Joseph Marcel Bellouin

Né le 20 février 1898 à la Tourlandry(49)

Il servira au sein du 66e, puis 252e Régiment d’Infanterie.

 

 

Il était l’avant-dernier enfant d’une fratrie de sept enfants.

Leur mère, Josephine Davy, est morte vers 1902, et c’est donc Henri, leur père, qui dut se débrouiller pour élever tous ses enfants.

Quelques uns furent placés, dans la famille, pendant quelques années. 
Joseph fut élevé par sa tante, Marie-Louise Bellouin, mariée à Pierre Grenouilleau, de la Tourlandry. 

 

Le 19 juillet 1913, la loi Barthou dite loi des trois ans, fait passer le service militaire de deux à trois années.

Joseph Bellouin, né le 20 février 1898, devra donc faire 3 ans de service, même si une période se fait en tant de guerre.

 

Le 16 avril 1917, Joseph est incorporé au 32e régiment d’infanterie, on le voit ici pendant son instruction, avant de passer au 66e régiment d’infanterie, le 25 septembre 1917.

 

le 66e Régiment d’Infanterie

 

D'octobre 1917 à janvier 1918, le 66e RI continue l'Information américaine dans les secteurs de Valhey et de Bauzemont, où une attaque à gaz par projectors cause des pertes sensibles à une de nos compagnies.

 

Le 12 septembre 1917, dans le camp de Gondrecourt, où nous instruisons une division américaine, le général Pétain nous remet officiellement la fourragère. Instant solennel où l’esprit se reporte aux camarades qui nous ont mérité ces honneurs par leur suprême sacrifice, et qui ne sont pas là.

 

Le 25 septembre 1917, Joseph Bellouin rejoint ce 66e RI.

 

« A la mi-octobre, nous occupons le secteur d’Arracourt.

Habitués aux régions où le canon a semé au loin la ruine et la désolation, nous restons étonnés devant la vie calme que mènent les paysans à quelques centaines de mètres des Boches. A Valhey, où est le colonel, des dentellières font de minutieux ouvrages ; à Athienville, PC d'un bataillon, le marchand de bière, très affairé, trône à son comptoir. Du haut des « Jumelles » d'Arracourt, on voit, de l'autre côté des tranchées ennemies, les fidèles se rendre à la messe de Juvrecourt.

Les villageois labourent leurs champs à quelques mètres de nos batteries, éternelle confiance du paysan français en la force de nos armes !

A la « Patte d'Oie », quelques marmites viennent parfois atterrir et tous les observateurs les notent avec soin, heureux d'avoir « quelque chose à signaler ».

Mais le froid commence, la neige tombe, et on voit les fumés des petits feux s'élever de la Paillotte et du bois de Bénamont.

 

Fin octobre 1917, nous avons l'honneur d'encadrer, en tranchée, les premières troupes américaines.

Sur les routes, c'est un défilé continuel de side-cars, d'estafettes en kaki, d'officiers yankees aux figures glabres de magistrats.

C'est une armée neuve qui s'étonne de cette guerre où les adversaires ne se voient pas, mais elle brûle du « feu sacré », elle ronge son frein.

Chacun se souvient de l’enthousiaste commandant Roosevelt, du 26e bataillon, des officiers voulant tous aller en patrouille, et l’on sent que ces nouveaux venus affronteront la mort avec crânerie.

Entre les lignes s'étend la vallée de la Loutre, c’est le « no man’s land », la terre à personne, où blanchissent quelques ossements et où les patrouilles rampent, la nuit, à travers les herbes et les ronces.

Après quelques jours de repos à Crévic, brûlé par le Boche en 1914, nous remontons en tranchée devant Bauzemont.

A droite, c'est le canal de la Marne au Rhin et l'étang de Parroy, à gauche c'est Bures et la Sapinière de Bon-Repos.

Secteur un peu plus agité que le précédent ; les salves d’artillerie troublent le calme des vallons.

Le 6 décembre 1917 à minuit, la ligne ennemie s’illumine et une nuée de mines à gaz s’abat sur nous.

