 brigands, vieillards, femmes et enfants, mis vivants dans le fossé.
Dans ce moment
40 métairies éclairent la campagne. “

Le 25 janvier, Crouzat arrive à Chanzeaux et trouve dans l’église mesdemoiselles Picherit et Blanchard en train de fleurir l’autel. Les soldats les arrêtent, ainsi qu’un vieillard et une douzaine d’autres femmes du village. Tous sont fusillés

 

 

Le 26 janvier, Crouzat écrit depuis le May

RJS :   J'ai cru devoir, citoyen général, exécuter ton ordre de cette nuit. J'ai suivi la route que tu m'avais indiquée et sur mon passage, depuis Cbemillé jusqu'à Jallais où je suis arrivé à une heure, j'ai fait fouiller villages, bois, landes, genêts, sans rencontrer de brigands. J'ai vu à Jallais, le général ***, à qui j'ai fait mon rapport.

» Je suis établi ici militairement et dans la plus grande surveillance, en attendant tes ordres. Je n'ai pas manqué de faire désarmer tous les bourgs et villages par où j'ai
passé. »

» Comme j'achevais ma lettre , je reçois un billet de ton premier secrétaire Courtin qui me prévient que tu as envoyé 600 hommes d'infanterie et 50 chevaux pour reprendre Chemillé. »

 

Le 27 janvier, il est toujours au May
RJS :   Je dois te rendre compte, citoyen général, de la pénurie dans laquelle je me trouve pour procurer du pain à ma troupe.
J'ai eu toutes les peines du monde, au moyen d'une réquisition k la municipalité, à faire fournir lff*ubsistance pour aujourd'huî.
Tu as dû apprendre que nos vivres ont été pillés à Chemillé. Je te prie de donner tes ordres en conséquence.
» Il n'y a rien de nouveau dans nos environs, je les fais fouiller par des patrouilles qui ne sont pas encore rentrées. »

 

Le 28 janvier, toujours au May
RJS :   Je m'empresse de l'envoyer, citoyen général, le rapport de deux émissaires que j’ai mis en campagne, aujourd'hui, l'un sur la Romagne et l'autre sur Trementines, pour découvrir la trace de l'ennemi. En conséquence, j'ai fait doubler les postes; toute ma troupe est sur le plus grand qui vive.

“Permets-moi une observation : tu peux bien être assuré  que moi et ma troupe nous sommes disposés à opposer à l'ennemi la plus vigoureuse résistance, mais, comme il faut tout prévoir, permets-moi de te demander sur quel point je devrais faire ma retraite, si, ce que je ne prévois pas, j'y étais forcé par des forces supérieures. Serait-ce sur Chollet ? serait-ce sur Jallais ? J'attends ta réponse. »

 

Le 29 janvier, toujours au May
RJS :   Ma troupe à été sous les armes depuis six heures du malin jusqu'à la nuit. Je lui ai fait prendre position à l'embranchement du chemin de Jallais et de Çhemillé. J'étais avec elle pendant que l'adjudant-général Levasseur gardait le bourg du May avec 300 hommes : tout a été tranquille.

» J'avais donné l'ordre au détachement de 100 hommes, envoyé à St-Macaire, de rentrer ; l'ordonnance est arrivée au moment où le poste a été attaqué par une troupe de brigands dont le nombre paraît être de 800 à 1000 hommes.
Le détachement a été mis en déroute à mon très-grand regret, et s'est sauvé de côté et d'autre. Il y en a plus de 60 de rentrés, et j'espère qu'il en rentrera encore ; il en arrive à chaque instant."

Le 30 janvier, toujours au May
RJS :   Je vois avec beaucoup àe chagrin, citoyen général, que tu as désapprouvé le détachement de cent hommes que j'avais envoyé à St-Macaire, à la demande cette commune, dans laquelle la république avait des magasins de grains a conserver. Au départ de ce détachement, une ordonnance est partie pour t'en rendre compte. Je serais bien fâché d'entreprendre rien contre les ordres et les dispositions de mes chefs.
Le désir de concourir à la conservation des magasins dont j'avais eu avis, m'a décidé à faire partir le détachement qui, à la vérité, à éprouvé un échec qui me fait beaucoup de peine  mais aussi les brigands n'ont fait que passer dans St-Macaire, et les magasins ont été conservés. Quoi qu'il en soit, je t'envoie fidèlement le rapport qui vient de m'étre remis par le chef de bataillon qui commandait le détachement. »

 

Extrait du rapport du chef de bataillon Dreulhe./

RJS :   Chargé par le général Crouzat de me rendre à St-Macaire avec 100 hommes de mon bataillon, à l'effet de protéger les grains et les fourrages qui s'y trouvaient en très-grande quantité, j'y suis arrivé le 28 à trois heures après midi, et je me suis bientôt aperçu que je me trouvais parmi des amis de la république.

» Ce matin 29, sur le bruit répandu que des brigands rôdaient dans les environs de St-Macaire, j'ai cru qu'il était de mon devoir d'aller à la découverte avec une partie de
- mon détachement, l'autre restant employée au service de la place. Environ une heure après ma sortie, j'ai entendu le bruit de la mousqueteric vers St-Macaire, je m'y suis rendu de suite. A peu de distance du village, j'ai rencontré les brigands réfugiés dans un bois ; j'ai remarqué qu'ils étaient en assez grand nombre, dont 20 cavaliers, et que beaucoup de femmes se trouvaient parmi eux. Ils ont fait feu sur ma patrouille; j'ai fait riposter , et j'ai effectué ma retraite sur St-Macaire où je croyais trouver les hommes au poste que j'avais établi. J'ai appris que ces hommes avaient été attaqués par 600 brigands, mais qu'ils s'étaient battus, quoiqu'en petit nombre, d'une manière distinguée ; que. cependant ils avaient été obligés de faire retraite sur le bourg du May. J'ai aperçu cinq hommes de mon détachement tués et trois blessés. Je me suis déterminé alors à faire ma retraite sur le May, où je suis arrivé en bon ordre. •


Le 31 janvier Cordellier déclare

Je viens de donner l'ordre à Crouzat, qui se trouvait à St-Philbert, plus près de Geste que moi, de s'y porter et d'attaquer sur deux colonnes.   

Crouzat se rendra au Fief-Sauvin ainsi que le porte ton ordre. ».

 

 

Le 1er février,   le Général Moulin, depuis Cholet, sur la défaite de Robiquet à Gesté

RJS :   “Je te donne avis que la colonne de gauche du général Crouzat, aux ordres du chef de brigade Robiquet, a été attaquée et forcée à la retraite à Geste.
Il parait qu'il a fait sa retraite sur St-Philbert où il n'a point rencontré le général Crouzat. Il a protégé la retraite d'un convoi qui le suivait, et une grande partie de sa troupe vient de rentrer en désordre à Cholet : lui-même est blessé d'une balle à l'épaule,
Il a perdu trois ou quatre officiers et une centaine de fusiliers. Il paraît qu'il a vu de très-près le chef vendéen revêtu de l'habit de général de brigade, et toute sa suite en habits bleus. Tu feras bien d'en prévenir tes postes avancés, afín qu'ils ne se laissent pas tromper par ce déguisement.

“Demain, j'expédie sur Saumur toutes les femmes, filles, enfants et vieillards réfugiés ici. Je ne garde que ceux qui sont en état de travailler aux abattis. Les subsistances sont trop difficiles à fournir (1),        .   s \

(1) En détruisant les fours, les moulins, les moyens de transport il ne restait plus de ressources aux troupes pour vivre, et l’on était obligé de faire venir du pain de Saumur et de Nantes dans l'intérieur
do la Vendée.

 

 

Le 1er février 1794, une partie des troupes de Crouzat. chassée de Gesté par l'armée vendéenne cantonne à St Philbert.
4 femmes et 6 enfants dont l'aîné a moins de 9 ans sont massacrés au lieu-dit « les Cimbronières » sur la route d’Andrezé.


Le 1er février, à Gesté, vers 8 h du matin, les Bleus arrivent par la route de Villedieu.
C’était Crouzat  ayant couché à St-Philbert. Le combat commença au Petit-Moulin et se continua avec acharnement jusqu’au bourg. Les vendéens accablés par le nombre pliaient et déjà quelques-uns avaient pris la fuite dans la direction des landes de la Musse. Les républicains, au lieu de les poursuivre sans trêve, s’attardèrent dans le bourg à
massacrer les infirmes, femmes, enfants et vieillard à qui pourtant ils venaient de promettre la vie sauve pourvu qu’ils restent dans leur maison. Quelques heures plus tard, ils repasssèrent à Gesté et incendièrent le bourg à l’exception de quelques maisons qu’ils connaissaient. Seules six maisons restèrent debout.

 

La nuit du 5 au 6 février 1794 : la colonne de Crouzat perpetra l’effroyable massacre de Montfaucon.
La ville est incendiée. Les assaillants laissent en se retirant un monceau de cadavres sur une place publique. On dénombre 41 morts dont 26 adultes, 3 adolescents et 12 tout petits enfants, et parmi eux les deux filles Rousseau, Victoire et Rose qui survivront bien que très mutilées ; l'une avait à la gorge une horrible blessure, par laquelle sortait tout ce qu'on voulait lui faire avaler. L'autre avait un poignet tranché. Soignées par un chirurgien de la ville, ces deux enfants guérirent. Victoire qui avait eu la main tranchée d'un coup de sabre a vécut jusqu’en 1863 à Montfaucon, où on l'appelle, à cause de cela, la Mancotte. Le bleu qui lui coupa la main se justifia en disant que ça lui ferait un “souvenir de la Vendée”.


Le massacre étant terminé, les Bleus pillent de nouveau, puis après avoir incendié les maisons, ils s'éloignent de Montfaucon en emmenant toute la population de Pont-de-Moine, qu'ils égorgent à une demi-lieue de là, dans un endroit nommé les Tierreaux (Quereaux).

 

 

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La 6ème colonne de Moulin.

Forte de 650 hommes cette colonne ne s’est pas dédoublée.


Parti des Ponts-de-Cé, il incendie Mozé-sur-LouetSt-Laurent-de-la-Plaine et Ste-Christine mais épargne Rochefort-sur-Loire et St-Aubin-de-Luigné.

Le 24 janvier, la colonne part des Ponts-de-Cé et incendie Mozé-sur-Louet mais épargne Rochefort-sur-Loire.
»RJS : (Moulin) est arrivé aujourd'hui à Rochefort et a dû t’informer de ce qu'il a fait dans sa marche et de ce qu'il fera. Je sais seulement qu'il a envoyé brûler le bourg de Mozé. »


Le 25 janvier : Moulin est à
Ste-Christine, qu'il ne détruit pas. 
Le 27 janvier : sa colonne
détruit St-Laurent-de-la-Plaine et retourne incendier Ste-Christine. 

