Deux élèves du lycée Colbert gazés à Auschwitz
Cet hiver, après des années de lutte, Gerard
Guicheteau et ses anciens camarades de classe, Marcel Chenuet, Roland Paillotet,
Joseph Chauvin, Francis Lançon, ainsi que Bertrand Bossy, professeur
d'histoire au lycée Renaudeau, ont obtenu
du Conseil Général du Maine et Loire que soit posée, au collège Colbert de Cholet, une plaque à la mémoire de Francis Picard et Pierre Baum
morts en déportation.
Pierre
Baum, 15 ans, assassiné à Auschwitz, le 11 octobre 1942.
Il était juif de nationalité allemande né le 23/11/1926 à Sultzburg
(Prusse) habitait 32 rue des Boers à Cholet. Déporté par le convoi n°8 d'Angers
à destination d'Auschwitz-Birkenau et avait été arrêté un peu moins de trois
mois plus tôt à Cholet.
Francis
Picard, ni réfugié, ni évacué. Francis Picard n'est
pas arrivé par hasard à Cholet, une région avec laquelle son père, marchand de
bestiaux à Bar-le-Duc (Meuse), entretient des relations commerciales. L'enfant
a 8 ans lorsqu'il s'installe dans un immeuble de la rue de Pineau, avec sa
grand-mère, sa tante, l'aide familiale et son père, Roger, qui y retrouve sa
soeur (sa mère est morte en couche en 1932).
Dès septembre 1940, la famille s'inscrit sur
les listes juives, comme l'impose le régime de Vichy. Au cours de cette
période, Roger continue de s'occuper de ses affaires, parvenant même à boucler
des voyages dans la Meuse. Jusqu'au 15 juillet
1942, où la famille est arrêtée, à l'exception de Francis Picard. Confié à
une famille néerlandaise, qui aussi périra de cette façon, l'enfant est
interpellé au sein du collège Colbert, en pleine classe, le 26 janvier 1944, victime de la
troisième et 'dernière rafle des Allemands ; il a 11 ans.
« Des
soldats allemands demandent à Francis Picard de les suivre. » La classe est choquée. Mais ses copains croient encore que le petit
garçon part travailler dans un camp, quelque part dans l'Est de l'Europe. En
réalité, Francis Picard rejoint un
camp de transit à Drancy, en région parisienne. Avant de monter, le 10 février
1944, dans le convoi 68, en direction d'Auschwitz.
Pour
ma part, lorsque j’étais élève de cet établissement, je n’ai jamais entendu
parler de ces deux élèves.
Aujourd’hui,
des salles d’étude de l’établissement porte leur patronyme.
Anne Loew, 5 ans, habitait Cholet dans les années 40. Elle a aussi été déportée et morte à Auschwitz.
Alfred et Ilse Loew, un couple
d'Allemands, débarquent en France en 1937, via l'Espagne. « Probablement
en tant que réfugiés politiques. » Lui est lamineur, elle historienne
d'art. En septembre 1938, Anne naît à Paris.
Comme
les Baum, la famille tente d'émigrer aux États-Unis. Elle embarque, en mai
1939, sur le Flandre, un navire de la Compagnie Générale Transatlantique, qui
appareille pour Cuba. « Ils verront les côtes de la Floride sans pouvoir y
débarquer. On peut imaginer leur désespoir après avoir touché la liberté des
yeux. » Car, au cours de leur voyage, Cuba a pris un décret interdisant
tout débarquement.
Retour
à Saint-Nazaire où, après cinq mois d'hôtels à Nantes, les Loew s'installent à
Cholet, en novembre 40. « Ils
sont en résidence surveillée, rue des Boers. » Ils seront arrêtés le 15 juillet 1942. Avec « cris
et bousculades », selon un voisin.
Recueillie
par une famille néerlandaise, Anne sera interpellée le 26 janvier 1944, lors de la même rafle que Francis Picard. « Il n'y a jamais eu de déclaration de décès,
explique M. Bossy. Parce que ses parents n'étaient plus là. Et qu'elle est
née en France. »
Andrée Chojnowski,
2 ans à l’époque, fut cachée à St André
de la Marche.
D'origine polonaise, ses parents se réfugient à Paris dans les années 20. Dans l'été 40, sur les conseils d'un ami, ils gagnent les Mauges. Le père d'Andrée sera arrêté dans la capitale en 1941. Sa mère, qui fuit vers le Massif Central, confie ses trois enfants à une famille de St André de la Marche. Andrée, qui sera baptisée en 1943, y trouvera sa marraine. Elle la perdra de vue après la guerre. Elle a renoué contact à travers les recherches de Bertrand Bossy.
C'est une page de
notre Histoire qu’il ne faut pas oublier.
Merci à
Ouest-France
Patrice Bochereau