Toute l’artillerie boche se met aussitôt de la partie et crible nos positions de gaz toxiques.

 

Les Poilus, croyant à une attaque, se précipitent aux créneaux où ils respirent les bouffées mortelles. Ils prennent leur masque, mais trop tard ; beaucoup se tordent déjà, sentant une flamme infernale dévorer leurs poumons.

Une patrouille ennemie, qui tentait de s’approcher, est néanmoins repoussée.

La 5e compagnie est particulièrement éprouvée.

Nous avons 26 morts, 64 hommes et 2 officiers sont intoxiqués, un autre officier est blessé.

Aux obsèques de ces pauvres camarades, le colonel Soule, en quelques paroles émouvantes, évoque ceux tombés aux combats précédents et dont les ombres invisibles sont rangées autour de notre drapeau pour rendre les derniers honneurs aux morts d’aujourd’hui et il cite la 5e compagnie à l’ordre du régiment.

 

Au début de janvier 1918, nous nous acheminons vers Neufchateau. Longues marches par un froid cruel. Etreval, où nous demeurons un jour, dominé par la colline de Sion, la « colline inspirée » célébrée par Barrès ; puis Harmonville, puis Coussey, près de Domrémy, cet humble hameau d’où est partie, il y a près de cinq siècles, l’étincelle qui ralluma le patriotisme de la France.

Traversant des paysages qui doivent être charmants l'été, quand on se promène pour son plaisir et que les épaules ne sont pas sciées par les courroies du sac, nous atteignons Grand.

Dans ce village des Vosges, nous passons six semaines. C'est la première fois que le régiment a un aussi long repos. Aussi, ce séjour là-bas est un de nos meilleurs souvenirs.

La vie errante a habitué le Poilu à se créer des familles artificielles. Le premier jour, c’est un être quelconque qui couche dans le fenil, puis il aide à scier le bois ou à cuire le pain, puis il mange à la table du

paysan ; bientôt c’est une sorte d’enfant adoptif, et quand il quitte le village, enflant le dos sous son barda, et marchant vers la lointaine bataille, il y a des pleurs discrets dans les yeux de ceux qui regardent la file bleue qui disparaît là-bas, suivie des étranges voitures.

Nous manoeuvrons dans les champs d’Allianville et de Bréchainville, autour de la ferme de la Graenne.

Le dimanche, on se promène dans les sapins de Midrevaux. On s’habitue déjà à la vie cancanière du village, dans laquelle les moindres faits prennent la proportion d’évènements.

Le 2 mars 1918, nous embarquons en chemin de fer et arrivons près de Gerbevillers.

Le 3 mars 1918, nous traversons les ruines de la petite cité martyre où les Boches ont commis tant de sanglants excès. Puis nous cheminons à travers les glacis herbeux où les croix grises et nombreuses tendent leurs bras le long de la route et semblent dire au soldat qui passe : « Souviens toi ! »

De dures batailles ont été livrées là, en 1914, et pour rendre hommage à ces pauvres frères d'armes, qui dorment sous ces drapeaux fanés, nous marchons au pas, l'arme sur l’épaule.

Arrivés à Saint-Clément, nous organisons la deuxième position dans la région du fort de Manonvillers.

Le printemps, créateur de toutes choses, donne le signal des luttes sanglantes.

L'ennemi prépare sa ruée suprême et sur tout le front, il faut épaissir les réseaux de barbelé et creuser des tranchées.

Mais c'est dans les plaines de la Somme qu'il porte son effort, et son flot gris, débordant les armées anglaises, se repend, dévastant villes et hameaux.

Aussitôt, nous repartons sur les grandes routes et embarquons à Nomény. »

 

Le 1er avril 1918, le Régiment est embarqué, et deux jours après, il est dans la Somme, mais ce sera sans Joseph Bellouin, car le 2 avril 1918, il passe au 252e RI.