Le 27 janvier, Moulin, depuis Ste Christine, déclare :

RJS :   « Je n'ai pas voulu m'ensevelir au village de Ste-Christine où je pourrais être surpris. Je me suis établi au ci-devant château du Planti qui a été brûlé ; mais il reste encore quelques granges qui peuvent mettre à l'abri la moitié de mes soldats, de façon que la moitié seulement est au bivouac. Au moins j'ai tout mon monde sous la main.

Je vais demain, et en attendant de nouveaux ordres de toi, brûler tout ce que je pourrai dans les environs ; quant à St-Laurent, il n'y existe plus une maison.

Il m'a été de toute impossibilité de faire enlever les grains et les fourrages , car je ne rencontre presque pas un homme dans les fermes.

Je viens de faire fusiller deux femmes dont une était comtesse, je ne me rappelle plus son nom.

J'apprends à l'instant, et il est huit heures du soir, que les métayers de St-Quentin, requis pour venir à Ste-Christine, ont refusé de marcher, parce que LaRochejaquelein leur a fait dire qu'il tuera aujourd'hui tous ceux qui auront marché pour la république.”

Le 28 janvier, de Ste Christine, Moulin manque de moyens

RJS :   » II m'a été impossible d’incendier le» métairies des environs d'ici. Il n'y a presque plus d’hommes pour conduire les voitures employées au transport des subsistances. Il y a dans les communes environnantes du foin et autres fourrages pour nourrir pendant six mois tous les chevaux de l'armée de l'ouest et si l'on ne prend pas de grandes mesures, il faut deux mois pour enlever le tout. »

 

Le 28 janvier, à La Poitevinière, des femmes et des enfants sont découverts, cachés derrière des taillis et massacrés, un petit enfant est promené au bout d'une pique par un soldat de Moulin.
http://dona-rodrigue.eklablog.com/la-poiteviniere-et-les-guerres-de-vendee-a5009216

 

Le 29 janvier, Moulin est à CholetTurreau lui donne l’ordre de se maintenir mais le 8 février ses hommes, bien que renforcés par ceux de Caffin, sont attaqués par les soldats de Stofflet, au nombre de 5 000.

Le général Caffin est frappé à ses côtés de deux balles; il se relève et combat encore.
Moulin est blessé aussi à la poitrine : sa chute devient le signal de la déroute.
Ce général, couvert de sang, tente de s'opposer à la fuite de ses soldats; ses soldats méprisent les ordres qu'il intime, les prières qu'il fait entendre. Alors les tirailleurs que Stofllet a façonnés de longue main à tous les périls s'égaillent dans cette ville enlevée à la baïonnette. D'autres s'acharnent à la poursuite de Moulin, qui résiste avec un courageux désespoir à l'entraînement de ses troupes. Vaincu et perdant tout son sang, il voit son cheval s'abattre dans une rue encombrée de fourgons chargés de mourants. La fuite est impossible. Il va tomber vivant entre les mains des Royalistes, lui qui, comme ses collègues, a déployé contre la Vendée une impitoyable rigueur; lui qui porte encore une de ces culottes de peau humaine dont Beysser est l'inventeur; lui qui écrivait à Courtin, secrétaire du général Turreau, et qui l'invitait à « venir manger à sa table de bonnes aloses engraissées avec des cadavres de Brigands. » Pour s'arracher au supplice, il saisit un de ses pistolets et se brûle la cervelle.

Il est enterré par les généraux Huché et Cordellier au pied d’un arbre de la liberté.


 

La 2ème demi-colonne de Grignon et Lachenay
Ces deux colonnes partent de Bressuire et doivent arriver à La Flocellière et Pouzauges 


le 21 janvier  dans le bourg de St-Clémentin, une trentaine d’habitants, dont sans doute une dizaine de femmes sont massacrés sur la place du village. Les soldats de Grignon jouent aux boules avec les têtes décapitées … Une fosse aurait été creusée près du presbytère, elle contiendrait les restes de 300 à 400 victimes massacrées à coups de sabre

Le même jour à Voultegon, proche de St-Clémentin, Grignon fait fusiller bon nombre d’habitants qu’il avait rassemblés devant la chapelle Notre-Dame de Bonne Nouvelle.


Relatant la journée du 22 janvier. Auguste Chauvin, membre du comité révolutionnaire de Bressuire dira :
« A partir d’une lieue d’Argenton, dans l’extrémité de la paroisse de Chambroutet, sur le chemin de Bressuire, tout ce qui fut rencontré fut sacrifié à la rage de Grignon, et le massacre fut horrible ; à St-Aubin-du-Plain, sous le prétexte ridicule que l’on avoit trouvé dans le clocher un drapeau de brigands, qui n’était cependant qu’un devant d’autel, il fit massacrer toute la municipalité, qui s’était présentée au-devant de l’armée, décorée de l’écharpe, ainsi que tous les bons citoyens de la commune qui s’y étaient réunis pour faire le service de la garde nationale, en vertu d’une lettre du district qui le leur prescivoit. Grignon satisfit sa rage par le massacre de tous les individus (sans distinction) qu’il rencontra, et l’incendie de plusieurs maisons ; la continuation de sa marche pour arriver à Bressuire, fut aussi la continuation des mêmes horreurs : je dois observer que Grignon, dans cette dévastation générale, qui eut lieu dans l’espace de deux lieues de pays, brûla une très grande quantité de subsistances de toutes espèces. »

Grignon lui-même annonce dans son rapport quotidien :

J’ai fait bruler quantités de métaieries, surtout le bourg de St-Aubin-du-Plain, où j’ai trouvé dans l’église un drapeau noir et blanc. Les hommes et les femmes qui s’y sont trouvés ; tous ont passé au fil de la baïonnette.”

 

Le 25 janvier, Grignon rapporte :
“Je continue toujours de faire enlever les subsistances et de brûler et de tuer tous ceux qui ont porté les armes contre nous.

Cela va bien; nous en tuons plus de cent par jour... J'oubliais de te dire que l'on m'a arrêté une dizaine de fanatiques... Ils iront au quartier général.

Ces misérables font de l'esprit. Grignon comme son collègue Cordellier emploient d'aimables métaphores pour annoncer l'exécution de leurs victimes.

Cela s'appelle : « envoyer au quartier général »; « donner un billet d'hôpital «; « faire passer derrière la haie... », etc.

Le 26 janvier, plus au sud, le Bressuirais est la victime des colonnes de Grignon et de Lachenay. Déçus de ne pouvoir incendier les bois trop humides, les Bleus désolent le pays d'Argenton à Cerizay.
Grignon en rend compte à Turreau :
“ Toutes les métairies, les bourgs et les villages que nous avons rencontrés aujourd'hui comme hier, ont été passés aux flammes. Ma colonne de gauche en fait autant. Nous en tuons près de 2 000 par jour.”

Le 30 janvier, le général Grigon  rejoint Lachenay à Pouzauges où se déroule le fameux épisode du viol et du massacre des prisonnières du château. Il ne serait resté, dit-on,  que sept maisons debout à Pouzauges après le passage des colonnes de Grignon et Lachenay.
“Le 31 janvier 1794, Grignon part avec sa colonne, incendie tous les villages depuis La Flocellière jusqu 'aux Herbiers, dans une distance de proche de trois lieues où rien n'est épargné,
les hommes, les femmes, les enfants même à la mamelle, les femmes enceintes, tout périt par les mains de sa colonne ; en vain, de malheureux patriotes, leurs certificats de civisme en main demandèrent la vie à ces forcenés ; ils ne sont pas écoutés ; on les égorge...” (d’après témoignage de Lequinio)

 

Le 22 mars, Grignon ayant quitté Somloire, repasse tuer et incendier à Etusson.

 


Le 31 janvier, alors qu'elle vient d'épargner les habitants du Boupère, la colonne infernale de Lachenay
massacre 200 femmes, enfants et vieillards dans la cour du château et incendie celui-ci.

Ils opèrent une rafle auprès des habitants de Rochetrejoux et de Mouchamps après avoir tué de pauvres paysans du Boupère la veille, paroisses pourtant réputées plutôt républicaines.

Pierre Mérit, alors agé de 8 ans, témoigne :

“Nous étions, mon frère et moi, à pêcher des verdons sur les bords du Lay, quand nous fûmes saisis par des soldats. On nous mena au milieu d'une troupe de pauvres gens de tout âge, marchant deux à deux, comme des moutons. Je reconnus beaucoup de mes parents et de mes amis [...] Arrivé dans la cour du Parc (château du Parc-Soubise), je vis des bleus mettre le feu au château. Pendant que le château brûlait, les soldats nous placèrent sur deux rangs, et tirèrent sur tout le monde à bout portant.
Ma cousine tomba près de moi et quand il ne resta plus que deux ou trois enfants qui avaient été manqués, le chef cria : «
C'est assez ». Alors j'ai été sauvé.”
Par la suite, les propriétaires de ce château ont désiré laisser l’endroit tel quel, en mémoire de la tragédie. Seule la toiture a été refaite, afin de préserver les boiseries brûlées des affres du temps.


Le 31 janvier, la colonne de Cordellier se rendant de Beaupreau à la Chapelle-Aubry
massacre 20 à 30 personnes ramassées entre autres à la ferme voisine de la Ragonnière, à  la « Croix de l’Aigrasseau » à la sortie des bois du château de Barot.

 

le 2 février 1794, au Guichonet puis aux Cimbronnières de St-Philbert-en-Mauges,des soldats républicains de la colonne du chef de brigade Robiquet,  adjoint de Crouzat, en déroute après la bataille de Gesté, massacrèrent les habitants surpris chez eux, dont les familles Moreau Brebion, Fonteneau. La moitié des victimes était des enfants.

Autres exactions commises pendant cette période hors des Mauges mais sur des territoires assez proches
 

Massacres de Doué Voir le détail de cette affaire  

du 30 novembre 1793 au 22 janvier 1794, 1200 personnes sont emprisonnées, 350 à 370 sont exécutées et 184 meurent en prison de Doué-la-Fontaine,

Détenus, dans des conditions effroyables, dans les souterrains du château, dans les caves de l’Amphithéâtre et de la Porte-Bonin, dans l’église Saint-Pierre de Doué-la-Fontaine

- 184 prisonniers moururent de misère entre le 4 décembre 1793 et le 22 janvier 1794.

- 12 furent guillotinés sur l’actuelle place du Champ-de-Foire, les 6, 8, 9 et 10 décembre1793.

