François Bellouin, dit France

Né le 15 novembre 1892 à la Tourlandry(49)

Il servira au sein du 135e Régiment d’Infanterie.

 

 

Il était le quatrième enfant d’une fratrie de sept.

Leur mère, Josephine Davy, est morte vers 1902, et c’est donc Henri, leur père, qui dut se débrouiller pour élever tous ses enfants.

Quelques uns furent placés, dans la famille, pendant quelques années. 

Sa famille vivait à la ferme de la Chalouserie de la Tourlandry,

 

Il est incorporé le 1 octobre 1913, au 135e RI.

Le 21 avril 1914, il est caporal.

 

Lors de l’agression allemande de 1914, le 135e RI, commandé par le Colonel de Bazelaire, est entièrement composé de Bretons et d’Angevins.
Dès l’ordre de mobilisation, c’est une hâte fébrile jusqu’au 5 août 1914, jour où le régiment quitte Angers, montant vers les frontières de l’Est où se concentrent nos troupes.
Il débarque en Lorraine, dans la région de Pont-St-Vincent, avec la 18e DI à laquelle il appartient. C’est alors une série de marches, de déplacements, d’organisation défensives, depuis l’arrivée au col de Millery, à 15kms de Nancy, près Nomémy, que l’armée française occupe.

 

Le 18 août 1914 le régiment quitte Millery et embarque le 19, à Nancy, pour la Belgique.

 

Dès leur départ, le 20 août 1914, le Cdt de la 8e Brigade d'Infanterie Bavaroise annonce :

Côté Nord de Nomeny, par ordre du Commandant de Division, deux compagnies reçoivent l'ordre suivant:
« Tous les habitants de Nomeny, y compris femmes et enfants, sont à chasser dans la direction de l'ennemi. Les malades non transportables sont à rassembler dans une maison convenable. Les hommes montrant la moindre résistance sont à fusiller sans forme de procès. Tachez surtout d'appréhender le maire et lui déclarer qu'à la prise de Nomeny, après son évacuation par les troupes françaises, de nombreux non combattants ont tiré sur les soldats allemands et qu'il aurait à expier, par sa mort, ce crime de la population de Nomeny. Le village est à incendier entièrement; seules les maisons portant le drapeau de la Croix-Rouge, servant réellement d'abri aux malades et blessés, sont à épargner. »

 

Ce jour, les 2e, 4e et 8e Régiments d'Infanterie Bavarois de l'armée impériale allemande bombardent, envahissent, incendient le village. Le bilan est de 55 morts, dont 7 asphyxiés dans les caves.

Le 21 août 1914, Ordre du jour du Général von Oven, gouverneur de Metz.
« 
Dans les combats d'hier autour de Nomeny, il est à regretter qu'à nouveau des civils aient tiré dans le dos de nos braves soldats du 4e Régiment bavarois. En conséquence, j'ai fait fusiller les coupables et incendier les maisons jusqu'au sol de telle manière que la localité de Nomeny est anéantie. Je porte ce fait à la connaissance de tous à toutes fins utiles. »

Pendant que Nomény est détruite, le 135e RI, parti trop tôt, cantonne sur les bords de la Semois, à Vresse, Chairiere et Six-Planes, alors que l’avant-garde tient une ligne Monceau-Baillamont.

 

Le 22 août 1914 à 14h, notre cavalerie nous informe qu’une colonne ennemie, de toutes armes, vient vers Bièvre. Aussitôt l’ordre est donné à nos compagnies de se rendre à la sortie Est de Bievre 

Et le général demande à la 60e division de réserve de nous apporter son soutien en nous envoyant, entre autres, un groupe d’artillerie qui arrive vers 16h30.

 

Le 23 août 1914, vers 9h, les Allemands ont parfaitement réglé leur tir d’artillerie et un orage de fer et de feu s’abat sur nos positions. Obus de 105mm, à balles et à explosifs couvrent alternativement toutes nos positions. Le Cdt de la Valette et le Colonel de Bazelaire sont blessés par des éclats d’obus. Nos sections de mitrailleurs causent de grosses pertes à l’ennemie mais sont obligées de se replier, vers Bellefontaine. Presque tout le village de Bièvre est incendié, à savoir 72 maisons et 17 civils furent fusillés ...

17 officiers, 1 500 hommes tués, blessés ou disparus, tel est le bilan de cette journée de bataille.

 

Les débris du 135e RI se regroupent à Petit-Fays, puis continuent le repli jusqu’à Vresse sur Semois

 

Puis le 24 août 1914, la retraite reprend par Mézières, Charleville, sous une chaleur torride, par des routes encombrées de troupes de toutes armes, qui se conforment elles aussi au grand mouvement de repli de l’armée française.

La période du 24 au 29 août 1914, correspond à la retraite générale de l'Armée Française après Charleroi.