 

le 252e Régiment d’Infanterie

 

Le 30 mars 1918, le 252e RI quitte Loivre pour les "Cavaliers de Courcy", nom donné aux remblais des deux côtés du canal de l'Aisne à la Marne.
En avril 1918, deux coups de main ennemis échouent contre nous. Par contre, trois actions sont exécutées successivement par le régiment, décidément passé maître dans l’exécution de ces sortes d’attaques.
Le 11 avril 1918, un détachement commandé par le sous-lieutenant Caillol ramène deux prisonniers et inflige des pertes à l’ennemi sans en éprouver aucune.

Le 22 avril 1918, le sous-lieutenant Tetu et ses compagnons ne ramènent personnes car le poste allemand avait été évacué avant leur arrivée,

Le 28 avril 1918, nos volontaires commandés par les sous-lieutenants Gauthier et Bouteille, et dirigés par le lieutenant Giraud, pénètrent dans la seconde ligne ennemie et ramènent cinq prisonniers et une mitrailleuse.

On n’imagine pas à quel point la guerre de 1914 fut une guerre de proximité, ainsi le 19 avril 1918, Joseph, qui est alors au secteur 179, avec la 14e compagnie, écrivait à sa famille :

« … je suis en sentinelle près du petit poste, les boches sont à 15 pas de moi… »

 

Le 17 mai 1918, le régiment subit une puissante émission de gaz par projectors ; le temps très calme et la forme en cuvette du terrain, amènent une concentration de gaz telle que les hommes étouffent sous les masques, insuffisants à les protéger ; le 4e bataillon, qui est en ligne, perd 40 morts et 64 évacués dont plusieurs gravement atteints ; il compte parmi les morts le sous-lieutenant Clevenot, l’adjudant Ryckelynck.

 

La Bataille de l’Aisne (27 mai 1918)

 

Le 20 mai 1918, le 252e est relevé ; il se rend à Dhuizel et Vauxcéré dans le but de relever quelques temps après un régiment de la division qui occupe le Chemin des Dames, secteur alors particulièrement calme.

Le 26 mai 1918, le régiment est alerté en prévision d’une attaque ennemie présumée pour le lendemain ; il reçoit l’ordre d’occuper pendant la nuit la deuxième position au sud de l’Aisne, et de s’échelonner en profondeur sur trois lignes. Le 5e bataillon (commandant Dangréau) à Villers-en-Prayères, en liaison à gauche avec un bataillon du 333e à Vieil-Arcy, à droite avec l’escadron divisionnaire vers Maizy ; le 4e bataillon (commandant Laure) à Longueval avec le poste de commandement du colonel, et le 6e bataillon (capitaine Engles) à Vauxcéré.

 

Le 27 mai 1918.

Ce mouvement est achevé au point du jour, accompagné à partir de minuit par un bombardement d’une extrême violence avec gaz lacrymogènes, ce qui confirme pleinement l’imminence d’une attaque allemande.

Le régiment, sur ces positions, constituait trois lignes successives dont aucune n’avait la densité nécessaire pour arrêter la puissante attaque qui submergea en trois heures les positions de première ligne. Néanmoins, il aurait pu tenir toute la journée et couvrir partiellement les vides qui se produisent sur ses flancs, sans des ordres contradictoires qui l’amenèrent au contact de l’ennemi au cours d’exécution de mouvements.

Vers 7h, le commandant Dangréau reçoit du général Renouard, commandant la 22e division, en première ligne, l’ordre impératif de passer l’Aisne pour venir s’établir sur les hauteurs de Pargnan ; il exécute cet ordre, mais les deux premières compagnies du bataillon, la 17e et la 18e, arrivent au P.C. de la 22e division à Œuilly, au moment où l’ennemi l’aborde en masse. Un vif combat s’engage, à la suite duquel ces deux compagnies, entourées, perdent la presque totalité de leur effectif en tués ou prisonniers ; le capitaine Ferréol est tué, le sous-lieutenant Fleury laissé pour mort. Pendant ce temps la 19e compagnie et la compagnie de mitrailleuses, avec le chef de bataillon, n’avaient pu continuer leur mouvement ; au moment où elles se disposaient à franchir le canal au sud de l’Aisne par l’unique passage existant, elles s’étaient trouvées aux prises avec l’ennemi qui avait traversé l’Aisne. Dans ces conditions elles s’installent en position pour défendre la ligne du canal qu’elles tiennent jusqu’au moment où, débordées parleur droite, elles doivent se replier par les bois de Villers-en-Prayères, après avoir éprouvé de lourdes pertes.