- 351 (ou 359) furent fusillés dans les bois de l’abbaye d’Asnières,

Les corps des fusillés furent enterrés sur place comme le confirme Elie Trouillard, tonnelier à Doué, qui fut requis avec d’autres de se rendre « au bois de Brossay, à l’effet de faire des fosses ».

Après la fusillade, le fameux Jean Jacques Guillemette, commandant de la place de Doué, demanda aux requis de retourner les cadavres. Parmi ces derniers, il s’en trouva « qui n’avaient pas encore rendu le dernier soupir ». Alors Guillemette « ordonna aux grenadiers de la Convention de les achever, ce que ces derniers exécutèrent à coups de fusils et de sabres ».

Puis, ajoute Trouillard, on nous ordonna « de mettre tous les cadavres dans les trous que nous avions faits, ce qui fut exécuté, et nous les recouvrîmes de terre ».

Ce témoignage fixe le lieu de l’exécution et la localisation approximative des fosses. Cette fusillade eut lieu le 7 décembre et compta 68 victimes d’après les archives. Ce qui est exactement le chiffre donné par Elie Trouillard dans sa déposition. Cette fusillade compta 35 habitants de la paroisse de La Tourlandry.

Le même témoin déclare que Guillemette fit exécuter, sans aucun ordre, une quinzaine de détenus à la Porte-Bonnin. D’autres exécutions, précédées d’aucune forme de procès, eurent lieu à Doué sans que nous puissions donner leurs dates, leurs nombres, le nom des victimes...


Autres exactions commises après le 8 février 1794, date officielle de fin des colonnes
 

Le 9 février alors que l’on destitue Carrier à Nantes, on fusille deux cents personnes à la Haie-aux-Bonshommes près d’Angers, deux cents trente cinq personnes près des redoutes de Bournand au sud de Saumur,

 

le 12 février du même mois, plus de quatre cents personnes sont tuées sans combattre près de Port-Saint-Père.


Le 14 février Turreau écrit au ministre de la guerre :
« depuis que je suis entré en Vendée, voilà plus de douze mille brigands qui sont exterminés. » 


Et voici que la Vendée exsangue verra son malheur aggravé par l’ignoble Huché..

Dès le 1er  février, inquiet des incursion répétées des bandes de Stofflet autour de Cholet, le général en chef Turreau. décampe et va s'installer à Mortagne.

Le général Jean-Baptiste Moulin le remplace à la tête des garnisons de Cholet, mais, quelques jours plus tard, le 8 février, lors du combat de rues qui se livre dans Cholet, grièvement blessé et sur le point d'être pris par les Vendéens,il se brûle la cervelle.


Le 15 février, Turreau nomme Huché, en remplacement de Moulin.

Huché est un boucher toujours ivre...” de l'aveu même de ses collègues scandalisés,

« Il a l'habitude de paraître à la tète de la troupe, pris de vin et tenant des propos très inconvenants... »

Cynique et débauché, il abuse des malheureuses prisonnières qu'on lui amène et va prendre avec elles, suivant son expression. "le café de Cythère" avant de les livrer aux baïonnettes de ses soldats.

Le jour même ou il arrive à Cholet, il fait fusiller quelques malheureux prisonniers et garde pour domestique le fils de l'un d'eux, un jeune garçon du nom de Brosseau.

Boutillier de St André brosse un portrait édifiant de ce tueur, lorsqu'en partance pour Mortagne il logea chez lui, dont cet extrait :
" Le général, qui était ivre et qui, en venant de Cholet, était tombé deux fois de cheval, avait plusieurs contusions à la figure... »

La grand mère de Boutillier, qui le reçoit tout en crainte et tremblement, croit devoir s'informer timidement de ce qui lui est arrivé :

" Vous êtes blessé, général ?... Il faudrait vous faire tirer du sang..."

— Qu'appelez-vous blessé ?... Qu'entendez-vous par tirer du sang ?

Apprenez que c'est moi qui en tire aux autres... Je suis boucher... boucher de chair humaine ! »

Le 22 février 1794, le Général Duquesnoy, écrit à Turreau, depuis St Fulgent,

« Je suis parti des Herbiers et ai fait égorger dans les communes à portée de ma route plus de cent hommes, non compris les femmes.
Je te préviens encore que nous avons égorgé aux Herbiers un petit poste armé de piques et de fusils; d'après plusieurs rapports, l'ennemi y est venu fourrager en force hier matin.

Je te rends compte qu'après avoir donné une escorte à mon ambulance, partant de Mortagne pour les Herbiers, une voiture s'est brisée en route. Le commandant de cette ambulance ne m'envoya aucune ordonnance pour m'en faire part, et l'escorte quitta aussitôt l'ambulance pour suivre tes deux premières voitures, de sorte que le conducteur, deux charretiers des voitures embourbées et quelques traînards, tout a été égorgé et pris par les rassemblemens qui s'étaient repliés sur la Gaubretière, la Verrie, Beaurepa re et Bazoge.

Je te préviens de plus, citoyen général, que le poste que tu as à Mortagne, si tu ne donnes d'autres ordres, sera égorgé au premier jour, vu que l'ennemi occupe deux ou trois points qui l'avoisinent.
Le commandant de ce poste m'a même rendu compte que, dans une découverte qu'il fit faire la veille ou l'avant-veille, il eut quatre hommes égorgés, dont un officier.
J'attends tes ordres pour renvoyer les voitures d'ambulance, les chemins que je vais parcourir étant impraticables pour elles »

 


Le 27 février, la colonne Huché visite tous les villages et les hameaux de la Gaubretière, déjà mises à mal par Boucret, un mois plus tôt.
La vallée de la Crûme, petite rivière qui arrose la campagne gaubretiéroise, devint le théâtre d'un affreux massacre qui lui valut le nom de Vallée des Royards, en souvenir des hurlements de douleur des victimes. Plus loin, un autre lieu de tuerie fut appelé le Champ des Oreilles, car
les bourreaux y coupèrent les oreilles d'une cinquantaine de malheureux.
Près de l'ancien prieuré de Gros-Bois,
une vingtaine de personnes furent décapitées, tandis que plus de trois cents autres, acculées à l'étang du Drillais, furent impitoyablement exécutées dans ce qui deviendra le Champ du Massacre.

Huché écrit dans son rapport au général en chef Turreau

« Plus de cinq cents [brigands], tant hommes que femmes, ont été tués. J'ai fait fureter les genêts, les fossés, les haies et les bois, et c'est là qu'on les trouvait blottis. Tout a été passé par le fer, car j'avais défendu que, les trouvant ainsi, on consommât ses munitions. »

 

Au soir du 27 février, le bourg de La Gaubretière était réduit en cendres, comme un grand nombre de métairies. Une grande partie du bétail fut tuée sur place.
La colonne de Huché reprit sa route vers
St-Malo-du-Bois qu'elle incendia, puis vers St-Laurent-sur-Sèvre.


En février, une
trentaine de personnes sont massacrées dans le bourg du Puiset.
Alors des habitants se disent que le bois de Leppo serait un bon refuge.

Le 8 mars, du général Grignon au générai en chef, depuis Vezins

« J'ai fait ensorte d'exécuter tes ordres. Je me suis rendu à la hauteur d'un moulin que j'ai brûlé. Ayant appris qu'une

partie des brigands était à la Plaine et l'autre à Chanteloup, j'ai dirigé ma marche sur la Plaine. Ils venaient d'en partir pour rejoindre leur bande à Chanteloup. J'ai disposé ma troupe sur trois colonnes pour envelopper ce village. L'ennemi

ne nous a point attendus ; il s'est porté partie sur Vezins et partie sur Izernay. J'ai continué ma marche sur Vezins, où je

suis maintenant à bivouaquer sur les hauteurs, en attendant tes ordres. L’ennemi s'est dirigé sur Tout-le-Monde. J'attends

du pain, de l'eau-de- vie et la cavalerie que tu m'as promis. »

 

C’est pendant ces journées qu’à Yzernay une colonne a encore massacré quelques dizaines de personnes dont des enfants.

Par exemple, à Villefort, furent massacrés trois soeurs Grolleau et leurs 5 enfants

et au même endroit, de Villefort, fut massacrée une partie de la famille Robereau/Gabily 

 

Le 12 mars, les soldats républicains de la 9ème colonne de Cordellier  mettent le feu au bois de Leppo dans lequel avaient trouvé refuge les habitants.
Contraints de quitter la forêt pour échapper aux flammes, les villageois s’enfuient sur la route de Villeneuve ; 
56 habitants sont massacrés atour de la Forêt de Leppo, dont de nombreux enfants


Parfois une famille entière disparaît ; ainsi Julien Chauvire et Anne Guerin, déjà décédés, ont perdu 10 descendants le même jour.
dans la ferme de René Chauviré et Renée Ruiller,
 »Ce 12 mars 1794, à Villeneuve, sont péris de mort violente:
- Renée Ruiller, 50 ans, veuve de René Chauviré
- René Chauviré, 22 ans, (fils de Renée Ruiller)
- Renée Chauviré , femme de Michel Godefroy (fille Renée Ruiller)
- Michel Godefroy, fils de Michel Godefroy et Renée Chauviré (petit-fils de Renée Ruiller)

 

et aux Ajoux, la famille de Julien Chauvire et Louise Billoteau

- Jeanne Chauvire, femme de Jacques Godefroy (fille de Julien Chauvire et Louise Billoteau)
- Louise Chauvire, femme de Julien Poirier (fille de Julien Chauvire et Louise Billoteau)
- Julien, Jean et René Poirier, (enfants de Juliern Poirier et Louis Chauvire)
- Julien Godefroy, fils de Jacques Godefroy et Jeanne Chauviré (petit-fils de Julien Chauvire et Louise Billoteau) » leurs enfants »

 

Le 14 mars,
à Nueil et aux Aubiers dans le nord des Deux-Sèvres, la colonne de Grignon a massacré un grand nombre d'enfants dont seulement ceux-ci sont connus avec certitude :
Jean Michaud, 4 ans ; Marie-Anne Michaud, 3 ans ; Pierre Papin, 10 ans ; Perrine Turpeau, 7 ans ; Marie Turpeau, 9 ans ; Marie Bouju, 9 ans ; Pierre Lhomedé, 4 ans ; Marie Lhomedé, 2 ans ; Marie-Anne Rivière, 5 ans


Le 15 mars,

Début mars 1794, la colonne de Cordellier va massacrer de nombreuse personnes à ou autour du Puiset Doré ; ces faits sont relatés ici.

Pendant cette période Cholet s’est vidé de ses habitants qui ont trouvé refuge dans les communes de environs en espérant ne pas être découverts par les bleus.

Malheureusement, le 23 mars, Cordellier part, avec sa Colonne, du Couboureau, près Tiffauges, à destination de Vezins.