Le 135e RI se dirige vers le Sud par marches forcées, partant par alertes tous les matins au petit jour, soumis aux dures fatigues d'une marche incessante sous une chaleur torride, mais, convaincu qu'on le mène rapidement vers une nouvelle position qui servira bientôt de base à une nouvelle attaque.

 

Le 27 août 1914, par une route encombrée de troupes, il se replie sur Thin-le-Moutier, puis va cantonner à la Fosse-à-l'Eau.

Le 29 août 1914, départ à 2h, la 18e DI se retire vers Rethel et y prend position. En route, le régiment reçoit l'ordre de soutenir la retraite de la division marocaine.

 

Il prend donc position à 8h30, sur la ligne de Puiseux, puis de Montclin où il se retranche.

A 17h, l'ordre arrive d'occuper le château de Bellevue (2e Bataillon), Auboncourt (4me Bataillon), Lucquy (3e Bataillon), Faux (1er Bataillon) et de s'y retrancher.

 

 

 

Le 135e RI établi dans la région de Faux est attaqué le 30 août 1914 à 7h. L’artillerie allemande appuie son infanterie par un feu d’une violence extrême qui nous cause de lourdes pertes.

Pressé de plus en plus par des forces supérieures, le Régiment est obligé de se retirer ; un ordre du Général de brigade survient à cet instant, ordonnant une contre-attaque, pour arrêter des éléments du 12e Corps Saxon qui menacent de nous déborder. Le Régiment décimé n’a plus que deux compagnies disponibles, la 4e DI et la CHR. Le Colonel Graux qui a remplacé le Colonel de Bazelaire, n’hésite pas un instant, donne l’ordre d’attaque et part en avant, entraînant ses deux compagnies, qui chargent héroïquement avec le drapeau. Mais la violence du feu ennemi les oblige à s’arrêter après quelques centaines de mètres, et même à se replier pour sauver le drapeau lacéré par les balles et les obus. Ce fut une des plus dures journées du Régiment ; il avait perdu 11 officiers, 1 100 hommes.

Les hommes qui restent, accablés de chaleur ou de fatigue, n’ont plus de sacs, n’ayant pu les porter plus longtemps...

Malgré tout la poussée allemande diminue d’intensité.

 

Le 31 août 1914, on établit les avant-postes sur la ligne Juniville, Agnelles, Bignicourt, à 15km au sud de Rethel.

Le 1er septembre 1914, canonnade sur les bois où stationne le régiment.

Le 3me Bataillon perd 2 officiers et 98 hommes.

A 19h45 on continue la retraite et on franchit la Suippe. On marche pendant toute la nuit pour arriver à St-Masure (2me Bataillon), Selle (4me Bataillon), Epoye (É.M., 1er et 3me Bataillons), vers 2h du matin.

Le 2 septembre 1914, par une très grosse chaleur, le 135e RI atteint Sillery.

 

Notre retraite se poursuit sans trop de difficultés, mais fatigante à cause de la chaleur toujours accablante. L’ennemi martèle continuellement nos avant-postes, mais ne prononce pas d’attaque bien sérieuse. Sur la Marne, il est nécessaire de hâter le passage ; dans la nuit du 3 au 4 septembre, après une marche forcée de plus de 5 heures, le régiment franchi la Marne à Condé-sur-Marne.

 

Le 5 septembre 1914, parvient l'ordre du jour du Maréchal Joffre, ordonnant la reprise de l'offensive.

Le 135e RI sous les armes, à 3h, occupe la formation suivante :

Le 1er Bataillon, au centre, en avant de Vert-la-Gravelle

Le 2me Bataillon tient les bois et les abords ouest de Toulon-la-Montagne,

Le 3me Bataillon est en réserve à 1 kilomètre au sud de Vert-la-Gravelle.

Le 4me Bataillon s'étend vers Morains-le-Petit.

 

Le 5 septembre 1914, à 21h, nous occupons la ligne Vert-la-Gravelle, Toulon-la-Montagne. La 12e compagnie attaque immédiatement le château de Vert, où stationne un régiment de cavalerie allemand, et tombe sur une batterie montée, au lieu et place des cavaliers ; elle attaque les servants, tue les chevaux, s’empare du château, et bientôt du village de Vert-la-Gravelle, seuls les canons ne purent être pris, les Allemands avaient eu le temps de les retirer.

Le 6 septembre 1914, au matin, le régiment est violemment attaqué par des forces supérieures soutenues par une puissante artillerie. Le 135e RI refoulé à travers les marais se reconstitue, le soir, au sud du Mont-Aout. Nos pertes sont de 12 officiers et 634 hommes.

 

Le 9 septembre 1914, au matin, violente canonnade ; le régiment est engagé cote 166 (au nord de Fère-Champenoise) et bientôt le combat devient très meurtrier. L’artillerie ennemie se démasque subitement, prenant nos mitrailleuses d’enfilade, elle les contraint à se replier malgré une héroïque résistance. Le lieutenant-colonel Graux et son adjoint le capitaine Pons sont blessés et faits prisonniers. Le colonel Graux parvint à regagner nos lignes la nuit suivante, le capitaine Pons était mort quelques heures après sa blessure. Tous les chefs de bataillon sont tués ou blessés, c’est le capitaine Sanceret qui commande le régiment. Les hommes sans ravitaillement depuis 2 jours, sans eau, sont exténués.