De son côté, le 4e bataillon reçoit à 9h l’ordre de se porter de Longueval sur Bourg-et-Comin pour constituer une tête de pont au Nord de l’Aisne avec mission de tenir coûte que coûte les passages de l’Aisne et la tête de pont. Mais, en cours d’exécution de ce mouvement il apprend que l’ennemi a franchi l’Aisne en forces ; il s’installe alors sur les pentes nord des croupes en avant de Longueval, et barre la route de Bourg-et-Comin. Sur une demande de renforts adressée par le commandant du 5e bataillon, la 15e compagnie est mise à sa disposition, mais la transmission de cet ordre ne peut avoir lieu.

Dès ce moment, la position du 5e bataillon était des plus critiques ; l’ordre qui lui fut envoyé vers 10h de contre-attaquer sur Œuilly et Villers-en-Prayères, ne pouvait en aucune façon être exécuté. Par contre, le 4e bataillon était assez solidement installé, et vers midi il pouvait croire l’ennemi fixé par ses feux. Quand au 6e bataillon, il recevait l’ordre de se porter sur Longueval pour, une fois en position, exécuter la contre-attaque impossible au 5e bataillon.

Mais entre midi et 13 heures les lignes ennemies renforcées reprennent leur mouvement en avant de façon irrésistible, s’infiltrant par les couverts nombreux. C’est à ce moment que le colonel Bruno reçoit l’ordre de ramener son P.C. en arrière à Vauxtin ; seulement cet ordre n’autorise pas le repli des troupes, qui doivent continuer à tenir coûte que coûte ; l’ordre de contre-attaque n’est pas non plus rapporté. Dans cette situation, le colonel n’hésite pas, il décide de rester au danger pour diriger sur place, jusqu’au dernier moment, l’action de son régiment.

A 13h, le 6e bataillon exécutait l’ordre de s’établir à 600 mètres en avant de Longueval sur les hauteurs permettant la défense du village ; à 14h, ce bataillon est engagé en entier, sensiblement sur la même ligne que le 4e bataillon. Il ne s’agissait plus de contre-attaquer, mais de tenir, et bien vite la position était tournée par les ailes, et au centre par la vallée ; l’ennemi pénétrait dans Longueval.

Le repli eut lieu pied à pied, mais avec les liaisons compromises par le débordement ennemi.

Les éléments de gauche du bataillon Laure, avec le commandant, se trouvant installés sur la croupe dominant Longueval au nord-ouest, ne purent se replier qu’à 16 heures, alors qu’ils étaient presque complètement encerclés. A ce moment le village était au pouvoir de l’ennemi, et le colonel s’était trouvé contraint de transporter son P.C. vers l’arrière, au croisement des routes de Longueval à Paars et de Vauxcéré à Vauxtin où il resta jusqu’à 18 heures, pendant que les fractions du régiment restées indemnes, avec les chefs de bataillon Dangréau et Laure, occupaient la croupe entre Vauxcéré et Paars.

Bientôt cependant l’encerclement ennemi recommence à se produire à la fois par l’est et l’ouest. Le colonel prescrit la retraite, en cherchant à éviter l’ennemi qui garnit la croupe de Vauxcéré ; mais dans le vallon au sud de ce village sa liaison, entourée, essuie une violente fusillade presque à bout portant : le colonel Bruno et le lieutenant Petit, entre autres, tombent mortellement atteints.

 

Parmi les autres fractions garnissant la ligne de repli, la plus grande partie parvient à descendre sur Paars et à atteindre Courcelles où se retrouvent les principaux restes des régiments d’infanterie de la division. Les débris du 252e reçoivent alors, vers 19h, la mission de protéger la retraite et garder la tête de pont jusqu’ à la nuit.

Mais celle-ci est longue à venir fin mai ; à 20h il fallut se résigner à passer la Vesle dans des conditions particulièrement difficiles, sous le feu des mitrailleuses et des canons d’accompagnement ennemis.