Le 24, au matin, après avoir cantonné peut-être à la Romagne, la troupe des Bleus s'avance en direction de Cholet et dans les ruines des maisons de la Séguinière, incendié par Turreau, le 6 du même mois,
sept femmes entourées d'une quinzaine d'enfants sont découvertes et massacrées, tous réfugiés Choletais.

Trois kilmomètres plus loin ils sabrent les deux soeurs Jamin, âgées de 40 ans , environ, chez elles à la Druère

Encore quelques kilomètres et se sont 8 personnes massacrées à St Melaine de Cholet.
On peut suivre la progression, à la liste des morts de ferme en ferme... La Meilleraie, le moulin Grangeard, Belébat, la Touche-Aubet, la Grange
, où sont massacrées 8 personnes, dont des enfants

Le 24 mars au soir, la colonne de Cordellier reste  à Cholet où elle se sépare en deux groupes ; le premier va  massacrer au moins 9 personnes autour de l’église St Pierre, alors que l’autre groupe va écumer le haut de la Ville, Huchepie, Devau et Pineau, faisant au moins 17 morts, dont Marie Moreau, gd-mère de Louise Barbier.  

Pour la seule journée du 24 mars 1794, on dénombre plus de 70 personnes massacrées, à Cholet ou autour, et beaucoup de morts n’ont pas été recensés.

 

le 25 mars, grâce à la trahison de l'infâme Porcher, les quartiers de Stofflet et son hôpital de campagne, dans la forêt de Vezins sont envahis par les colonnes de Crouzat et de Grignon, et plus de 1500 personnes désarmées sont massacrées,
Le 26 mars. Le lendemain, les Bleus, les mains et les habits tout imprégnés de sang, les sacs pleins de toute sorte de bijoux qu'ils ont enlevés aux victimes, vont camper au fief des Ouleries, dans la paroisse des Echaubrognes

Il y sera érigé après la tourmente « Le Cimetière des Martyrs », haut lieu de la Mémoire.(voir ici le récit de ce massacre)

 

Le 27 mars, Grignon est revenu à Cholet, et  il se signale encore par de nombreux massacres.

Il s'est installé près de l'église Saint-Pierre, dans ce qui reste de la maison La Boulaye, en partie brûlée.

C'est là qu'on lui amène de pauvres gens découverts ici et là...

En fait de jugement, il se contente de les faire passer devant lui et prononce simplement, d'un ton goguenard :

" Un billet d'hôpïtal ! "

Tout aussitôt, on entraîne le prisonnier et on le fusille, séance tenante, soit dans l'enclos du vieux cimetière (place Saint-Pierre actuelle), soit plus loin, vers les Barrières.

 

Le 28 mars, une vingtaine de personnes cachées dans un sous-terrain, datant des guerres de religion, sous la Blanchisserie du Bordage Marc, actuellement rue Porte-Baron à Cholet sont sabrées dès leur sortie de la cachette, d’après l’Abbé Boinaud, curé de St Pierre de Cholet ; elles auraient été découvertes par les aboiements d’un petit chien.

Le 28 mars, la colonne de Grignon se rend de Cholet à Mortagne, et on lui attribue les massacres perpétrés dans les prés de la Basse , la Haute et la Girardière de Cholet

Le même 28 mars , la colonne de Crouzat quitte Maulévrier pour Mortagne en passant par la Tessoualle, via le Pont Bertrandt ; on lui attribue les massacres perpertrés à la Papotière, la Charoussière, et la Tricoire

 

Début avril, l’armée de Stofflet tient si bien la région que les Bleus ne quittent plus les grands axes, et commettent leurs massacres de manières très sporadiques.

 

Le 1er avril, l’adjudant général Cortez et son bataillon de Saône et Loire est à Chantonnay.

 

Le 4 avril  Crouzat incendie Torfou.

 

Le 5 avril, depuis Montaigu, Turreau écrit au Ministre de la Guerre :

« Il n'existe maintenant dans la Vendée que deux corps de rebelles qui méritent quelque attention, celui commandé par Stofflet, et l'autre par Marigny.  Ils ont à leur poursuite deux fortes colonnes de soldats républicains, l'une commandée par l'adjudant-général Dusirat, et l'autre par le général de brigade Grignon qui a battu Stofflet trois fois de suite , et qui l'aurait battu une quatrième, si les troupes exténuées eussent voulu donner plus. »

 

Le 5 avril, Dusirat écrit au Général Turreau :

 

« Grignon campe aujourd'hui en avant de Vezins ; il m'enverra du pain au Bois-Grolleau, en avant de ChoIet où je vais prendre position, tandis que mon avant-garde surveillera la fo­rêt de Breuil-Lambert à la position de Mazières… » 

 

Du 4 au 6 avril, cette avant-garde de Dusirat, campée du côté de Mazières, visite un certain nombre de fermes : la Goubaudière, la Boume, les Loges de Toutlemonde... où eurent lieu d’autres massacres.

 

le 6 avril Grignon passe à Joué-Etiau. Le maire Proust lui communique deux listes de noms. 200 personnes sont listées comme « modérées » et 48 autres comme royalistes. Ces 48 dernières seront fusillées dans le champ des Brediennes, tout près des Rebretières. 

 

Vers le 7 avril, à Chanzeaux, 170 habitants dont 3/4 de femmes et d’enfants, sont massacrés par la colonne de Dusirat.

 

Le 9 avril, Dusirat subit une lourde défaite à Chemillé et  depuis Doué , il écrit à Turreau :

“Tu n’as pas d’idée de l’esprit règne dans nos troupes et surtout parmi les officiers. On murmure hautement contres tes dispositions.

Je ne veux pas justifier ma seconde défaite, mais je n'ai été complètement mis en déroute que parce que j'ai voulu vaincre d'une manière décisive. J'aurais pu me contenter d'une légère escarmouche, mes dispositions étaient assez sûres pour que je pusse me retirer en bon ordre et ayant l'air d'avoir battu l'ennemi ; mais j'ai été trompé et par mes troupes et par les brigands.

Mon général, la guerre de la Vendée n'est pas encore terminée.... Cependant toutes les colonnes sont rentrées à Doué. Je sens la nécessité de tenir les brigands en haleine, et je pars, la rage dans le cœur, demain avec les bataillons de la Marne, d'Orléans, de Blois, de Senlis, de Melun , les chasseurs des Ardennes et cent cinquante dragons du deuxième régiment. Le tout formera une colonne de 2 400 hommes. Je serai sous Mortagne le 12.

Comme il est impossible que je puisse agir offensivement avec si peu de monde, et surtout avec des bataillons qui n'ont jamais fait la guerre, et que j'ai beaucoup de choses à te dire, je me propose, à moins d'ordre contraire, de me rendre à Montaigu pour conférer avec toi, le 13, et je laisserai pendant ce temps mes troupes sous le commandement de Travot. »

 

le 18 avril – 13 personnes furent surprises et massacrées par des soldats républicains à La Chapelle-du-Genêt.
Parmi elles se trouvaient Jeanne Lantier, veuve Mondain, âgée de 36 ans, et quatre de ses cinq enfants. 
Le récit de cette tuerie a été collecté auprès de témoins oculaires par l’abbé Félix Deniau :

« Mme Mondain, (Françoise Lantier) qui habitait ce bourg venait de le quitter avec ses six petits enfants dont le plus grand n’avait que 9 ans ; elle s’acheminait vers le moulin du Pont, lorsque deux Bleus, détachés de leur corps, tombent sur elle, et la somment, pour conserver sa vie, de leur livrer ses bijoux ; elle s’exécute, mais les féroces soldats, non satisfaits de l’avoir dépouillée, lui disent :
« 
Maintenant que tu n’as plus rien, brigande, tu vas mourir, et aussitôt ils la frappent à coups de sabre, lancent en l’air ses plus petits enfants, les reçoivent sur la pointe de leurs baïonnettes et transpercent les plus grands. Quand ils croient que ces enfants n’ont plus de vie, ils donnent le coup de grâce à la pauvre mère que, par un raffinement de cruauté, ils font mourir la dernière. Après leur départ, les jeunes Raimbault et Poilâne, âgés de 12 ans, cachés dans les branches d’un chêne voisin et qui avaient été témoins de ce massacre, accourent près des victimes et trouvent respirant encore l’un des garçons et l’une des petites filles. Ils les transportent à la Fallette, métairie voisine, où les demoiselles Langlois leur prodiguent les soins les plus empressés. Le petit garçon qui avait la poitrine blessée de sept coups de baïonnettes guérit de ses blessures ; mais la petite fille succomba. »

 

le 24 avril - Rapport de l'adjudant-général Dusirat, au camp près de St-Florent-le-Vieil, au général en chef Turreau.
« J'ai attaqué Chaudron, conjointement avec la garnison de St-Florent ; les brigands l'ont évacué à mon approche et j'ai pris position à cinq quarts de lieue de St-Florent pour en recevoir mes vivres aujourd'hui. Quatre heures après, la troupe de Stofflet, réunie à celle qui avait évacué Chaudron , est venue attaquer ma colonne sur deux points. Ma gauche a plié et a été mise en fuite ; j'arrive de St-Florent, je la rallie, je mets à mon tour les brigands en fuite ; je les fais poursuivre par mes éclaireurs et ma cavalerie , et je prends poste à une lieue de St-Florent.
Tu vois que dans les parages que je parcours on n'est pas le maître de n'avoir pas une affaire générale j la preuve de cela, c'est que sur six affaires que j'ai eues les brigands m'ont attaqué quatre fois.
J'ai eu
trente blessés et une vingtaine de tués, les brigands n'ont pas perdu autant que moi.
On a évalué le rassemblement qui m'a attaqué hier à trois ou quatre mille hommes, ils étaient presque tous habillés de bleu. Je ne crois pas qu'une seule colonne puisse venir à bout de Stofflet. Il faut de nouvelles troupes, les nôtres sont intimidées, je ne cesserai de te le répéter. »

le 25 avril – suite de ce rapport de Dusirat, à Turreau
« Comme je te le mandais ce matin, je devais recevoir aujourd'hui mon pain de St-Florent, et je devais partir demain , après avoir reçu des cartouches de cette place.
Le pain ne m'a été fourni aujourd'hui que pour un jour, et je ne recevrai celui qui m'est nécessaire pour me mettre en route que cette nuit ou demain.
Je te l'avoue, citoyen général, ces contrariétés et ces retards rendent ma besogne bien pénible, bien dégoûtante ; mais tu peux compter toujours sur mon zèle …
Je te parle vrai, citoyen général, le cri de « Voilà les brigands !» inspire une telle terreur à nos soldats, que, même à St-Florent, derrière des retranchement, on éprouve l'effet de ces termes magiques, et je puis t'assurer que s'il est quelque lieu au monde où la terreur soit à l'ordre du jour, c'est à St-Florent et dans quelques bataillons de ma colonne.»