Les pertes sont sévères des deux côtés.

La grande avance ennemie est rompue par le sacrifice des régiments qui, comme le 135e RI restèrent sur leurs positions jusqu'à complet anéantissement.

La marche en avant va reprendre et la poursuite commencer.

Le 10 septembre 1914, la marche reprend vers Fère-Champenoise, sous le commandement du commandant Deletoile, qui rentre de convalescence. L’ennemi a laissé de nombreux cadavres sur le terrain. On retrouve les corps des commandants Noblet et Pons qui sont inhumés à FèreChampenoise. Nous retraversons la Marne à Condé-sur-Marne.

 

Le 12 septembre 1914, nous atteignons les Grandes-Loges, où les puits sont contaminés.

 

Le 13 septembre 1914, nous ramassons quelques traînards ennemis à Mourmelon-le Petit. Le quart du régiment traverse Prosnes et reprend le contact avec l’ennemi qui tient les hauteurs de Moronvilliers.

Ce même 13 septembre 1914, François Bellouin devient sergent.

A partir du 13 septembre le 135e RI avancera avec le 77e RI en avant-garde. Ce 77e RI, formé à Cholet, doit avoir en son sein de nombreux voisins des soldats du 135e RI, qui est composé lui aussi de nombreux angevins, voire Maugeois. Il devait être réconfortant de retrouver des gars de chez soi après tant de souffrances endurées.

 

Le 14 septembre 1914, au matin, le 135e RI s'élance sur Prosnes qu'il traverse, mais est arrêté, vers 6h30, en arrivant vers la voie Romaine, par un feu nourri d'artillerie et d'infanterie provenant du massif de Manonvillers.

Le 135e RI n'est soutenu ni par l'artillerie qui ne peut tirer, ni par le 77e RI, qui n'a pas encore débouché des bois. Il se replie devant Prosnes poursuivi par l'ennemi

 

Malgré de violents feux d’artillerie et de mousqueterie nous conservons le village de Prosnes. Le commandant DELETOILE est blessé, le capitaine ABBADIE prend le commandement du régiment. C’est le commencement de la période de stabilisation et de l’interminable guerre de tranchées, qui convient mal à notre caractère audacieux, mais à laquelle nous sommes obligés de nous plier, jusqu’au jour où nos moyens d’attaque deviendront supérieurs aux moyens de défense de l’ennemi.

 

Du 15 au 20 septembre 1914, des tirs, très violents par moments, opposent les deux camps.

Prosnes est systématiquement bombardé sans que, pourtant, il en résulte de graves pertes de personnel.

 

Le 26 septembre 1914, les Allemands tentent en vain de nous reprendre le village de Prosnes, quelques-uns de leurs éléments parviennent jusqu’au moulin à 200 ou 300 mètres du village; mais une résistance héroïque et plusieurs retours offensifs nous permettent de conserver entièrement nos positions.

 

Le 27 septembre 1914, l’escouade du sergent François Bellouin souhaite faire cuire des pommes de terre et envisage de faire un feu. François Bellouin s’y oppose car il craint que ce feu ne les dévoile aux yeux de l’ennemi. Finalement, il décide de monter sur un arbre pour s’assurer qu’aucun ennemi n’est trop proche de leur position.

A peine a-t-il chaussé ses jumelles qu’il est abattu par une balle allemande.

Ces informations ont été rapportées par ses camarades, alors que le registre matricule mentionne :

et que sur sa fiche de décès chez Mémoire-des-Hommes il est écrit :

 

Le 28 septembre 1914, au matin, après un violent bombardement la veille, profitant du brouillard, le régiment achève de s'emparer de la voie romaine et s'y retranche.

Les pertes du 6 au 28 septembre 1914 sont de 22 Officiers, 1.469 hommes.

 

Naturellement la mort de François Bellouin est passée inaperçue au milieu de toutes les autres car à de rares exceptions, seuls les décès des officiers sont notés dans les journaux de marche des régiments.

Ces quelques lignes permettront à sa famille et à tous les lecteurs de se remémorer son sacrifice et celui de tous ses frères d’armes.

 

Vous trouverez aussi l’histoire militaire de ses frères sur les pages ci-dessous :

Joseph Bellouin, mon gd-oncle

Eugène Bellouin

Henri Bellouin

 

Texte réalisé par Patrice Bochereau, petit-neveu de Joseph, son frère

  

Merci à tous ceux qui m’ont apporté leur concours

 

 

Liens utiles

http://www.ancestramil.fr/uploads/01_doc/terre/infanterie/1914-1918/135_ri_1914-1918.pdf

http://chtimiste.com/batailles1418/divers/historique135.htm