Désormais la ligne de défense était entièrement rompue. Du moins le 252e, s’il n’avait pu arrêter l’attaque, s’était vaillamment conduit dans cette triste journée. Nous voudrions pouvoir rappeler ici les actes de bravoure des nôtres ; ils sont trop. A côté du colonel qui trouva une mort glorieuse, nous citerons seulement le capitaine Debouillé et le lieutenant Foucherand, commandants des deux compagnies de mitrailleuses des bataillons de tête, frappés mortellement l’un et l’autre auprès de leurs pièces après une conduite héroïque. Parmi les morts de cette journée, le régiment compte six commandants de compagnie sur douze : ce sont, outre ceux déjà cités, le capitaine Servel, tué à Longueval, le lieutenant Santini, tombé dans les bois en avant du village, le lieutenant Duclos, mortellement frappé au passage de la Vesle. Douze autres officiers furent blessés, dont trois très grièvement, restés aux mains de l’ennemi. En résumé, nous pouvons dire que le 252e , le 27 mai, a donné bien plus qu’on ne pouvait attendre d’un régiment déshabitué de la guerre de mouvement, et qu’il a largement sauvé l’honneur et écrit ce jour-là une belle, bien que douloureuse, page de son histoire.

Ensuite, c’est la retraite.

Quelques heures de nuit à Mont-Notre-Dame, où nos détachements de couverture sont faits prisonniers Joseph Bellouin est porté disparu, le 27 mai 1918, à Longueval,
A l’époque de nombreux soldats disparaissaient ensevelis dans une tranchée à la suite d’un bombardement ou même atomisés par l’explosion d’un obus.

 

 

Le 28 mai 1918, le régiment atteint Fère-en-Tardenois et Rugny, puis les jours suivants Armentières, Epaux-Bézu où le régiment se reforme avec des compagnies variant de 40 à 80 hommes, et enfin Hondevilliers, d’où il fournit un bataillon de marche pour la garde des ponts sur la Marne à Charly.

Enfin, le 9 juin, le 252e régiment d’infanterie est dirigé sur Crancey, tellement amoindri qu’il est dissout ; ses éléments vont être répartis entre les trois régiments de la 22e division, encore plus éprouvés que lui. A la grand’halte vers Pont-sur-Seine, ont lieu la dernière remise de croix de guerre et les adieux au drapeau.

 

Le 5 juin 1918, Joseph Bellouin écrit à sa famille qu'il est en excellente santé mais ne sait pas encore dans quel camp il sera envoyé.

cachet Absendung P.Pr.Limburg du 10 juillet 1918, soit plus d’un mois après avoir écrit la lettre.

      

P.Pr.Limburg = PostPrufungstelle de Limburg signifie Bureau de contrôle postal.

En fait le courrier des camps passait par ce bureau de contrôle centralisé ;  c’est pourquoi il est écrit : « Ne pas répondre à Limburg, attendre des indications ultérieurs »

Cette lettre est arrivée chez lui, dans le Maine et Loire, le 4 août 1918, et ce sont les dernières nouvelles que sa famille aura pendant la guerre.

 

Le 8 juin 1918, sa petite sœur Rosalie lui écrit l’inquiétude de la famille mais cette lettre reviendra « Destinataire n’a pu être atteint » puisque Joseph est déjà dans un camp.

 

Le 27 juin 1918, Joseph envoie cette carte à un ami indiquant qu’il est « Bien portant en très bonne santé ». 

C’est une carte pré-remplie du 
Kriegsgefangenen sendung de Limburg am den Lahn = diffusion des prisonniers de guerre

PostPrufungstelle des Kriegsgefangenen-stammlagers =  Bureau de contrôle postal des camps de prisonniers de guerre

 

Le 7 juillet 1918, il envoie encore une carte du même type à son père et sa sœur, où il dit être  « Bien portant et en parfaite santé » 

 

Le 8 juillet 1918,  il envoie cette lettre à son père, où il dit être « en bonne santé » et où il annonce : « quand je serai affecté dans un camp je vous enverrai mon adresse ». Presque 2 mois après sa capture il ne sait toujours pas où il ira.