 

Le 4 mai Dutruy est au Perrier.

 

Le 10 mai, Dusirat incendie la forêt de Vezins et les stocks de grains et farine qu’il y trouve.

le même jour il incendie le village d’Yzernay et le rase

 

Mais les massacres, les pillages, les incendies, les viols vont durer au moins jusqu'à la mi-mai, où Turreau est suspendu, avant d'être arrêté le 29 septembre 1795, après la chute de Robespierre, puis acquitté le 19 décembre 1795 par un tribunal militaire qui juge qu'il n'a fait qu'exécuter les ordres.

 

Le 13 mai, la Convention destitue le général Turreau.

Le 3 juin, le général Cambray trouve encore des moulins à brûler et des personnes à tuer sur la route de Jallais à Montrevault, le même jour, Dutruy avoue avoir occis cent cinquante brigands à Mouilleron le Captif.

Le 6 juin, des soldats républicains massacrent 6 habitants au lieu-dit « Bois Giraud» de St Philbert en Mauges.

Le 7 juin, l’Adjudant Général Delaage rapporte :
Les brigands qui étoient avec Stofflet l’ont abandonné pour la plupart et beaucoup de laboureurs et d’ouvriers ont été tués à leurs travaux habituels - à Roussé (Roussay) et Saint Macaire 4 ordonnances ont tué 29 personnes. Ces deux jours de marche ont couté à l’ennemi au moins 300 hommes, sans compter les femmes et les enfants. » .

Le 10 juin, il poursuit :
« 50 brigands tués dans les villages voisins , 400 paquets de cartouches, trouvées par un chasseur du 3e dans l’église de Saint Crespin, 20 barriques d’eau de vie et 40 pièces de vin enfoncées, environ 80 hommes passés à la bayonnette près le village de Cugan (Cugand), 60 tués dans la fuite – 140 platines de fusils prises chez un armurier, et environ 100 femmes conduites à Montaigu – La colonne de Delaage étoit de 4 à 5 mille hommes. »


le 23 juillet 1794, alors que la Vendée est anéantie, Lazare Carnot écrit aux représentants du peuple :
”Hâtez-vous au contraire chers collègues de livrer au glaive vengeur tous les promoteurs et chefs de cette guerre cruelle et que les scélérats qui ont déchiré si longtemps les entrailles de leur patrie reçoivent enfin le prix de leurs forfaits. Les femmes, les enfants et les vieillards, les individus entraînés par la violence ne méritent pas sans doute le même sort que les monstres qui ont ourdi la révolte, qui l’ont servie de leur volonté comme de leurs bras, et l’on pourrait prendre à leur égard des mesures de sûreté moins rigoureuses, mais ce serait abandonner le pays aux horreurs d’une guerre nouvelle et la vie des patriotes à la merci des brigands que d’user envers ceux-ci d’une indulgence absurde et meurtrière.” 

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Le 24 janvier, Turreau écrit au Comité de Salut Public :

« Mes colonnes ont déjà fait des merveilles; pas un rebelle n a échappé à leurs recherches...
 Si mes intentions sont bien secondées, il n'existera plus de Vendée, sous quinze jours, ni maisons, ni armes, ni subsistances, ni habitants que ceux cachés dans le fond des forêts, car je désespère de pouvoir incendier les forêts si vous n'adoptez pas les mesures que je vous propose. Il faut que tout ce qui existe de bois de haute futaie dans la Vendée soit abattu.

Je vous invite, Citoyens Représentans, à vous occuper au plus tôt de l'arrêté à prendre à cet égard,.. des indemnités à accorder à ceux dont les habitations sont incendiées, à charge par eux d'aller habiter une autre contrée. Il faut qu'elle soit évacuée en entier par les hommes même qu'on croit révolutionnaires, et qui, peut-être, n'ont que le masque du patriotisme. »

 

Le 8 février, Turreau reçoit enfin une réponse à ses 3 demandes de confirmation de sa mission ; Lazare Carnot écrit :
« Tu te plains , citoyen général de n’avoir point reçu du Comité une approbation formelle de tes mesures. Elles lui paraissent bonnes et tes intentions pures ; mais éloigné du théâtre de tes opérations, il attend les grands résultats pour prononcer dans une matière sur laquelle on l’a déjà trompé tant de fois aussi bien que la Convention nationale. », il poursuit :
Extermine les brigands jusqu’au dernier voilà ton devoir. Nous te prescrirons surtout de ne pas laisser une seule arme à feu dans les départements qui ont participé à la révolte et qui pourraient s’en servir encore. Armes en les soldats de la liberté. Nous regarderons comme traîtres tous les généraux, tous les individus qui songeraient au repos avant que la destruction des rebelles soit entièrement consommée. » 

Hentz et Francastel, du Comité de Salut Public, écrivent dès le 21 avril 1794 :
« Vous pouvez être assurés que la Vendée est un désert et qu’elle ne contient pas 12000 personnes vivantes. »

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Les viols : Pendant toutes cette période nous relevons un nombre anormalement élevé d'enfants naturels chez les jeunes femmes célibataires ou veuves, dans la tranche d'âge - dix huit, vingt sept ans – qui ont échappé aux tueries.
Ainsi pour la ville de Beaufort-en-Vallée, on déduit que la troupe républicaine porteuse de tous les vices a dû quitter la ville  vers octobre ou novembre 1794, car à partir du premier messidor de l'an 3 (19 juin 1795) au 5ème jour complémentaire (21 septembre 1795) de la même année, nous ne rencontrons plus d'enfants naturels dans les registres de l'état civil.

Les massacres du général divisionnaire Marc-Antoine Commaire:
Aizenay : 1794. Commaire poussa si loin la barbarie contre les habitants d'Aizenay que la municipalité de ce bourg crut devoir porter plainte devant l'autorité supérieure. "
Grignon, disait-on dans ce rapport, a donné l'exemple inique du massacre des patriotes. On l'a vu par passe-temps, et pour essayer le tranchant de son sabre, couper en deux des enfants à la mamelle ; il appelle cela une distraction patriotique. Commaire a été plus loin ; il en a fait une loi. Nous le voyons, chaque jour, prendre les premiers enfants venus, fils de républicains ou de brigands, peu lui importe : il les saisit par une jambe, et les fend par moitié, comme un boucher fend un mouton. Les soldats en font autant. Si les autorités veulent réclamer, on les menace d'être fusillés."

 

De très jeune combattants royalistes

le Chanoine Louis Tricoire dans son ouvrage « Cinq Siècles de Vie Paroissiale – Saint-André-de-la-Marche. » déclare  :
...
  Il y eut aussi, parmi les partants de St-André, de très jeunes gens. Si Jacques Birot du Vivier et Pierre Blouin ont respectivement 17 et 18 ans, trois de leurs camarades ne sont pas encore dans leur seizième année : François Chalet qui, aux côtés de son père, participera aux batailles de Luçon, Saumur, Cholet et Beaupréau ; François Morinière des Quatre Etalons, qui assistera à vingt cinq batailles ; Pierre Tinguy, originaire de la Renaudière, tisserand à Saint-André, qui après le passage de la Loire se joindra à l'armée de Charette.
Deux garçons viennent tout juste d'entrer dans l'adolescence : René Leroux, un indigent de
15 ans, qui part en 1793 pour ne revenir qu'après 1815 ; René Tournery, baptisé à Bouzillé, qui prendra ses 15 ans en août 1793, alors qu'il est affecté dans l'artillerie à la conduite d'un canon dont le maniement lui est interdit. Les autres sont des enfants qui, âgés de 11 ou 12 ans en 1793, se contenteront d'abord d'accompagner l'armée avant de pouvoir se battre en 1795, 1799 et 1815. Tels : Jacques Barraud, établi vers 1824 marchand tisserand à Saint-André ; André Rullier ; Jean Barré dont le père fut tué à la déroute de Cholet ; Jean Bizon, qui a 12 ans, était à l'affaire de Jallais ; François Dabin, orphelin, qui vit les combats de Luçon, Fontenay, Saumur, Nantes, Cholet et Beaupréau (son frère fut tué dans la Virée de Galerne) ; Julien Humeau, originaire de Saint-Macaire tisserand à Saint-André en 1824 après avoir été caporal à la première compagnie de Saint André dans l'armée d'Autichamps ; René Libault, qui perdit son père à la bataille de Luçon ; René Naud, tisserand au bourg après 21 ans de campagne, de 1794 à 1815............... »

Turreau montre dans ce texte de novembre 1793  tout « l’amour » que la république peut porter à ses défenseurs…
”On se plaint, dans les rapports, de la trop grande quantité de blessés et de malades qui encombrent l’armée, et peuvent paralyser ses mouvements.. Les blessés et les malades, étant francs républicains comme nous, doivent, comme nous, se sacrifier au salut commun. En cas d’absolue nécessité, nous autorisons donc, dans l’intérêt bien entendu de la chose publique, à se défaire le plus humainement possible de tous ceux qui, par raison d’état sanitaire, apporteraient un préjudice quelconque à la marche ou au succès des troupes républicaines. Le patriotisme et la fraternité des généraux décideront des cas où le salut de la république commandera impérieusement ces sacrifices. »


Le ressenti des éxécutants
 On trouve aussi quelques extraits de lettres de subalternes acceptant difficilement le travail qu’on les force à réaliser :
- le capitaine Dupuy. du Bataillon de la Liberté, adresse ceci à sa soeur les 17 et 26 nivose (janvier 1794) :
“ Nos soldats parcourent par des chemins épouvantables les tristes déserts de la Vendée... Partout où nous passons, nous portons la flamme et la mort. L'âge, le sexe, rien n'est respecté.
Hier, un de nos détachements brûla un village, un volontaire tua de sa main trois femmes. C'est atroce, mais le salut de la République l'exige impérieusement...
Quelle guerre !... Nous n'avons pas vu un seul individu sans le fusiller. Partout la terre est jonchée de cadavres; partout les flammes ont porté leur ravage.... etc. etc.”

