le transport à voiles La Loire (1872-1893)

 

La dixième Loire fut un transport à voiles.

Ce bâtiment commencé à Lorient en 1827 sous le nom d'Annibal, ne fut mis à l'eau que le 2 décembre 1853, et fut armé pour la première fois le 1 novembre 1854 sous le nom de Prince Jérôme.

En 1870, il devint le Hoche, puis fut rayé de la liste de la flotte le 6 juin 1872.

Cependant sa coque étant en bon état, on décida de transformer le bâtiment en transport à voiles. La machine et les chaudières furent débarquées, l'artillerie réduite à 4 canons de 12. Et le 23 novembre 1872, il fut réarmé sous le nom de Loire. Il déplaçait alors 4 450 tonneaux pour une longueur de 62,86 m, et une largeur de 16,84 m pour un tirant d'eau de 7,82 m.

 

 

Affectée au service de la Nouvelle-Calédonie, la Loire, effectua entre 1872 et 1885, de nombreux voyages pour transporter à Nouméa des forçats, ainsi que des passagers et du matériel.

Rayée de la liste des bâtiments de mer le 13 juillet 1886, elle fut remise en état et envoyée a Saigon, en décembre de la même année, pour y servir de ponton stationnaire. Elle effectua même plusieurs visites des côtes, arborant la marque de l'amiral commandant la division navale de Cochinchtne.

En 1893. elle se trouvait dans un état de vétusté avancé, et une décision du 12 décembre 1893 prescrivit de la remettre aux Domaines.

 

Détail de ses voyages vers Nouméa

9ème convoi de déportés 

Le 5 juin 1874, sous les ordres du capitaine de frégate Lapierre, la Loire quitte Brest. Elle avait embarqué 40 arabes internés au fort de Quélern suite à la Révolte de Kabylie. Mais il n'y avait qu'un seul insurgé de la Commune.
Il s'agit de Jean Louis Nicolas Fayon, dit "de Lafayette", matricule 808, né le 21 septembre 1842 à Montigny-sur-Chiers (Moselle), célibataire, se disant ingénieur-dessinateur, mais en réalité employé au Chemin de Fer du Nord. Condamné en 1862 pour coups et blessures, il s'est engagé pour sept ans en 1865. Après la Commune, il fut condamné par contumace à la déportation dans une enceinte fortifiée. Le 21 février 1873 il fut condamné à 5 ans de prison pour vol, puis le 19 septembre 1873 à dix ans de travaux forcés pour vol avec effraction. Entre temps, arrêté, il est traduit devant le 4ème Conseil de Guerre qui le condamne, en plus des autres condamnations, à la déportation en enceinte fortifiée. Le 14 avril 1874, il réussit à s'évader du fort de Quélern mais, repris, il fut envoyé peu après en Nouvelle-Calédonie.
Sur les 40 arabes mentionnés, 39 sont destinés à la déportation simple à l'île des Pins, et un à la déportation en enceinte fortifiée.
Quittant donc Brest, la Loire se dirige vers la rade des Trousses, où elle embarque 300 forçats provenant du pénitencier de Saint-Martin-de-Ré, et destinés au bagne de l'île Nou.
Après une escale à Santa Catarina, la Loire arrive à Nouméa le 16 octobre 1876, après un voyage de 133 jours.
Pendant la traversée, cinq arabes sont décédés. Sur les 300 forçats du convoi, 250, atteints du scorbut, mourront dans les semaines suivant leur arrivée en Nouvelle-Calédonie.
Dans un précédent convoi de forçats en 1872, toujours sous les ordres du réputé très cruel commandant Lapierre, la Loire avait vu son effectif de 650 forçats embarqués amputé de 60 décès et avait compté 60 malades à son bord. De cet effectif de 650, il ne restait plus que 400 survivants à l'île Nou quelques mois plus tard.

 

16ème convoi de déportés

Le seizième convoi appareilla le 7 mars de Brest avec onze déportés à bord, provenant du dépôt spécial de Saint-Brieuc. Un des déportés, nommé Victor Alphonse Richard, est débarqué à Rochefort et admis à l'hôpital de la Marine en raison de son état de santé. Né le 7 mai 1813 à Troyes (Aube), il était marié et père d'un enfant. Séparé de sa femme, il vivait en concubinage et exerçait la profession de bonnetier. Il avait été condamné à la déportation simple.
La Loire, une fois pris en compte son chargement de forçats, appareille le 17 mars 1876 de la rade des Trousses à l'île d'Aix, pour arriver à Nouméa le 21 juin 1876, après un voyage de 96 jours. Ce voyage est le second voyage le plus court, après celui du troisième convoi, qui était de 88 jours. Il semblerait que la Loire, à la hauteur de Pernanbouc au Brésil, a viré de bord, évitant l'escale de Santa-Catarina, pour se diriger directement sur le cap de Bonne Espérance.

 

20ème convoi de déportés

Le vingtième convoi quitta Brest le 10 juillet 1878. Il avait embarqué les 4 derniers déportés, à savoir Louis Badin et Alfred Lucine Joseph Prudot dit "Voinot" pour les condamnés à la déportation en enceinte fortifiée, et André Jules Louis Meunier et Augustin Poquet, pour les condamnés à la déportation simple.
La Loire fait escale le 15 juillet à Rochefort. Elle y embarque certainement un chargement de forçats en provenance de l'île de Ré, puis appareille le 15 juillet 1878, pour arriver à Nouméa le 25 octobre 1878, après un voyage de 102 jours. C'était le dernier convoi de déportés de la Commune envoyés purger leur peine en Nouvelle-Calédonie.