CONVENTION NATIONALE
du 1er août 1793
Décret relatif aux mesures à prendre
contre les rebelles de la Vendée
La Convention Nationale, après avoir entendu le rapport de son comité de salut public, décrète :
Art. 1. Le ministre de la guerre donnera sur-le-champ les ordres nécessaires pour que la garnison de Mayence soit transportée en poste dans la Vendée. Il sera mis, à cet effet, à la disposition du ministre de la guerre, trois millions pour l'exécution de cette mesure.
II. Il sera procédé à l'épurement de l'état-major & des commissaires des guerres de l'armée des côtes de la Rochelle, pour leur substituer des officiers-généraux & des commissaires d'un patriotisme prononcé.
III. Les généraux de l'armée des côtes de la Rochelle tiendront la main à l'exécution rigoureuse des lois rendues contre les déserteurs, les fuyards, les traîtres, & ceux qui jettent les armes & vendent leurs habits.
IV. L'organisation des compagnies des pionniers & des ouvriers sera accélérée; ils seront choisis dans les communes les plus patriotes.
V. Les généraux feront un choix pour former un corps de tirailleurs et de chauffeurs intrépides.
VI. Il sera envoyé par le ministre de la guerre des matières combustibles de toute espèce, pour incendier les bois, les taillis et les genêts.
VII. Les forêts seront abattues, les repaires des rebelles
seront détruits, les récoltes seront coupés par les compagnies d'ouvriers pour
être portées sur les derrières de l'armée, & les bestiaux seront saisis.
VII. Les femmes, les enfants, les vieillards seront conduits
dans l'intérieur; il sera pourvu à leur subsistance & à leur sûreté, avec
tous les égards dus à l'humanité.
IX. Il sera pris des mesures par le ministre de la guerre pour préparer tous les approvisionnements d'armes & de munitions de guerre et de bouche de l'armée, qui, à une époque prochaine, fera un mouvement général sur les rebelles.
X. Aussitôt que les approvisionnements seront faits, que l'armée sera réorganisée, & qu'elle sera prête à marcher sur la Vendée, les représentants du peuple se concerteront avec les administrations des départements circonvoisins qui se sont maintenus dans les bons principes, pour faire sonner le tocsin dans toutes les municipalités environnantes, & faire marcher sur les rebelles les citoyens depuis l'âge de seize ans jusqu'à celui de soixante.
XI. La loi qui expulse les femmes de l'armée sera rigoureusement exécutée; les généraux en demeurent responsables.
XII. Les représentants du peuple, les généraux veilleront à ce que les voitures d'équipage à la suite de l'armée soient réduites au moindre nombre possible, & ne soient employées qu'au transport des effets & des matières strictement nécessaires.
XIII. Les généraux n'emploieront désormais pour mot d'ordre que des expressions patriotiques, & que les noms des anciens républicains ou des martyrs de la liberté, & dans aucun cas le nom d'aucune personne vivante.
XIV. Les biens des rebelles de la Vendée sont déclarés appartenir à la République; il en sera distrait une portion pour indemniser les citoyens qui sont demeurés fidèles à la patrie, des pertes qu'ils auroient souffertes.
XV. Le présent décret sera envoyé sur-le-champ au conseil exécutif, au ministre de la guerre, & aux représentants du peuple près l'armée des côtes de la Rochelle.
voté sur proposition de Barrère de Vieuzac (*) après un discours immonde
L'ordre du jour du général Grignon, commandant la 2ème division est très clair
:
" Je vous donne
l'ordre de livrer aux flammes tout ce qui est susceptible d'être brûlé et de
passer au fil de l'épée tout ce que vous rencontrerez d'habitants".
Les rapports des généraux républicains commandant les Colonnes sont aussi
particulièrement explicites:
"Nous en tuons
près de 2000 par jour. […] J'ai fais tué (sic) ce matin 53 femmes, autant
d'enfants. […]
J'ai brûlé toutes les maisons et égorgé tous
les habitants que j'ai trouvés.
Je préfère égorger
pour économiser mes munitions […]".
SOLDATS DE LA LIBERTE
« Il faut que les brigands de la Vendée soient exterminés avant la fin
du mois d'octobre; le salut de la patrie l'exige, l'impatience du peuple
français le commande, son courage doit l'accomplir. »
(*)Bertrand Barère,
né le 10 septembre 1755 à Tarbes où il est mort le 13 janvier 1841, est un
homme politique et juriste français.
Avocat méridional, élu à la Constituante, puis à la Convention où il est une
des têtes politiques de la Plaine (la majorité des députés) avant de se rallier
-comme elle et jusqu’au 9 thermidor - à Robespierre, Bertrand Barère est l'un des orateurs les plus importants de la
Révolution : l’énoncé de ses motions et de ses rapports occupe plus de douze
colonnes du Moniteur, contre huit pour Robespierre et deux pour Danton.
Rapporteur attitré du Comité de Salut public (où il détient le record de
longévité : dix-sept mois), ses discours lui valent un succès prodigieux à la
Convention : il est l’aède des soldats de l’an II avec ses carmagnoles et donne
un visage avenant, par sa verve, aux mesures terroristes du gouvernement révolutionnaire,
de là son surnom d’Anacréon de la guillotine que lui donna son collègue à la
Convention Charles-Jean-Marie Alquier