Pierre-Louis Cailleux, du bataillon de Senlis, le 4 septembre 1793, est passé en mars 1794, à l'armée de l'Ouest, en position à Doué la Fontaine ; il raconte sa campagne au travers des Mauges :
- Dans cette ville (Doué) nous avons commencé à concevoir ce que c'était que les horreurs de la guerre. Toutes les maisons étaient dévastées et pillées par les deux armées ; cette ville a été prise par trois fois sur les brigands...
..et le 5 avril nous nous sommes mis en marche pour aller nous battre contre l'armée royale...quelle fut ma surprise, lorsqu'en entrant dans le bourg de Vihiers, le premier objet qui frappa ma vue fut des
cadavres d'hommes, femmes et enfants, qui étaient massacrés et jonchés par les rues et dans les décombres fumants des maisons qui ont été consumées par le feu. J'avoue avec franchise que j'ai frémi et tressailli de l'horreur d'un tel spectacle...
... le 14 avril nous nous sommes battus rangés en ordre de bataille à quinze pas l'un de l'autre ; après avoir tiré chacun cinq à six coups de fusil, la victoire fut à nous. Nos ennemis ont battu en retraite, avec
une perte de 300 hommes et nous 100 hommes hors de combat. Nos blessés furent pansés et mis dans des chariots pour les transporter à Nantes ; mais comme l'escorte qu'on leur avait donnée était peu considérable, les brigands ont tombé dessus le convoi avec une telle impétuosité qu'ils ont massacré tous nos pauvres blessés ; il n'y eut que ceux qui avaient bonne jambe qui se sont sauvés et qui ont rejoint notre colonne...
...Le 21 avril 1794, nous sommes passés dans la ville de
Cholet, ville assez considérable qui a été réduite en cendres. Tous les jours dans la marche on en massacrait quelqu'un, de manière que les routes par où nous passions étaient jalonnées de corps morts...
...Nous sommes retournés ensuite à Concourson par une autre route, comme si nous étions à la chasse, tuant tout ce que l'on trouvait sur la route et dans les villages, même jusqu'aux chiens. Enfin tous les décombres qu'il y a dans toutes les villes, bourgs et villages attesteront les ravages d'une guerre terrible et cependant nécessaire.
Ces contrées qui sont des plus belles de la république sont fertiles en grains, vins, fruits ; il y a une grande quantité de bestiaux et de volailles, il se fait beaucoup d'élèves. Les femmes sont très propres pour leur ménage et entretiennent leurs meubles dans la plus grande propreté ; on se voyait dans les meubles presque aussi bien comme dans un miroir ; c'était bien dommage de brûler de si beaux meubles et de si jolis linges...


- Beaudesson, régisseur général des subsistances militaires, qui avait suivi de Doué à Cholet la Division Bonnaire, faisait quelques mois plus tard, à Saumur, les déclarations suivantes :
« La route de Vihiers à Cholet était jonchée de cadavres, les uns morts depuis trois ou quatre jours et les autres venant d'expirer. Partout, les champs voisins du grand chemin étaient couverts de victimes égorgées... Ça et là, des maisons éparses à moitié brûlées...etc. »

 Dés le 21 janvier 1794, Tureau s’est installé à Cholet protégé par 4000 à 5000 hommes de la Légion du Nord
A son arrivée  Turreau s'arroge le droit de faire fusiller lui-même les prisonniers que ramènent ses soldats, sans passer par le Comité Révolutionnaire dont s'est la tâche depuis le début du conflit :
« Encore un de pris dans nos filets !...,écrit-il, le 24, au Ministre de la Guerre, " un nommé Dutrehan, capitaine de cavalerie d'un corps de rebelles. Sera demain fusillé par mes ordres, conjointement avec M. Meleux, notaire royal et apostolique de la paroisse de Jallais, dont le fils était trésorier de l'arnnée catholique... "

De fait, tous deux sont fusillés dans l'Ouche du Moulin de la Motte.
 Du haut des murs d'enceinte du château, des soldats et des badauds, coiffés du bonnet rouge, assistent à la scène.
Est-ce de cette exécution ou d'une autre analogue que veut parler un témoin oculaire, Boutillier de Saint André qui, vers celle époque, vient de Mortagne a Cholet, pour visiter sa mère, gardée prisonnière ... :
" Vers la fin de janvier, écrit-il dans ses Mémoires, je fus à Cholet et partis avec un jeune domestique...
Il faisait grand froid ; il était tombé beaucoup de neige, et la blancheur de la terre couvrait a peine les nombreux cadavres restés après la bataille du 14 octobre...
En arrivant à Cholet, nous passâmes par le chemin bas de la rivière pour nous rendre à Saint-Pierre.
Rendus vis-à-vis le petit pré du Moulin de la Motte, un spectacle effrayant vint encore attrister nos regards.
On venait d'y fusiller un homme qui y était couché nu ; et un grand nombre de curieux réunis sur la place regardaient ce spectacle affligeant avec une avidité cruelle... "

René Chollet grenadier au 4e bataillon de la Charente-Inférieure à l'armée des Sables, écrit, le 25 pluviôse an II [13 février 1794].  une lettre à son père, chapelier à Beaufort-en- Vallée. En voici un extrait :
" ... Je vous ambrasse le plus profont de mon cœur à tous et je soite que votre santez soit égale à la mienne... Je vous apprent que la geure de Lavandée [guerre de la Vendée] est bien avancé, Nous avons tues tout homme et femme et enfant et mis le feu partout dans tous les endroits et il a boucoup de quadabre de mort dans les chemin et fossez mais nous avont peur que la peste se mette dan l'androit... "

Mémoires de Lucas de la Championnière, ancien officier du général Vendéen Charette. Il parle ici de Châtillon-sur-Sèvre (aujourd’hui Mauléon) :
 « On continua la route sans incident jusqu’à Maulévrier : nous trouvâmes à Châtillon les traces encore récentes du combat qui y avait eu lieu ; la ville était entièrement incendiée, quelques petites maisons encore debout étaient remplies de femmes ; pas un homme dans tout le pays. Outre les fosses immenses qu’on voyait à l’entour de la ville, des cadavres à demi-rongés couvraient encore le grand chemin de Bressuire ; le carnage d’après ces indices avait dû être affreux. »

Mémoires de Boutillier de Saint-André, habitant de Mortagne-sur-Sèvre, qui fuit l’horreur en direction des Herbiers.
« En arrivant aux Herbiers, nous trouvâmes tout le bourg dévoré par les flammes. Les républicains y avaient passé le jour d’avant et y avaient mis tout à feu et à sang. Les maisons brûlaient encore ; les charpentes, les couvertures s’écroulaient de toutes parts avec un fracas épouvantable. Des tourbillons d’étincelles et de fumée s’élevaient des ruines comme des trombes de poussière.
Des cadavres gisaient dans les rues. Nous ne vîmes dans ces lieux désolés que quelques chats qui n’avaient pas encore abandonné leurs demeures détruites. »

Dénonciation devant les membres du comité de surveillance de la société populaire de Fontenay-le-Peuple (redevenu aujourd’hui Fontenay-le-Comte). La femme qui se plaint ici est une républicaine, son seul défaut est d’habiter la Vendée ; nous respectons l’orthographe du temps :
 «  A comparu la citoyenne Marianne Rustand, de la commune du Petit Bourg des Herbiers, qui a déclaré que, lorsque les volontaires de la division de Grignon sont arrivés chez elle, elle fut au-devant d’eux pour leur faire voir un certificat qu’elle avoit  du général Bard, et leur offrit à se rafraîchir, mais que ceux-ci, plus furieux que des tygres, lui avoient répondu qu’ils en vouloient à sa bourse et à sa vie ; lui ôtèrent environ quarante-deux livres, seul argent qu’elle avoit. Non contens de cela, ils l’obligèrent, en la menaçant, à rentrer chez elle  pour leur montrer l’endroit où elle pourroit en avoir caché. Dès qu’elle fut entrée, quatre d’entr’eux la prirent et la tinrent, tandis qu’au moins vingt de leurs camarades assouvirent leur brutale passion pour elle, et la laissèrent presque nue. Après quoi, ils furent mettre le feu dans les granges ; ce que voyant la déclarante, elle ramassa toutes ses forces pour aller faire échapper ses bestiaux : ce que trois d’eux voyant, ils coururent après elle pour la faire brûler avec ses bœufs. Et étant enfin parvenue à s’en échapper, elle se rendit auprès de sa mère, âgée d’environ soixante-dix ans, lui trouvant un bras et la tête coupés, après lui avoir pris environ neuf cents livres, seul produit de ses gages et de leur travail ; enfin elle fut obligée de l’enterrer elle-même. Après quoi, elle se couvrit des hardes qu’on avoit laissées chez sa mère, et parvint enfin à se rendre chez le citoyen Graffard des Herbiers, où elle fut en sûreté, et a déclaré ne savoir signer.
Signé Bossin, Guilet, Belliard, Massé. »

 Registres clandestins de l’abbé Robin, prêtre caché à la Chapelle-Basse-Mer, en Loire-Atlantique.
« Là c’étaient de pauvres jeunes filles toutes nues suspendues à des branches d’arbres, les mains attachées  derrière le dos, après avoir été violées. Heureux encore quand, en l’absence des Bleus, quelques passants charitables venaient les délivrer de ce honteux supplice. Ici, par un raffinement de barbarie, peut-être sans exemple, des femmes enceintes étaient étendues et écrasées sous des pressoirs.
Une pauvre femme, qui se trouvait dans ce cas, fut ouverte vivante au Bois-Chapelet, près le Maillon. Le nommé Jean Laîné, de la Croix-de-Beauchêne,
fut brûlé vif dans son lit où il était retenu pour cause de maladie. La femme Sanson, du Pré-Bardou, eut le même sort, après avoir été à moitié massacrée. Des membres sanglants et des enfants à la mamelle étaient portés en triomphe au bout des baïonnettes.
Une jeune fille de la Chapelle fut prise par des bourreaux, qui après l’avoir violée la suspendirent à un chêne, les pieds en haut. Chaque jambe était attachée séparément à une branche de l’arbre et écartée le plus loin possible l’une de l’autre. C’est dans cette position qu’ils lui fendirent le corps avec leur sabre jusqu’à la tête et la séparèrent en deux. »

Le 17 avril 1794, Lequinio livre au Comité de Salut Public de nombreuses pièces relatant les exactions des généraux des colonnes  :
« Le général Grignon arrive aux Essarts, dit Chapelain, maire de La Flocelière; il fait
égorger, sur une liste insignifiante, 20  jeunes gens qui s'étaient conformés à la proclamation des représentants du peuple, avaient remis les armes et se comportaient bien, ils m'avaient, en qualité de commissaire du district, aidé à briser les cloches de dix églises, et a désarmer au moins deux cents Brigands.
Il fit
égorger des officiers municipaux eu écharpe, et cela par une erreur de nom qu'il ne donna pas le temps d'expliquer. Dans le reste de la paroisse il fusilla de toutes mains, sans exception ni formalité.
Par ordre de Grignon, on m'arracha mon habit pour me fusiller. Un soldat me reconnut pour avoir suivi pendant toute la
guerre les troupes de la République ; je prononçai le nom de mon ami le général Joba , avec qui j'avais plusieurs fois donné
la chasse aux Brigauds.
Je parlai avec toute l'autorité de la vérité et l'ascendaut de la vertu.
Dix hommes de ma garde nationale furent sabrés, dont deux furent mal tués et en réchappèrent.
A la Flocelière, j'offris de lui douner une liste des grands coupables. Il me dit que c'était inutile.
Il fil égorger les hommes de ma commune sans me consulter. La troupe pilla, incendia à tort et à travers.
Je ne mentionne pas les
cadavres épars faits par les soldats. On viola les femmes, on coupa un patriote et sa servante en morceaux, ainsi que deux vieilles femmes, dont l'une était en enfance, 1

 

Je lui disais un soir : « Il y a quelques métairies ici où l'on trouverait bien de l'argent »  Il crut que je voulais les faire piller, et me dit : «  Voilà où je vous reconnais Républicain. » 
Je baissai les yeux et ne répondis pas. Il disait un jour : « On est bien maladroit, on tue d'abord : il faudrait d'abord exiger le portefeuille, puis l'argent sous peine de la vie ; et quand on aurait le tout, on tuerait tout de même, «

Il voulut aller à Pouzauges; il me prit pour guide. Il y avait de jolies prisonnières au château. Après dîner, Grignon et l'état-major allèrent prendre le café de Cythère avec elles ;
elles furent après fusillées.