 

Le 27 juillet 1918, les « Nouvelles du Soldat » publient l’information comme quoi il est prisonnier et en bonne santé sans que l’on connaisse le camp où il est détenu.

 

Puis plus personne n’aura de ses nouvelles ; le maire de la Tourlandry(49), son village, l’a - un peu hâtivement- déclaré « mort au front » et sa famille portera son deuil.

 

Dès l’armistice du 11 novembre 1918, il décide de ne pas attendre le rapatriement des autres prisonniers et s’enfuit seul,
Il saute dans un train, puis dans un autre, et assez rapidement arrive à Joué-les-Tours. De là, il téléphone au maire de la Tourlandry, pour qu’on prévienne sa famille de son retour.  Naturellement, le maire a bien du mal à le croire et lui demande s’il ne se trompe pas de prénom, pensant qu’il s’agit d’un de ses frères partis aussi à la guerre.

Mais parmi ses frères, Eugène, gradé n’était pas au front, France, a été tué dès le début de la guerre, Henri, gravement blessé est à l’hôpital au camp de Konigsbruck et pas du tout en état de traverser la moitié de l’Europe…

Donc c’est bien Joseph, et toujours par ses propres moyens, il parcourt les 130 kms qui le séparent encore de la Tourlandry, et arrive chez lui le dimanche 24 novembre 1918 ; on imagine la joie à la ferme de la Chalouserie, pour accueillir ce « ressuscité des morts ».

 

Sur son registre matricule il est porté « Rapatrié le 7 décembre 1918 », mais ça doit être une régularisation à posteriori car il était chez lui bien avant.

 

 

Comme son temps de service n’est pas terminé, le 8 janvier 1919, il est affecté au 77e R.I., de Cholet.

Il n’est pas vraiment emballé par le fait de passer plusieurs mois en caserne à Cholet, et lorsqu’il apprend qu’on cherche des volontaires pour le Maroc, il est tout de suite partant.

Le 24 octobre 1919, le voilà rattaché au 2e Bataillon Infanterie Légère d’Afrique, et il embarque pour le Maroc.

Il sera affecté à la surveillance de détenus « militaires fortes têtes » au bagne de Dar-Bel-Hamrit, une des filiales de Biribi ; il y restera jusqu’au 4 avril 1920.

Se shootant au lait-concentré-sucré, il prit de nombreux kilos pendant son séjour au Maroc.

 

Le 3 mai 1920, après un peu plus de 3 ans d’armée, il sera renvoyé dans ses foyers, à la Tourlandry.

 

Il se mariera avec Josephine Bouchet, sœur de ma gd-mère, et aura 3 filles dont deux seront religieuses.

 

Il faut imaginer l’inquiétude du père Bellouin dont

- un fils Henri, était porté disparu, le 29 août 1914, dont il n’aura des nouvelles par la Croix Rouge que le 9 novembre 1915, et encore quelles nouvelles…

- un second François, est porté disparu, le 27 septembre 1914, et dont il saura plus tard qu’il est mort, ce jour-là.

lorsqu’on lui annonce que le plus jeune Joseph, doit partir au front, en octobre 1917, qu’il sera porté disparu le 27 mai 1918, déclaré mort par le maire de sa commune.

 

Vous trouverez aussi l’histoire militaire de ses frères sur les pages ci-dessous :

François Bellouin,

Henri Bellouin

Eugène Bellouin

 

Pour les passionnés de généalogie, vous pouvez trouver ici toute son ascendance.

 

Texte réalisé par Patrice Bochereau, son petit-neveu

  

Merci à tout ceux qui m’ont apporté leur concours

 

Lexique :
Marmite / Marmitage
Dans l’argot des combattants, désignation des projectiles allemands par les soldats français, en particulier des Minenwerfer sans doute en raison de leur forme et de leur poids.

 

Sources :

Le 66e RI                http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/06/55/53/066-ri/ri-066.pdf 

Le SIX-SIXe à la Guerre le Six-Six à la guerre

Le 252e RI http://tableaudhonneur.free.fr/252eRI.pdf