Le commandant de la garde nationale du Boupère et la municipalité vinrent à La Flocelière consulter Grignon ; il leur
dit qu'il irait les voir, qu'il visiterait la garde nationale.

Je l'accompagnai comme guide : 400 hommes furent sous les armes; il voulut les faire charger par son escorte ;
il hésita plusieurs fois; le nombre l'intimida; il n'avait que 25 à 30 hussards et chasseurs.
Les soldats se tenaient prêts à exécuter ce qu'ils appelaient le coup-de-temps.
J'ai entendu dire dix fois depuis à Grignon qu'il avait ouvert la bouche plusieurs fois pour donner l'ordre, et qu'il se repen-
tait de ne l'avoir pas fait. Il ordonna le désarmement, et le lendemain on lui remit deux cents fusils; ce désarmement con-
sternait ces braves gens qui avaient rendu des services essentiels.
On partit de La
Flocelière après avoir incendié le bourg.
Grignon m'ordonna de le suivre, et de ne pas m'éloigner de lui. Dans la route
on pillait, on incendiait ; depuis la première
jusqu'aux Herbiers, dans l'espace d'une lieue, on suivait la colonne autant à la trace des
cadavres qu'elle avait faits qu'à la
lueur des
feux qu'elle avait allumés.

 

Dans le procès de Carrier, le citoyen Thomas, un médecin de Nantes, couvert de vingt-deux blessures reçues dans diffé-
rents combats contre les Vendéens, fit les révélations suivantes :

« J'ai vu brûler vifs des hommes, des femmes, des vieillards. J'ai vu 150 soldats maltraiter et violer des femmes, des filles de 14 à 15 ans, les massacrer en suite, et jeter de baïonnette en baïonnette de tendres enfants restés à côté de leurs mères étendues sur le carreau ... et l’on n'osait rien dire. »

 

Les officiers municipaux d'Aizenay, de Palluau et de La Roche-sur-Yon se plaignent en ces termes :

« Après le général Grignon, nous espérions, citoyens, que nos cantons ne seraient plus couverts de sang et incendiés.
Nous avons de nos propres mains
tué tous les Brigands qui étaient dans nos parages ; mais Grignon avait donné l'incivique exemple du massacre des Patriotes ; on l'avait vu, par passetemps et pour essayer le tranchant de son sabre, couper en deux des enfants à la mamelle : il appelait cela une distraction patriotique.
 Commaire a été plus loin : il en a fait une loi. Nous le voyons chaque jour prendre les premiers enfants venus, fils de Républicain ou de Brigand, peu lui importe ;
il les saisit par une jambe, et les fend par moitié comme un boucher fend
un mouton. Ses soldats en font autant. Si les autorités veulent réclamer, on les menace d'être fusillées, et nous vous écrivons
ceci afin que tous ces malheurs finissent »

 

Le chef de bataillon David adressait alors au général Turreau une lettre où se rencontrent plusieurs des expressions dont les officiers supérieurs enrichissaient le vocabulaire de la Révolution.

• Nous faisons passer, dit-il, derrière la haie les hommes et les femmes qui nous paraissent susceptibles d'avoir brigandé ou de pouvoir brigander.
Nous
envoyons au quartier général tous ceux que nous déclarons suspects ; mais, par motif d'économie, nous ne voulons plus user notre poudre à de pareils moineaux. Nos soldats ont trouvé un moyen plus économique de tuer. Avec la crosse de leurs fusils ils cassent la tête aux ennemis du peuple; mais je ne te cacherai pas que ce moyen deviendra à la longue coûteux en diable. Déjà les crosses des fusils sont presque toutes endommagées; les batteries elles-mêmes s'en ressentent, et, comme l'ouvrage donne encore, je vais prendre sur moi de faire distribuer plus de poudre à mes hommes. »

Faire passer derrière la haie, envoyer au quartier général signifiait en langage révolutionnaire assassiner.

 

Au dire des citoyens Morel et Carpenty, commissaires municipaux à la suite des colonnes infernales, le général Turreau  avait des moyens presque aussi économiques de tuer.

«C'est avec désespoir que nous vous écrivons, disent ces commissaires à la Convention, le 4 germinal an II (24 mars 1794); mais il est urgent que tout ceci cesse. Turreau prétend avoir des ordres pour tout anéantir, Patriotes ou Brigands; il confond tout dans la même proscription. A Montournais, aux Epesses et dans plusieurs autres lieux, Amey fait allumer les fours, et, lorsqu'ils sont bien chauffés, il y jette les femmes et les enfants. Nous lui avons fait des représentations convenables ; il nous a répondu que c'était ainsi que la République voulait (aire cuire son pain.
D'abord on a condamné à ce genre de mort les femmes brigandes, et nous n'avons trop rien dit ; mais aujourd'hui les cris de ces misérables ont tant diverti les soldats et Turreau qu'ils ont voulu continuer ces plaisirs. Les femelles de Royalistes manquant, ils s'adressent aux épouses des vrais Patriotes. Déjà, à notre connaissance,
23 ont subi cet horrible supplice, et elles n'étaient, comme nous, coupables que d'adorer la nation.
La veuve Pacaud, dont le mari a été tué à Châtillon par les Brigands lors de la dernière bataille,
s'est vue, avec ses quatre petits enfants, jeter dans un four.
Nous avons voulu interposer notre autorité; les soldats nous ont menacés du même sort, »

 

Les officiers municipaux des Herbiers ont dressé un long procès-verbal où les événements sont relatés heure par heure, jour par jour ; il est signé Maruteau, maire; Jouet, secrétaire greffier.

“ Chaque jour, disent-ils, nous avons donné des renseignements au générai Amey et nous n'avons pu le décider à aller
reconnaître les Brigands, même une seule fois, soit à Bazoges, soit à Beaurepaire, soit à La Gaubretière, où ils s'étendaient de jour en jour. Il nous a fallu souffrir de la douleur de le voir occuper son armée à dépouiller les maisons mêmes des Patriotes dans les campagnes des Herbiers

A la date du 12 pluviôse (30 janvier 1794)  on trouve sur ce procès-verbal que, « dans une distance de trois lieues, rien
n'est épargné :
les hommes, les femmes, les enfants même à la mamelle, les femmes enceintes , tout périt par les mains de sa
colonne. En vain de malheureux Patriotes, leurs certificats de civisme à la main, demandent la vie à ces forcenés; ils ne sont
pas écoutés, on les égorge. Pour achever de peindre les forfaits de ce jour, il faut dire que
les foins ont été brûlés dans les
granges, les grains dans les greniers, les bestiaux dans les étables et
quand de malheureux cultivateurs connus de nous par
leur civisme ont eu le malheur d'être trouvés à délier leurs bœufs, Il n'en a pas fallu davantage pour
les fusiller ; on a même frappé à coups de sabre des bestiaux qui s'échappaient.”

 

 

 

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 Ces détails ne représentent qu’un infime partie des horreurs révolutionnaires vécues 200 ans plus tôt dans notre région…

Outre la crise démographique, véritable hémorragie, ces évènements de 1793-1794 auront des conséquences économiques (fermes et habitations brûlées par les « colonnes infernales », récoltes perdues…) et politiques aussi, car cette région garde encore « une dent » contre les républicains, et reste encore assez ancrée dans ses choix politiques et religieux vers la tradition.

Au travers des « mémoires de Mme de Sapinaud » on peut lire la vie à ou autour de St Laurent sur Sèvre, dont un très bref aperçu ici.

Thomas-Alexandre Dumas, père de l’écrivain, et général républicain déclara ceci après les combats :

« Le mal est surtout dans l’esprit d’indiscipline et de pillage qui règne à l’armée, esprit produit par l’habitude et nourri par l’impunité. Cet esprit est porté à un tel point, que j’ose vous dénoncer l’impossibilité de le réprimer, à moins d’envoyer les corps qui sont ici à d’autres armées et de les remplacer dans celle-ci par des troupes dressés à la subordination […] il vous suffira d’apprendre que des chefs ont été menacés d’être fusillés par leurs soldats pour avoir voulu, d’après sur mon ordre, empêcher le pillage […]. La Vendée a été traitée comme une ville prise d’assaut. Tout y a été saccagé, pillé, brûlé. Les soldats ne comprennent pas cette défense de continuer aujourd’hui de faire ce qu’ils faisaient hier... »

« les Vendéens n’avaient plus besoin du prétexte de la religion et de la royauté pour prendre les armes ; ils étaient forcés de défendre leurs chaumières, leurs femmes qu’on violait, les enfants qu’on passait au fil de l’épée […] Je voulus discipliner l’armée, et mettre à l’ordre du jour la justice et l’humanité. Des scélérats, dont la puissance a fini avec l’anarchie, me dénoncèrent : on calomnia le dessein que j’eus d’arrêter le sang qui coulait, on m’accusa de manquer d’énergie. »

 

Marie Joseph Lequinio, député de la Convention, déclara le 1 avril 1794

« Le pillage a été porté à son comble. Les militaires, au lieu de songer à ce qu'ils avaient à faire, n'ont pensé qu'à remplir leurs sacs et à voir se perpétuer une guerre aussi avantageuse à leur intérêt [...]. Les délits ne se sont pas bornés au pillage. Le viol et la barbarie la plus outrée se sont représentés dans tous les coins. On a vu des militaires républicains violer des femmes rebelles sur des pierres amoncelées le long des grandes routes, et les fusiller ou les poignarder en sortant de leurs bras ; on en a vu d'autres porter des enfants à la mamelle au bout de la baïonnette ou de la pique qui avait percé du même coup et la mère et l'enfant. Les rebelles n'ont pas été les seules victimes de la brutalité des soldats et des officiers. Les filles et les femmes des patriotes même ont été souvent « mises en réquisition » ; c'est le terme.

Toutes ces horreurs ont aigri les esprits et grossi le nombre des mécontents, forcés de reconnaître souvent moins de vertus à nos troupes qu'aux brigands dont plusieurs, il est vrai, ont commis des massacres, mais dont les chefs ont toujours eu la politique de prêcher les vertus, et d'affecter souvent une sorte d'indulgence et de générosité envers nos prisonniers.

On a fusillé indistinctement tout ce que l'on rencontrait ou tout ce qui se présentait. Des communes venant se livrer, leurs officiers municipaux en écharpe à leur tête, ont été reçues avec une apparence fraternelle et fusillés sur l'heure. Des cavaliers armés et équipés, venus d'eux-mêmes se rendre au milieu de nous et après avoir fait plusieurs lieues pour cela, ont été fusillés sans miséricorde [...].

Si la population qui reste n'était que de 30 000 à 40 000 âmes, le plus court sans doute serait de tout égorger, ainsi que je le croyais d'abord ; mais cette population est immense ; elle s'élève encore à 400 000 hommes, et cela dans un pays ou les ravins et les vallons, les montagnes et les bois diminuent nos moyens d'attaque, en même temps qu'ils multiplient les moyens de défense des habitants. S'il n'y avait nul espoir de succès par un autre mode, sans doute encore qu'il faudrait tout égorger, y eût-il 500 000 hommes ; mais je suis loin de le croire. Le peuple du pays est bon là comme ailleurs, et quand on prendra les mesures nécessaires on l’amènera, malgré son fanatisme actuel et malgré toutes les fautes que nous avons commises, à entendre la raison et à s'en servir. »

 

 

 

 

 

Dès le 23 janvier, le représentant Laignelot dénonce à la Convention les massacres commis dans les environs de Challans par les troupes du général Haxo, mais sa lettre ne provoque aucune réaction. Cependant la défaite des colonnes de Moulin et Caffin, le 8 février, lors de la troisième bataille de Cholet retentit jusqu'à Paris et provoque la stupeur de la Convention

A la lecture de tous ces crimes, est-il encore possible de se demnder si la Vendée a été victime d’une tentative de génicide ?

L' article L 211 -1 de notre Code Pénal stipule: « Constitue un génocide le fait en exécution d'un plan concerté tendant à la destruction partielle ou totale d'un groupe national, ethnique, racial ou religieux ( ... ), de commettre l'un des actes suivants: atteinte à l'intégrité physique ou psychique, etc... ».
Aucun doute ne subsite ; il y a donc bien eu un génocide vendéen.

 

 

Annexes :

 

Turreau de Garambouville, ancien officier des troupes royales, ayant caché sa particule et une partie de son nom à la révolution a construit l’opération et met au point l’organisation des troupes, les itinéraires, les méthodes à employer.

Le 13 mai 1794, il est destitué. La Convention qui a besoin de toutes ses troupes aux frontières, évacue la Vendée.Il poursuivra sa carrière sous le Consulat et l'Empire, et sera même nommé ambassadeur de France aux Etats-Unis. Il s'éteindra paisiblement en 1816,

François-Joseph Westermann, né à Molsheim (Alsace) le 5 septembre 1751, guillotiné à Paris le 5 avril 1794, est un général de l’armée républicaine, resté célèbre pour les atrocités qu'il commit lors des guerres de Vendée.

Jean-François Moulin, né à Caen (Calvados), le 14 mars 1752 et mort à Pierrefitte-sur-Seine (Seine-St-Denis) le 12 mars 1810,

 

Jean-Pierre Boucret : Simple soldat sous l'Ancien Régime, d'abord au régiment de Vivarais, puis au régiment d'Orléans. Il devient officier de la garde nationale pendant la Révolution française. Il est fait général de brigade le 30 octobre 1793, puis général de division le 9 avril 1794. En Vendée, il commande une des colonnes infernales. En 1795, il commande Belle-Île-en-Mer et repousse une sommation britannique lors de l'expédition de Quiberon. En 1796, il sert à l'armée du Nord. Il est réformé en 1797.

 

Jean Alexandre Caffin est gratifié pour cela du grade de général de division le 24 avril 1794.

Le 13 mai 1794, après la destitution de Turreau, il est nommé par le Comité de Salut Public Commandant de la 3e division de l'Armée de l'Ouest avec son quartier général à Doué-la-Fontaine.
Sa carrière en Vendée s’achève à la fin de l’année 1795. Mais il refuse un poste à son grade dans l’armée de Sambre-et-Meuse le 14 octobre 1796, préférant ne pas s’éloigner de sa région. Du reste, il est élu maire de Doué de 1804 à 1815. Il meurt à Montbrillais (86) le 31 août 1828.

 

Jean-Baptiste Kléber, né le 9 mars 1753 à Strasbourg, assassiné le 14 juin 1800.

Général de brigade, il est envoyé en Vendée à la tête de la provisoire armée de Mayence pour y écraser le soulèvement. Battu à la Bataille de Tiffauges, Il remporte la victoire à la Bataille de Montaigu, à la Bataille de Cholet, à la Bataille du Mans et finalement à la Bataille de Savenay3 (décembre 1793). Il clôt ainsi la « grande guerre » vendéenne.

Joseph Fayau des Brétinières, né le 25 mars 1766 à Rocheservière (Bas-Poitou) et décédé au même lieu le 8 germinal an VII (28 mars 1799)1, fils de Jean-Baptiste Fayau, sieur de Pampinière, chirurgien assassiné en l'an II par les insurgés vendéens, il devient avocat et se fait appeler « M. des Brétinières » avant la Révolution6.

Partisan des idées révolutionnaires, il devient colonel de la garde nationale de Rocheservière
En novembre 1793, Fayau propose à la Convention une solution radicale au problème royaliste: incendier la Vendée afin de la rendre inhabitable pendant un an. Il propose aussi que tous les biens des aristocrates soient redistribués aux sans-culottes.

Louis Grignon, né le 16 août 1748 à Louerre et décédé le 25 décembre 1825 est un général de la Révolution française.
En 1792, il est adjudant-général dans la garde nationale de Saumur et en tant que tel participe aux combats contre les Vendéens.
Le 28 novembre 1793, il est nommé général de brigade. Il participe aux colonnes infernales et commande la deuxième colonne. La colonne de Grignon fut l'une des plus meurtrière, tuant et massacrant tout sur son passage.

Joseph Crouzat né le 25 février 1735 à Sérignan, mort le 25 avril 1825 à Metz , jusqu'au mois de janvier 1794, aura une conduite exemplaire.
Soldat, sous-officier puis officier il gravit un à un les différents grades puis sera nommé général le 22 septembre 1793 dans l'Armée du Nord. Après cette nomination, il est envoyé en Vendée ou il prendra le commandement d'une colonne infernale sous les ordres du Général en Chef Turreau. Obéissant avec une méticulosité extrême aux ordres, il participe aux nombreuses tueries qui vont ensanglanter la Vendée. Il devient alors l'un des chefs républicains les plus détestés des populations vendéennes
.

Étienne Jean-François Cordellier-Delanoüe, né le 29 avril 1767 à Faremoutiers, mort le 10 juillet 1845 à Paris,
Arrivé à Saumur le 29 novembre puis à Angers le 1er janvier 1794, il est placé à la tête de la 5e division, qui forme la neuvième colonne incendiaire, sous le commandement de Turreau, en janvier-mars 1794. Ce dernier lui remet ses instructions le 17 janvier, et il prend le commandement de ses troupes, stationnées à Brissac, deux jours plus tard ; il ne dispose alors que de 1 870 hommes sous les armes. Sa colonne perpétra de nombreux massacres dans le bocage vendéen. Le 13 mai de la même année, il est suspendu, poursuivi et emprisonné.
Amnistié avec plusieurs de ses collègues, il est relevé de sa suspension le 19 juillet 1795, mais sans réintégration.

Marie Joseph Lequinio, né le 15 mars 1755 à Sarzeau où il est mort le 19 novembre 1814, est un bourgeois révolutionnaire français, député à la Convention et représentant en mission auprès de l'Armée de l'Ouest.
Il a été le seul à oser venir dénoncer le 1er avril 1794 devant le 
Comité de salut public les atrocités qui se perpétraient en Vendée. Son rapport a été publié pour la première fois en 2012. (voir ci-dessous Guerre de la Vendée et des Chouans de Lequinio)

Jean-Julien-Marie Savary, est considéré comme un Choletais d'adoption puisqu'il se trouvait à Cholet, en 1790. Avocat en 1780, il adopte les principes de la Révolution prenant une part très active aux guerres de Vendée. Il est président du tribunal de Cholet de 1790 à 1793.
Lorsque la guerre de Vendée éclate, Savary est capturé par les insurgés mais parvient à s'évader. Il devient ensuite commissaire civil auprès de l'état-major des généraux Canclaux et Kléber, puis adjudant-général dans l'armée de l'Ouest et participe à la bataille de Savenay. Il se montre hostile aux représailles et au plan des colonnes infernales de Turreau et à Nantes. Il tente, auprès de Carrier, de sauver les enfants vendéens faits prisonniers
Il a écrit entre autres : “Guerres_des_Vendéens_et_des_Chouans_contre_la_République_française” d’où sont extraits les rapports envoyés à Turreau pâr chaque général de colonne.

 

L'armée de Mayence de 1793 est formée de la garnison de Mayence qui fait partie de l'Armée du Rhin, faite prisonnière à la fin du siège de la ville. Libérée par l'ennemi sous le serment de ne plus le combattre contre lui, elle est donc envoyée sur le théâtre d'opérations intérieur de la guerre de Vendée, précisément dans le département de la Loire-Inférieure en soutien de l'armée des Côtes de Brest d’août à octobre 1793, puis elle est fondue dans l’armée de l’Ouest ;

Lire aussi :
Les colonnes infernales de Daniel Guillon
Les ordes de Turreau de Jean-Pierre Rambaud
Guerre des Vendéens et des Chouans contre la République...
Les Mémoires de Pierre Devaud  (1765-1826)
Guerre de la Vendée et des Chouans de Lequinio (original)
Guerre de la Vendée et des Chouans de Lequinio (texte brut)
Récit d’Elie Eyquard , sergent bleu
Récit du brigadier Graviche
Aspects de la Chouannerie dans la Manche